Vote de confiance : "Le pays est ingouvernable d’ici à 2027" pour Jacques Attali écrivain et ancien haut fonctionnaire

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Article rédigé par franceinfo - Édité par l'agence 6Medias
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Mardi 3 septembre, Jacques Attali, écrivain et ancien haut fonctionnaire, était l’invité de Sonia Chironi et Nathalie Saint-Cricq dans « Tout est politique » sur Franceinfo. Il est revenu sur la crise politique actuelle, la décision controversée de François Bayrou de demander un vote de confiance, ses divergences avec Emmanuel Macron sur la politique intérieure et l’avenir ingouvernable de la France jusqu’à la présidentielle de 2027.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Sonia Chironi : Vous avez été pendant de longues années le conseiller spécial de François Mitterrand. Comment analysez-vous la décision de François Bayrou, qui a annoncé vouloir solliciter un vote de confiance des députés, alors qu’il ne dispose pas de majorité ? Est-ce une erreur, voire un suicide politique comme l’ont dit Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen ?

Jacques Attali : C’est une décision aussi incompréhensible que la dissolution de l’Assemblée. Deux choix difficiles à justifier. La première est irréversible, la seconde ne l’est pas totalement. Après tout, pourquoi poser une question dont on connaît déjà la réponse ? Juridiquement, il peut encore renoncer. Ce serait plus raisonnable.

Attali et Macron : un dialogue constant mais des désaccords profonds

Nathalie Saint-Cricq : On a beaucoup insisté sur le rôle de « pygmalion » que vous avez joué auprès d’Emmanuel Macron. Êtes-vous encore en contact avec lui ?

Jacques Attali : Oui, nous échangeons régulièrement. Je partage son approche en matière de politique étrangère, mais je suis en profond désaccord avec sa politique intérieure. Je reste un homme de gauche et je ne me reconnais pas dans ce qui est conduit aujourd’hui. Selon moi, il ne se passera rien de réellement positif avant l’élection présidentielle de 2027.

Nathalie Saint-Cricq : Pourtant, vos rapports, les « rapports Attali », sont souvent présentés comme une base libérale...

Jacques Attali : C’est un contresens. La commission Attali n’était pas une commission de libéralisme, mais de libération de la croissance. Nous avions proposé plus de 300 mesures, dont le maintien de l’ISF et des économies ciblées. Mais rien n’a été appliqué, ni par Nicolas Sarkozy ni par ses successeurs.

Un pays suspendu à la présidentielle de 2027

Sonia Chironi : Si, comme vous le dites, rien n’est possible avant 2027, que devrait faire Emmanuel Macron ? Faut-il nommer un Premier ministre de gauche ?

Jacques Attali : Non, ce serait arithmétiquement intenable : il perdrait aussitôt sa majorité de droite. La France a certes besoin d’un Premier ministre, mais cela ne changera pas la donne. La seule élection déterminante reste la présidentielle.

« Le président reste le pivot de la République »

Nathalie Saint-Cricq : Certains, même en dehors des extrêmes, évoquent un départ d’Emmanuel Macron. Valérie Pécresse l’a elle-même suggéré.

Jacques Attali : Ce serait une très mauvaise décision. Si un président démissionnait, son successeur serait fragilisé dès la première crise. Le président est le pivot de nos institutions. À ce titre, je considère que la réduction du mandat présidentiel à cinq ans fut une erreur monumentale, commise par Lionel Jospin et Jacques Chirac.


Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

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