Isère : un an après la catastrophe, La Bérarde est toujours un village fantôme

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Article rédigé par franceinfo - O. Martin, B. Parayre - Édité par l’agence 6médias
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Le mois de juillet marque le début de la très haute saison touristique, mais à La Bérarde, les pluies torentielles il y a un an ont rendu le village désert.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Cernée par d'immenses amas de rochers, La Bérarde offre aujourd'hui encore le visage d'un hameau profondément marqué, un peu plus d'un an après la catastrophe. "Ici, c'était véritablement le cœur du village. La chapelle était ici, l'épicerie emblématique là où nous sommes, tout le long des chalets, des maisons, des habitations. Tout a été emporté, ravagé", décrit Laurent Soullier, un habitant. Dans la nuit du 21 juin 2024, une crue torrentielle emporte tout sur son passage, charriant des centaines de milliers de mètres cubes d'eau et de pierres. 114 personnes ont été évacuées, notamment par hélicoptère, dont un couple sauvé in extremis.

Sur 54 maisons, 18 ont été ensevelies ou détruites. Un an après, l'accès au village est interdit. Seuls les habitants, comme Laurent Soullier, sont autorisés à s'y rendre. La scène peut paraître incongrue. Au milieu du chaos, il vient régulièrement arroser ses jardinières : "On est quand même dans un océan minéral et l'idée, c'est de redonner un petit peu de vie tout bêtement. C'est trois fleurs, mais qui renvoient une image d'un hameau habité". Mais les habitants n'ont plus le droit de dormir sur place. Pour les services de l'État, le site est vulnérable en cas de crue.

Des restrictions de circulation

Des sinistrés comme Coralie Tairraz et son frère Cyril ne peuvent se résoudre à abandonner leur maison. Depuis un an, ils ont engagé eux-mêmes des travaux de déblaiement : "C'est tout à notre charge, évidemment, puisque pour l'instant, les assurances, tout est bloqué parce que l'État ne prend pas encore de décision et donc il faut trouver les financements pour faire ces travaux." Quand pourront-ils regagner leur maison ? Les habitants s'impatientent. Des études sont en cours pour évaluer la faisabilité de travaux de protection du village en cas de nouvelles crues. "Il reste quand même des bâtiments debout. Et autour de ces bâtiments qui sont encore debout, on peut imaginer l'avenir. C'est conforter le lit du torrent, c'est imaginer un dimensionnement particulier de digue ou autre pour préserver l'existence. Et ensuite, on pourra se projeter un peu plus loin", explique l'un d'eux.

Dans cette vallée touristique, il y a toujours des restrictions de circulation pour permettre une évacuation rapide en cas de crue. Après Saint-Christophe-en-Oisans, la commune dont dépend La Bérarde, les vacanciers ne peuvent accéder à l'unique route départementale qu'en empruntant des navettes : "Grâce à ce bus, on va pouvoir aller au prochain arrêt puisque la route est interdite à tous les autres véhicules qui sont résidents et du coup nous permet d'accéder ensuite au refuge qui est au-dessus."

Des conditions d'accès plus difficiles alors que les vacances d'été viennent de commencer. Une source d'inquiétude pour de nombreux hébergeurs. Dans un gîte, il y a moins 30 % de réservations cette année : "À cette période, d'habitude, j'ai déjà pas mal de réservations en juillet, août. On a eu une saison blanche l'année dernière. Cette année, on va avoir une saison compliquée et je me dis, 'est-ce que je vais rouvrir les saisons d'après ?'" Des incertitudes sur l'avenir pour les habitants qui se battent pour maintenir l'activité dans la vallée. À La Bérarde, impossible pour l'heure de chiffrer précisément des travaux de reconstruction et de sécurisation. En septembre prochain, des conclusions d'études devraient être rendues publiques.

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