: Vidéo Chaque année, le Comité contre l'esclavage moderne traite entre 350 et 400 signalements, un chiffre qui ne cesse d'augmenter depuis trente ans
Journées de travail de douze heures ou plus, salaire de misère, mauvais traitements... L'esclavage, en particulier domestique, n'a pas disparu en France, et il se cache parfois au coin de votre rue. Pour accompagner les victimes dans leur réinsertion et leur quête de justice, le Comité contre l'esclavage moderne a fort à faire… Extrait de "Complément d'enquête" du 26 septembre 2024.
Joy est philippine. Elle a été retrouvée au commissariat en pyjama, car ses employeurs, une famille de diplomates, ne l'ont pas laissée récupérer ses affaires quand elle les a quittés. Safia a été obligée de travailler même malade, sans pouvoir consulter un médecin. Michela, venue d’Amérique latine, enchaîne des journées de 16 à 17 heures… Ces situations ont été signalées à une association fondée en 1994 pour venir en aide aux victimes de ces nouvelles formes d'esclavage.
Le Comité contre l'esclavage moderne (CCEM) instruit chaque année entre 350 et 400 signalements de situations d'esclavage domestique et, plus généralement, de traite d'êtres humains à des fins d’exploitation par le travail. Un nombre en hausse chaque année, qui le contraint à un tri drastique. Seulement 15% de ces personnes, choisies en fonction de la gravité de leur cas, seront accompagnées. En avril 2024, une trentaine de nouveaux accompagnements avaient déjà été mis en place en quatre mois, autant que pour toute l'année 2017.
Mise à l'abri dans un logement d'urgence
Comme il n'est pas rare que les exploiteurs se lancent à la poursuite de leurs anciens esclaves pour les forcer à reprendre leur travail, le CCEM commence par les mettre à l'abri dans un appartement d'urgence, situé dans un lieu discret et sûr. Trois chambres de deux lits sont réservées aux femmes, souvent d'anciennes employées de maison sans papiers. En moyenne, elles se réfugient ici entre six et huit mois, le temps de retrouver un emploi et un logement, de suivre des cours de français... L’association espère ouvrir bientôt un second appartement d’urgence, réservé aux hommes, celui-là.
Le CCEM propose également aux victimes de les assister dans leurs démarches juridiques. Malheureusement, soit en raison de la difficulté d'enquêter sur des faits qui ont souvent lieu à huis clos, soit parce que ces dossiers ne sont pas considérés comme prioritaires, les procédures peuvent s'avérer d'une lenteur désespérante.
Des procédures judiciaires extrêmement longues
Lina a par exemple travaillé pendant cinq ans et demi comme femme de ménage, à raison de 15 heures par jour, pour moins de 300 euros par mois. Elle a décidé d'attaquer ses anciens employeurs en justice, mais sept ans après sa première plainte, elle ne sait toujours pas si ses anciens patrons seront jugés un jour pour traite d’être humain…
Lina est loin d'être la seule dans ce cas. La majorité des personnes suivies par le CCEM en sont à dix ou quinze ans d'accompagnement juridique, déplore une juriste de l'association : "Souvent, elles nous disent que ce qu’elles veulent, c’est oublier, c’est vite passer à autre chose, et que c’est pour ça qu’elles déposent plainte. Et là, il y a beaucoup de pédagogie à faire pour leur dire que ce n’est pas nécessairement ça qui permettra de passer à autre chose."
Extrait de "Exploités et maltraités : qui sont les nouveaux esclaves ?", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 26 septembre 2024.
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