Recyclage : les associations comme Emmaüs débordées par la "fast fashion"
Emmaüs victime à son tour des dérives de la mode jetable. C'est ce que révèle l'association qui croule sous les dons de vêtements de mauvaise qualité, et qui sont donc impossible à redistribuer. Des chemises, des pantalons, des t-shirts abîmés, sales ou déformés. Exemple dans le centre de tri de l'Oise, où seulement trois vêtements sur dix sont conservés.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Presque tous les mois, Evelyne Martens vient déposer un sac de vêtements. Aujourd'hui, ce sont ceux de ses petits-enfants. "La grande a passé à la petite et maintenant, il n'y aura pas d'autres enfants. En plus, ce sont des vêtements qui n'ont pas beaucoup servi", explique-t-elle.
Dans l'Oise, la communauté Emmaüs de Bernes-sur Oise reçoit 30 tonnes de vêtements chaque mois. Ce jour-là, 15 chariots remplis de vêtements doivent être triés. Une tâche de plus en plus fastidieuse. Dans chaque sac, en moyenne, Joël ne peut garder que trois ou quatre vêtements sur dix pour la revente. Il y a dix ans, c'était deux fois plus. "Il y a une baisse de la qualité des vêtements, ça c'est sûr. Il y a des fois, quand on le voit tout de suite, on referme le sac puis on l'envoie directement au relais", confie Joëlle Laurence, bénévole à la communauté Emmaüs de Bernes-sur-Oise.
La "fast fashion" en cause
Car ces dernières années, la communauté reçoit de plus en plus de vêtements issus de la fast fashion. Résultat, en rayons, moins de belles pièces et des marques que les clients ne veulent pas forcément. "J'ai vu pas mal de pièces Shein, ça, c'est le truc que j'achète jamais", livre une cliente. "On trouvait de beaux blazers, de beaux trenchs, etc. Et des matières un peu plus nobles. Et maintenant, pour retrouver ça, il faut revenir assez tôt", ajoute une autre.
Mais où sont passés les vêtements de marque ? Ils se retrouvent souvent sur les plateformes de revente entre particuliers. Aujourd'hui, presque un vêtement de seconde main sur deux est revendu sur Vinted ou Leboncoin. Évelyne Ladix, responsable de la communauté, le constate : de plus en plus de belles pièces leur échappent. Résultat, les ventes de textiles de seconde main leur rapportent 30 % de moins. "Avoir des vêtements de marque, ça nous permet de vendre un petit peu plus cher et ça permet d'équilibrer les comptes", détaille-t-elle. Depuis deux ans, la communauté reçoit des invendus d'entreprises. Seules ces ventes de vêtements neufs lui permettent de maintenir ses revenus textiles au même niveau.
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