Patrimoine : "Notre-Dame de Paris n'a jamais arrêté de vivre", confie Mathieu Lours, historien de l’architecture religieuse
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Vendredi 19 septembre, Mathieu Lours, historien de l’architecture religieuse et auteur de "Rebâtir Notre-Dame de Paris, le livre officiel de la restauration", était l'invité du 11/13 de franceinfo. À l'occasion de l'inauguration du circuit des deux tours de la cathédrale parisienne, il est revenu sur le long chantier et sur les nouveautés que les visiteurs vont pouvoir découvrir dès samedi.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Lucie Chaumette : Est-ce qu'aujourd'hui c'est un jour d'émotion ? C'est la fin d'un cycle de réouverture pour Notre-Dame.
Mathieu Lours : C'est un jour vraiment très joyeux, parce que cette visite des tours, c'est un petit peu le moment où les visiteurs peuvent non seulement voir l'intérieur du monument mais aussi sa structure interne, les tours, les beffrois, etc. Et puis c'est le moment où ils peuvent découvrir un panorama sur Paris qui est sans doute l'un des plus beaux.
Qu'est-ce que les visiteurs vont découvrir de ce circuit des deux tours ?
Déjà, ils vont découvrir une prouesse architecturale, cet escalier à double révolution en bois, le plus grand jamais construit.
Qu'est-ce que c'est qu'un escalier à double révolution ?
C'est en fait deux escaliers en colimaçon, il y en a un pour monter et un pour descendre. Le plus célèbre, c'est celui du château de Chambord, imaginé par Léonard de Vinci en 1518-1519. Là, c'est Philippe Villeneuve qui a imaginé cette structure qui a été mise en œuvre par l'établissement public et donc qui, pour la première fois, va accueillir les visiteurs.
Il est donc en chêne, lui aussi, comme la charpente ?
Oui, il y a une très belle cohérence entre ces aménagements du circuit de la visite et, finalement, l'histoire et les matériaux de la cathédrale. Tout a été fait pour qu'on n'ait pas quelque chose de plaqué à l'intérieur de ce circuit de visite, mais vraiment une continuité. On va surtout découvrir la possibilité de voir cette nouvelle charpente.
On ne peut pas s'en approcher par contre, c'est bien ça, on l'admire mais de loin ?
On l'admire de loin, mais ça suffit vraiment à être très immersif, parce que la fenêtre qui a été aménagée pour voir à travers la porte la charpente permet de s'approcher très près. On a vraiment à peu près l'image qu'on a à l'intérieur.
Vous avez visité ces tours, vous avez fait ce circuit, mais lorsque c'était encore en chantier, au mois de juillet. Qu'est-ce que ça vous fait de voir tous les travaux terminés et de voir le résultat final ? Est-ce que c'est réussi pour vous ?
C'est très réussi, c'est très beau et surtout tout est fait pour que le visiteur soit conduit, accompagné, guidé et qu'il puisse découvrir comment tout cela fonctionne et quelle était la fonction de ces espaces autrefois. Les citernes dans la cour des citernes qui permettaient de récupérer l'eau de pluie, les cloches, les sonneries... Il y a des immersions sonores aussi.
Il y a les fameux bourdons qu'on va pouvoir les admirer au cours de ce circuit. Emmanuel et Marie, c'est bien ça ?
C'est ça, Emmanuel qui date donc de l'époque de Louis XIV, et Marie qui a été réalisé en 2013, en remplacement d'une cloche détruite par les révolutionnaires en 1793.
On ne les entendra peut-être pas sonner, parce qu'elles sonnent pour des occasions vraiment très rares.
Voilà, et puis quand on est à côté, il faut quelques précautions, comme des bouchons d'oreilles, parce qu'on est quand même à des niveaux de décibels assez conséquents. Le bourdon s'entendait à plus de 15 kilomètres à la ronde.
Quelle était sa fonction originelle ? D'annoncer les grands événements de la royauté ?
Lors des grandes fêtes religieuses, cinq fois par an, on sonnait cette cloche qui était d'abord sonnée à la main avec des cordes, puis sonnée au pied dans son dernier type de sonnerie, avant l'électrification. On la sonnait aussi pour les grands événements de la monarchie.
Est-ce qu'il est exact que c'est à cause d'elles, plus précisément de leur support, qu'il a fallu retarder l'ouverture de ce circuit des tours ?
Je ne sais pas si on peut parler de retard, mais en tout cas, on peut parler d'ajustement à la réalité des choses. Effectivement, en regardant l'état des beffrois, on s'est rendu compte qu'il y avait quelques signes de faiblesse sur les joues, sur les pièces de bois qui soutiennent les deux cloches. Donc l'occasion était justement de faire ces travaux. C'est de la rationalité. Si on avait attendu, il aurait fallu redémonter, rééchafauder. Il vaut mieux faire tout en une fois.
Les cathédrales, c'est la passion de votre vie. La cathédrale Notre-Dame de Paris appartient maintenant à ses visiteurs. On est un peu ému au moment de lâcher complètement son bébé pendant six ans et de se dire, que ça y est, elle appartient à nouveau à la France entière.
Ça n'a jamais été le bébé de qui que ce soit. Elle appartient à la France et elle appartient à Dieu. Donc ça, c'est vraiment quelque chose de transcendant. Elle appartient à tout le monde.
Mais il n'y avait qu'un tout petit public qui pouvait, pendant ces années-là, l'approcher.
Il y a eu cette exclusivité de ceux qui devaient en prendre soin et assurer cette vie un peu spéciale. Notre-Dame de Paris n'a jamais arrêté de vivre. Elle a toujours vécu. Et ce rythme, ça a été celui du chantier au moment où elle avait été construite. Il y a des moments dans l'histoire d'un monument où ce sont les artisans, les maîtres d'œuvre, les maîtres d'ouvrage qui en prennent possession. Il reste plein de beaux chantiers. Notre-Dame doit être restaurée au moins jusqu'en 2029, la troisième phase, avec les arcs-boutants, les extérieurs.
C n'est pas fini ? Les travaux ne sont pas terminés ?
Non, parce qu'en 2019, quand le feu a pris, on commençait une campagne de restauration. Cette campagne-là, il faut la faire. Et puis il y a plein d'autres cathédrales. Nantes va rouvrir, Clermont-Ferrand part pour un cycle de plusieurs années de chantier pour être renouvelée.
Une question sur une cathédrale très importante aussi dans l'histoire de France, celle de Reims. Comment va-t-elle, cette cathédrale où tant de rois furent couronnés ?
Reims va plutôt bien, avec des faiblesses, parce que pendant la Première Guerre mondiale, elle a pris 275 obus, plus un incendie. Donc on ne peut pas, par exemple, faire sonner très souvent les cloches à la volée. Les bourdons ne sonnent pas très souvent parce que les tours sont un peu faibles. Mais surtout, c'est le palais épiscopal qui est à côté et qui est en train de renaître, avec le Musée des sacres qui va bientôt ouvrir.
Retrouvez l'intégralité de l’interview dans la vidéo ci-dessus
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