Vols dans les magasins de luxe : comment les marques du secteur se protègent-elles ?
Il leur faut cinq minutes en moyenne pour réaliser un braquage. Les cibles sont les magasins de luxe dans les grandes villes, mais aussi les entrepôts et ateliers de fabrication Chanel, Vuitton ou encore Chaumet. Comment les acteurs du secteur se protègent-ils face à cette nouvelle délinquance ?
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Au cœur de Saint-Germain-des-Prés à Paris, c'est l'une des boutiques les plus chics de la capitale. Dans le magasin Louis Vuitton, les sacs vendus plusieurs milliers d'euros attirent des touristes du monde entier, mais aussi très régulièrement depuis un an, des cambrioleurs. Le 30 septembre 2024, puis le 11 novembre, et enfin le 12 mai dernier, la même boutique a été attaquée trois fois avec des voitures-béliers. L'un de ces casses a même été filmé. On y voit les voleurs, en pleine nuit, remplir le coffre de leurs véhicules avec des sacs avant de prendre la fuite.
Des réseaux organisés
Ces attaques n'étonnent pas Yazid Kherfi, un ancien braqueur. Aujourd'hui militant associatif, il a gardé des contacts dans le milieu et une certaine expérience sur la manière de cambrioler une boutique. "Cinq minutes, quatre personnes qui restent dans la voiture, le coup, ils le réussissent", indique-t-il. Moins risqué, plus rapide. Selon lui, les attaques de magasins haut de gamme ont dépassé les braquages de banques. Les objets de luxe, revendus environ 30 % de leur prix, seraient facilement écoulables sur le marché noir. "Ça se vend très bien et puis en même temps les prix ont explosé. Un braqueur a son carnet d'adresses, il a déjà tous les commanditaires, il a les clients et tout ça, qui passent d'abord commande et après il passe à l'acte", explique l’ancien braqueur.
Ces deux dernières années, outre Louis Vuitton, la marque Chanel et des boutiques indépendantes ont été ciblées à Paris. À chaque fois, les pertes s'élèvent à plusieurs centaines de milliers d'euros, voire dépassent le million d'euros, laissant les gérants sous le choc. Les magasins de luxe en plein cœur de Paris attirent même, d'après un policier, des délinquants étrangers. "Des gens d'Europe de l'Est, d'Amérique du Sud, du Chili, de Colombie, qui viennent ici avec un visa de court séjour. C'est très organisé, très difficile à intercepter avant que les faits soient commis", rapporte Yvan Assioma, responsable Alliance Police nationale Ile-de-France.
Comment se protéger ?
Alors que peut faire le monde du luxe français face à ces braquages ? Aucune des enseignes que les équipes de France Télévisions ont contactées n'a souhaité répondre. Mais hors caméra, le responsable sécurité d'un grand groupe a accepté d'échanger. Il reconnaît que les marques sont démunies face à ces fléaux. "Une vitrine, quoi qu'on fasse, ce n'est pas fait pour résister à une attaque à la voiture-bélier. [...] Face à ça, il n'y a qu'une solution : mettre des plots en béton devant la boutique, mais vous êtes sur l'espace public et les mairies là-dessus sont extrêmement réticentes", assure-t-il.
Contactée, la mairie de Paris dit agir au cas par cas, mais face aux vols à répétition, d'autres soulignent les carences des dispositifs de sécurité de certains magasins. Sur les réseaux sociaux, un influenceur se filme dans des boutiques de luxe. Et sans se cacher, il dérobe illégalement une casquette et un parfum, avant d'aller les rendre à des employés interloqués.
Au Royaume-Uni, certains vont encore plus loin en recrutant d'anciens braqueurs pour tester incognito la sécurité des boutiques. C'est ce qu'a fait Martin Gill, le patron d'une entreprise de sécurité. "Les trois délinquants que j'ai embauchés ont une longue carrière derrière eux. Ça nous permet d'avoir leur point de vue de cambrioleur, sur le terrain, dans un magasin. Et après, ils sont capables de me dire : ça, ça m'a ralenti, ce dispositif-là est efficace, ça, on peut l'améliorer", détaille le criminologue et directeur d’une entreprise de sécurité privée. En France, certaines enseignes préfèrent pour le moment opter pour des caméras dites intelligentes, capables de déceler des gestes suspects.
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