Israël : ils reviennent de la guerre à Gaza traumatisés

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Article rédigé par franceinfo - B. Mousset, J. Raynal - Édité par l'agence 6Medias
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De retour du front, beaucoup souffrent du trouble de stress post-traumatique, une soixantaine de soldats auraient mis fin à leurs jours après avoir combattu à Gaza

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Parler, évoquer les souvenirs pour faire son deuil. Tom avait un jeune frère, il s'appelait Roy et avait 24 ans. Il s'est suicidé en juillet dernier, après avoir accompli plus de 300 jours de service militaire dans la bande de Gaza. Roy était infirmier.

"Il était sans arrêt exposé aux scènes les plus dures. Car vous devez sauver des soldats blessés qui vous voient comme le dernier espoir. Parfois, vous y parvenez. Sinon, c'est un échec", a raconté son frère aîné.

Quand il était en permission, Roy ne parlait jamais de la guerre à sa famille. Ses proches ignoraient sa détresse.

"Comment reconnaître certains signes pour déterminer si un soldat a besoin d'aide ? Les familles ne sont pas préparées à ça. Sinon, on l'aurait soutenu différemment, afin qu'il accepte mieux ce qu'il a vécu là-bas", a-t-il ajouté.

Une soixantaine de soldats auraient mis fin à leurs jours

L'armée israélienne n'a donné aucun chiffre, mais une soixantaine de soldats auraient mis fin à leurs jours après avoir combattu à Gaza. De retour du front, beaucoup souffrent du trouble de stress post-traumatique.

"On parle du taux de suicide, mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. On a des violences conjugales. On voit des personnes se séparer, des couples se briser. On observe un grand nombre de maladies somatiques", a expliqué un psychologue.

C'était avant le cessez-le-feu et la libération des otages. Le 15 septembre dernier, devant les membres d'une commission parlementaire, des soldats témoignent de leurs difficultés à se réinsérer après la guerre. Parmi eux, le capitaine Ben Shitrit, il a frôlé la mort.

"Quand j'entends le bruit d'un hélicoptère, ça me ramène à Ragnounès. J'ai beaucoup de flashbacks, surtout les cris d'un de mes soldats morts au cours d'une opération spéciale. Ses appels à l'aide me hantent. Ma vie va se poursuivre, mais je me souviendrai toujours de lui et de ses cris", s'est-il désolé.

Devant le Parlement, des vétérans ont installé un campement. On distingue les drapeaux des précédentes campagnes militaires de l'armée israélienne.

Les anciens soldats interpellent aujourd'hui les autorités sur le manque de reconnaissance de leur traumatisme dans la société. Ils demandent un meilleur accès aux soins.

"Les personnes gravement traumatisées par la guerre ne devraient pas avoir à faire face à la bureaucratie. On a été broyés, on est des milliers et on ne veut pas attendre avant d'être soignés", a détaillé un militant.

L'attaque par le Hamas le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre dans la bande de Gaza. Depuis la création de l'État d'Israël en 1948, aucun conflit n'avait duré aussi longtemps et mobilisé autant de soldats.

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