Chasseurs d'ouragans : des militaires américains analysent ces phénomènes météorologiques à bord d'un avion

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Article rédigé par France 2 - D. Schlienger, C. Guimier, A. Filippi, L. Soudre. Édité par l'agence 6Médias
France Télévisions

Des militaires de l’armée américaine et des scientifiques n’hésitent pas à se plonger dans l’œil du cyclone pour analyser les ouragans. Rencontre.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Ils sont les seuls au monde à oser affronter des conditions extrêmes. Et pire, à aller volontairement les chercher. Même quand les caméras lâchent, ils continuent de voler au cœur de la tempête. Leur nom ? Les chasseurs d’ouragans, une unité militaire spécifiquement entraînée pour une mission. Dans des vents allant jusqu’à 200 km/h et au milieu des trombes d’eau, ils doivent récolter le plus de données scientifiques possible et capturer des images à couper le souffle, comme l’œil de Erin, le dernier cyclone qui s’est approché des États-Unis.

Des avions spécifiques

Aux États-Unis, trois avions se relaient pendant la saison des ouragans pour être prêts à décoller à tout instant. Des militaires et des scientifiques, eux seuls, sont habilités à voler dans de telles conditions. Ils forment une sorte de station météo aérienne. Pour traverser ce qu’ils appellent le mur de l’œil, là où les vents sont les plus forts, il leur faut parfois plus de 45 minutes. Quarante-cinq minutes de turbulence. Les pilotes sont à l’aveugle, guidés par les météorologues à l’arrière.

France Télévisions a pu joindre un de ces pilotes de l’extrême. "C’est comme faire des montagnes russes au milieu d’un lavage de voiture. Vous avez tellement d’eau que vous ne voyez rien à travers le hublot. Vous ne savez pas où vous allez et ce qui se passe. Vous avez peur", rapporte Mathew Taraboletti, pilote à l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique.

En plus des ceintures de sécurité, des harnais maintiennent les pilotes sur leurs sièges. Leurs avions sont des appareils militaires spécialement renforcés pour encaisser de telles conditions avec une carlingue particulièrement robuste, truffée de radars et de capteurs. Mais ils flirtent à chaque instant avec la limite.

L’an dernier, Milton a été l’un des cyclones les plus puissants jamais enregistrés dans l’Atlantique. Le vol a failli virer au cauchemar. Certains membres de l’équipage ont été blessés. Le commandant Mathew Taraboletti était aux commandes. Il se souvient de longs instants d’incertitude. "Milton était complètement chaotique, désordonné. On était un peu perdu et tout à coup l’avion a été balayé par les turbulences. C’était effrayant parce que ça nous a pris par surprise et ça nous a mis dans la tourmente", se souvient-il. Jusqu’à ce que l’œil apparaisse et que les vents chutent. "On était soulagés, honnêtement. Ça donne un peu l’effet d’être dans un stade et c’est assez incroyable de réaliser qu’on est les seuls humains de l’univers à cet endroit-là", poursuit-il.

Leurs missions

Pendant ce temps-là, à l’arrière, l’équipage a une mission essentielle : larguer des dizaines de sondes, des appareils munis de GPS qui enregistrent la force du vent, la température de l’air, la pression atmosphérique et la transmettent aux météorologues. "Pourquoi mettre un avion dans un ouragan ? Vous vous posez sans doute la question. Parce que nous avons beaucoup de satellites. Mais ils sont au-dessus. Ils ne peuvent pas voir l’intérieur de la tempête. Avec les avions, on peut collecter des données ultra-précises, au mètre près. Et c’est essentiel pour obtenir les bonnes prévisions", explique le Dr Jonathan Zawislak, directeur de vol à l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique.

À plusieurs reprises, leurs prévisions ont permis de donner un coup d’avance aux autorités pour faire évacuer la population avant que l’ouragan ne touche terre. Malgré les risques que ces hommes prennent au quotidien, il n’y a eu aucun accident mortel ces 50 dernières années.

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