Vidéo Comment les téléphones NEO, présentés comme une petite révolution à leur lancement, faciliteraient la corruption des policiers

Publié
Temps de lecture : 2min - vidéo : 5min
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Dans "Complément d'enquête", un policier reconnaît accepter de l'argent des narcotrafiquants en échange d'informations confidentielles (par exemple la date d'une perquisition à venir). Comment se procure-t-il ces renseignements ? En interrogeant discrètement ses collègues, mais aussi au moyen d'un dispositif développé spécialement pour la police. Son nom : NEO.

C’est un système qui équipe depuis 2016 la plupart des policiers et gendarmes : NEO. Ces smartphones et tablettes leur permettent d'accéder en temps réel et 24 heures sur 24 à de nombreux fichiers informatisés, comme celui des personnes recherchées (FPR) ou des antécédents judiciaires (TAJ). Lancé en 2022, NEO 2 est censé "protéger l’ensemble des systèmes d’information du ministère de l'Intérieur" et garantir la traçabilité des demandes d'information. 

Des failles dans le dispositif NEO

Pourtant, il a été très facile à un policier corrompu qui témoigne dans "Complément d'enquête" de contourner le système pour ne pas être identifié. Ce fonctionnaire dit revendre, depuis des années, des renseignements confidentiels à des réseaux criminels – date d'une perquisition ou mise sur écoute, par exemple. Pour obtenir ces informations sans être lui-même identifié, il lui suffit de les rechercher à partir des téléphones de ses collègues, qui ignorent bien sûr à quoi elles vont servir.

"Moi, mon NEO, je ne le prends jamais, tout simplement. Je peux dire qu’il est déchargé, donc mon collègue va me donner son NEO. Je fais une capture d’écran et j’envoie à la personne ce qu’elle m’a demandé."

Un policier corrompu

qui témoigne dans "Complément d'enquête"

Il y aurait donc certaines failles dans ce dispositif NEO… et un décalage entre le discours officiel et la réalité du terrain.

C'est ce que reconnaît un rapport interne que "Complément d'enquête" s'est procuré. Transmis place Beauvau en 2024, il dresse un "Etat des lieux de la corruption en France".

"Le phénomène de la corruption en ligne a été facilité par la dotation progressive des effectifs de police d’outils de travail en mobilité, avec le programme d’équipement individuel des agents en terminaux NEO pour permettre la consultation des fichiers sur le terrain." 

Extrait de "Etat des lieux de la corruption en France",

un rapport rédigé par l'OCLCIFF (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales)

Qu'en est-il des contrôles ? Notre témoin affirme qu'il n'en a jamais subi.  L’IGPN, Inspection générale de la police nationale, a-t-elle pris des mesures pour les renforcer ? Son nouveau directeur, Stéphane Hardouin, a accepté de répondre aux questions de "Complément d'enquête". Après avoir visionné le témoignage du policier en question, il finit par admettre la possibilité qu'il existe "des zones où il n'y a pas de contrôles" (laissés à la discrétion du chef de service) et la nécessité d'"organiser un contrôle des contrôles". 

Extrait de "Police, justice : où sont les nouveaux ripoux ?", à voir dans "Complément d'enquête" le 25 septembre 2025.

> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de franceinfo, rubrique "Les émissions".

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.