Vidéo "Je ne savais pas que l’ordre était signé de sa main…" : quand Robert Badinter a découvert que Klaus Barbie avait été le bourreau de son père

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Article rédigé par France 2
France Télévisions

Le 4 juillet 1987, Klaus Barbie, l'ancien chef de la Gestapo de Lyon, est condamné à perpétuité pour crimes contre l'humanité. Dans un document inédit, Robert Badinter se souvient de la position singulière dans laquelle il s'est trouvé, lui fils de déporté et ex-garde des Sceaux à l'origine de la loi d'abolition de la peine de mort.

À l’occasion de sa panthéonisation le 9 octobre 2025, le magazine "13h15 le dimanche" (X(Nouvelle fenêtre), #(Nouvelle fenêtre)13h15(Nouvelle fenêtre)), en coproduction avec l’INA, diffuse des extraits d’un entretien inédit avec Robert Badinter. L’avocat et homme d’État, père de l’abolition de la peine capitale, a confié ses impressions lors du procès de l’officier nazi Klaus Barbie, premier accusé en France pour crimes contre l'humanité.

En 1983, alors qu’il a été nommé ministre de la Justice deux ans auparavant, Robert Badinter est rattrapé par son passé douloureux quand Klaus Barbie est arrêté en Bolivie et extradé vers la France. Cet ancien chef de la Gestapo de Lyon est responsable de la torture et de la mort de milliers de juifs et de résistants.

"Vous veillerez à ce que Barbie aille au fort Montluc qui est le lieu de ses crimes"

"Je savais qu’il arriverait à Lyon et j’ai dit au directeur de l’administration pénitentiaire ‘Vous veillerez à ce que Barbie aille au fort Montluc qui est le lieu de ses crimes'...", raconte l’ancien garde des Sceaux. C'est là que furent détenues, et souvent torturées, près de 9 000 personnes entre février 1943 et août 1944. Parmi elles, des résistants dont le plus célèbre est Jean Moulin, mais aussi 44 enfants juifs raflés à Izieu.

Au cours de l’instruction, Robert Badinter apprend que le "boucher de Lyon" est aussi responsable de la déportation de son père Simon, mort en 1943 dans le centre d’extermination de Sobibór. "Je ne savais pas que l’ordre était signé de sa main… J’ai trouvé étonnant d'avoir Barbie sous la main de la justice française à Montluc, et que ce soit moi qui, ainsi, veille à ce qu’il soit jugé", déclare-t-il.

Le 4 juillet 1987, après délibération des juges et jurés, Klaus Barbie est condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir commis 17 crimes contre l'humanité. Un verdict synonyme d’une justice morale pour celui qui a porté la loi contre la peine de mort, votée le 9 octobre 1981 : "J’ai trouvé ça bien. Je me disais, voilà, il n’y a plus de peine de mort, c’est la vraie victoire de la civilisation. Et ça me faisait plaisir en hommage à mon père, je me disais voilà ça, c’est bien", dit-il avec émotion.

Extrait de "Robert Badinter, une conscience française", diffusée dans "13h15 le dimanche(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)" le 5 octobre 2025.

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