Vidéo "Il s'y passe des tortures extrêmes" : pendant plusieurs mois, Sarah a été séquestrée dans un camp d'Asie du Sud-Est, battue et forcée à commettre des arnaques

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Article rédigé par France 2
France Télévisions

Attirée par une offre d'emploi alléchante à Bangkok, Sarah s'est retrouvée prise au piège de l'un de ces réseaux mafieux qui, en Asie du Sud-Est, se sont spécialisés dans l'escroquerie en ligne. Dans cet extrait de "Complément d'enquête", elle raconte un camp au fonctionnement quasi carcéral et décrit le "travail" dont elle était chargée. "Arnaques à la chaîne : les esclaves du clic" a remporté la mention spéciale du Prix Europa de l'investigation.

Sarah revient de l'enfer. Originaire d'un pays d'Afrique (pour sa sécurité, elle n'en dira pas plus), elle raconte dans "Complément d'enquête" comment elle s'est retrouvée séquestrée dans un complexe en Asie du Sud-Est, forcée à participer des arnaques, battue et torturée.

"Complément d'enquête" s'est procuré des vidéos du camp où Sarah était prisonnière. Il ressemble à tous les autres centres spécialisés dans les cyber-escroqueries, mais celui-ci soumet les travailleurs à un régime quasi carcéral. "C'est comme une prison. C'est littéralement une prison", où des hommes en armes pénètrent de nuit dans les chambres pour des fouilles de routine, raconte-t-elle. Des "tortures extrêmes" étaient pratiquées dans une pièce appelée "chambre noire".

"Des gens du Sri Lanka, des filles de Russie, des Marocains…" enrôlés de force par milliers

Sarah est tombée dans un piège alors qu'elle était étudiante en master. Un voisin lui fait part d'une offre d'emploi alléchante en Thaïlande. La jeune femme passe un entretien d'embauche, puis part avec lui pour Bangkok. Mais il est de mèche avec les criminels… Après une longue route et une traversée en bateau, elle est conduite en voiture jusqu'au complexe.

Sur place se trouvent des milliers de personnes, selon Sarah, dont beaucoup ont été trompées comme elle. "Des gens du Sri Lanka, du Ghana, de l'Ethiopie, des filles de Russie, d'Ukraine, des Marocains." Sans le savoir, ils rejoignent des entreprises criminelles pour arnaquer le monde entier.

"Convaincre la victime de l'arnaque qu'elle parle à une vraie personne derrière le clavier"

Certains, comme Sarah, seront chargés des conversations téléphoniques anodines destinées à "convaincre la victime qu'elle parle à une vraie personne derrière le clavier". Les messages écrits ayant pour but de persuader les cibles d'investir de l'argent sont tapés par d'autres "petites mains" employées dans le même complexe.

Parlant plusieurs langues, Sarah correspondait parfaitement à ce que recherchaient ses employeurs pour incarner un faux profil, un emploi de "modèle" dans leur jargon. Au téléphone ou en vidéo (son visage étant remplacé par celui de son faux profil grâce à l'intelligence artificielle), elle racontait des journées totalement inventées. Sarah assure avoir débité "des mensonges, sans arrêt des mensonges" à des centaines de victimes.

Extrait de "Arnaques à la chaîne : les esclaves du clic", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 27 février 2025.

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