: Vidéo Des chênes centenaires volés dans une forêt des Yvelines retrouvés en Chine par des militants environnementaux

En France, certaines forêts font régulièrement l’objet d’abattage sauvage d’arbres sains et parfois centenaires. Du bois volé destiné à un trafic contre lequel les propriétaires victimes se sentent souvent impuissants.

A Septeuil, dans les Yvelines, ce sont presque 400 chênes à terre, les plus beaux spécimens tronçonnés illégalement, que des promeneurs ont découverts en 2022. Lorsque Virginie Meurisse, présidente de l’association de défense de l’environnement Sauvons la Tournelle, s’est rendue sur le terrain, elle y a vu un massacre : "Ce n’est pas une, deux, trois parcelles, c’est 35 parcelles, c’était un carnage ! Pour moi, c’était aussi choquant qu’une scène de guerre. Ce qui m’est venu à l’esprit, c’était 'Oh, c’est Verdun' !"

Un contrôle des abattages difficile pour les mairies

Avec plusieurs militants de la cause environnementale, ils s’interrogent sur l’entreprise chargée de l’abattage et se rapprochent de la mairie pour consulter les documents officiels. Selon Philippe Heurtevent, président de Sauvons les Yvelines et ancien maire d’Auteuil-le-Roi, certaines municipalités n’auraient ni les moyens ni les aptitudes pour contrôler les demandes de prélèvements d’arbres : "L’Etat, en 2021, a transféré la compétence de gérer les demandes de coupes de bois aux mairies. Mais en tant que maire, moi, je sais bien que dans mon village, personne n’a cette compétence, que ce soit la secrétaire de mairie, que ce soit l’adjoint à l’urbanisme, ni même le maire ! Il faut vérifier les essences, il faut vérifier le nombre d’arbres, la densité de la coupe, la nature de la coupe, il faut vérifier les parcelles."

Devant l’immobilisme des services de l’Etat et des élus, des membres de plusieurs associations environnementales décident d’enquêter et organisent une surveillance accrue de toutes les parcelles boisées. Discrètement, lors de "leurs rondes de citoyens", ils rassemblent des preuves des terrains saccagés, des vidéos d’abattage, des photos de plaques d’immatriculation jusqu’à ce que les arbres soient embarqués.

Une catastrophe environnementale

Un moment de grand désespoir pour Virginie Meurisse, qui espérait qu’une véritable enquête soit menée avant le départ des troncs : "On perdait le butin, les preuves du massacre", explique-t-elle. Pourtant, en examinant les clichés du départ des camions, la militante remarque que les arbres sont chargés dans des conteneurs et relève le nom de la compagnie maritime. Une information décisive qui va lui révéler le pays destinataire des chênes volés : "On découvre qu’en fait, on a moyen de tracer ce conteneur qui venait d’embarquer les arbres le même jour. On voit d’où il vient et où est sa destination, qui est un port chinois. Et c’était complètement fou parce qu’on suivait en temps réel chaque jour les arbres de Septeuil jusqu’en Chine."

En plus d’être un préjudice moral et financier, le pillage des forêts françaises est une atteinte à l’environnement. A la catastrophe pour la faune et la flore locale, Philippe Heurtevent ajoute le lourd bilan carbone : "Vous vous rendez compte, on coupe les arbres en France, à Septeuil, on les transporte à Anvers, on les emmène en bateau en Chine, ils sont transformés en Chine pour faire des meubles, ou du parquet en chêne, qui sont des parquets très réputés et très coûteux, donc le bilan carbone est catastrophique !"

Extrait de "Pillage dans les bois", diffusé dans ""13h15 le samedi(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)" le 5 avril 2025.

> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo, rubrique "Magazines(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)".