Guerre en Ukraine : la ville de Marioupol, vitrine de la conquête russe

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min - vidéo : 3min
Article rédigé par France 2 - V. Lerouge - Édité par l'agence 6Médias
France Télévisions

La rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine suscite de l'appréhension en Ukraine, où l'on craint de devoir abandonner les territoires et les habitants passés sous contrôle russe. France 2 s'est rendu à Marioupol.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


A Marioupol, dans l'est de l'Ukraine, les drapeaux russes s'affichent fièrement partout, dans les avenues, sur les façades officielles ou à l'entrée des magasins. Le théâtre dramatique a retrouvé son prestige d'autrefois dans cette ville dévastée par l'une des batailles les plus meurtrières après l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe. "Tout est calme maintenant, mais j'ai encore la chair de poule quand j'y repense", livre une habitante.

Au printemps 2022, les combats faisaient rage. Le théâtre où se réfugiaient des civils avait été bombardé, et l'aciérie d'Azovstal, où s'étaient retranchés les soldats ukrainiens, avait quant à elle été rasée. Le siège de la ville a fait 22 000 morts civils, d'après la municipalité ukrainienne en exil de Marioupol, et détruit ou endommagé 90% des bâtiments résidentiels, selon l'ONU.

Aujourd'hui, les traces sont encore bien visibles, mais l'administration russe s'empresse de reconstruire à tour de bras entre deux ruines. Soixante-cinq immeubles sont déjà sortis de terre et 1 200 ont été réhabilités. La nouvelle équipe municipale installée par Moscou montre volontiers qu'elle dépense sans compter pour Marioupol.

La restauration de Marioupol

"On voit que les gens reviennent, les gens croient dans leur ville, ils croient en la Russie. Aujourd'hui, la ville se redresse", explique Ivan Atamanov, porte-parole de l'administration de Marioupol. Mais cela prend du temps car les rénovations ne sont parfois que cosmétiques et des habitants s'impatientent de pouvoir retrouver leur appartement. 

Malgré les bombardements de 2022, Natalia Marandi n'a jamais songé à quitter son logement, l'Etat a pris en charge la réparation des plus gros dégâts. Mais l'appartement n'est toujours pas habitable. Et c'est bien le seul souci de cette retraitée de 74 ans qui se préoccupe peu de savoir si elle sera ukrainienne ou définitivement russe. "Je ne peux pas dire si je suis contre l'Ukraine ou pour la Russie. En fait, je n'en sais rien. Je suis de Marioupol. Je ne la quitterai jamais. C'est ma ville natale", confie-t-elle.

Une vitrine de la russification

Dans cette ville, il y a peu de voix dissonantes. "C'est inutile d'aborder le sujet de notre culture. Ce n'est pas la ville où poser la question. Tu ne peux pas dire la vérité", regrette une habitante. Mais pour une famille, peu importe la couleur du passeport, la priorité est de voir ses trois enfants grandir en paix. "Que tout cela se règle au plus vite et que cette guerre se termine, car elle ne mène à rien", affirme le père. "Après tout, la Russie reprend ses terres. Si vous regardez l'histoire, vous voyez que tout appartenait à la Russie", estime-t-il.

Vladimir Poutine a fait de Marioupol la vitrine de la russification des nouveaux territoires conquis. Il promet même de faire de cette station balnéaire jusque-là dormante une nouvelle Riviera qui apportera aux habitants richesse et emploi.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.