Frelon asiatique : comment s’en débarrasser ?

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Article rédigé par France 2 - M. Damoy, I de la Gorce, L. Bacqué, F. Méréo, L. Deschateaux, N. Berthier, S. Lisnyj, H. Pozzo, E. Rassat, D. Chevalier. Édité par l'agence 6médias
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Le frelon asiatique, qui pourrait être à l'origine de l’attaque d’abeilles dans le Cantal, est une espèce invasive et redoutée qui s'est désormais installée dans toute la France. Le prédateur inquiète de plus en plus les particuliers. Alors comment s’en débarrasser en toute sécurité ?

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Gérard Bernheim est à Bailly-Romainvilliers (Seine-et-Marne) pour supprimer la menace. Les frelons asiatiques logent dans le compost, une mauvaise surprise pour un couple de francilien. Lui s'est fait piquer à l'oreille. Elle au doigt. "Ça fait peur et ça fait très mal", a-t-ellé télmoigné. 

Des piqûres qui ne sont pas mortelles, sauf en cas d'allergie. Mais la prudence s'impose avant de s'approcher du nid. Un nid encore petit. Mais dans quelques jours, la colonie aurait déménagé pour fonder un nouveau nid bien plus gros. Une pulvérisation de produits naturels suffit. Frelons et larves sont condamnés. "Traiter un nid comme ça, c'est un nid secondaire en moins. Et un nid secondaire en moins, c'est 6 000 frelons potentiellement en moins. Donc ça vaut le coup", a détaillé Gérard Bernheim, apiculteur et président du GDSA 77.

Une invasion en Europe

En 20 ans, le frelon asiatique a colonisé toute la France. Il a suffi d'une seule reine dissimulée dans une poterie partie de Shanghai en 2004, direction Le Havre (Seine-Maritime). Un camion a ensuite transporté la poterie vers le Lot-et-Garonne, chez un pépiniériste. Discrètement, la reine a fondé son premier nid, une colonie qui en a donné beaucoup d'autres.

Aujourd'hui, une bonne partie de l'Europe de l'Ouest lutte contre cette invasion. À Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne), le premier frelon est apparu en 2014. Depuis, le maire traque les nids. Sur l'espace public, le maire a l'obligation d'agir, pas chez les particuliers, et pourtant il le fait. Une trentaine de nids détruits l'année dernière pour un coût de 6 000 euros au frais de la commune.

"Je pense que c'est le seul moyen, pour les administrés, d'avoir une intervention rapide et effectivement, en plus pas chère, puisque c'est la mairie qui prend ça à son compte", a indiqué Jean Laviolette, maire (PS), de Brie-Comte-Robert.

Certains désinsectiseurs profitent du désarroi des habitants. Gérard Bernheim, lui, n'a demandé que 80 euros pour la destruction du nid chez ce couple.

Les arnaques, il connaît bien. Il a conservé un devis de 2018 qui le fait encore bondir. "Le devis se montait à 1657 euros", a-t-il montré. Un tarif bien loin des 150 euros maximum qu'il facture, même pour des cas compliqués. 

Comment se protéger ?

La peur du frelon attise les convoitises. Face à l'envahisseur, comment se protéger ? Place au système D. Des tutos fleurissent sur les réseaux. 

Mais attention, certains pièges faits maison capturent aussi d'autres insectes. Il ne faut les utiliser qu'au mois d'avril. Faute de prédateurs efficaces, l'envahisseur attaque notre biodiversité. Un nid avec 2000 frelons consomme environ 11 kg d'insectes sur l'année, particulièrement les abeilles, vulnérables dans leurs ruches. Alors certains apiculteurs fabriquent : une harpe électrique.

"L'envergure du frelon est un petit peu supérieure à deux centimètres, donc on va mettre un fil tous les deux centimètres. L'abeille pourra passer entre les deux, mais le frelon va toucher les deux fils avec ses ailes", a détaillé Jean-Paul Ville, apiculteur amateur. Des fils reliés ensuite à un panneau solaire et une batterie.

"C'est sûr que c'est un petit peu de travail, mais en une journée, on arrive à faire une harpe complète. On vend, c'est très très cher. Ça vaut plus de 200, 250 euros. Nous, ça nous revient à peu près, au grand maximum, à 60, 70 euros", a indiqué Hubert Debonneville, également apiculteur amateur.

Un dernier espoir demeure dans cette lutte : miser sur la science. Éric Darouzet est l'un des spécialistes du frelon asiatique en France. Le chercheur prélève leurs glandes à venin. À l'intérieur, une sorte d'odeur, une phéromone très attirante uniquement pour le frelon asiatique.

"On communique avec le frelon, le disant : viens me voir, il y a un problème. Tout frelon qui va percevoir la phéromone va arrêter sa tâche pour voir ce qui se passe. Si on met la phéromone dans un piège, le frelon va venir voir ce qui se passe, il devrait rentrer dans le piège, il est capturé", a fait savoir Éric Darouzet, chercheur au CNRS (Université de Tours).

Une nouvelle génération de pièges qui pourrait être commercialisée dans les cinq ans. Une arme supplémentaire face au frelon, mais qui ne permettra pas de s'en débarrasser. L'espèce est désormais bien trop implantée dans nos paysages.

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