À la découverte de Bonifacio, la ville suspendue entre falaise et Méditerrannée

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Bonifacio (Corse-du-Sud), une ville qui défie le vide, avec des maisons posées en équilibre à 60 mètres au-dessus de la mer. Là-bas, tout est spectaculaire. Comme la longue entaille qu'on peut apercevoir dans la roche : 187 marches taillées par la main de l'homme à flanc de falaise, connues comme l'escalier du Roi d'Aragon, une pente à 45 degrés. L'emprunter est une aventure éprouvante et mémorable.

"C'était super, ça vaut le coup de descendre. Les marches sont plus hautes à la montée qu'à la descente", confie une touriste, comblée. Et une autre visiteuse de renchérir : "C'était très beau, la vue est imprenable. C'était sportif aussi." Un escalier construit, selon la légende, en une seule nuit par des soldats aragonais qui voulaient envahir la ville au XVe siècle.

"Il paraît que les Bonifaciens auraient attendu qu'ils aient fini la dernière marche avant de les repousser à la mer, histoire d'avoir un escalier sans avoir à se dégouliner pour le faire", livre ainsi avec le sourire Pierre Gazano, guide conférencier à Bonifacio.

Une forteresse convoitée

Sans cesse attaquée, la ville de Bonifacio s'est transformée en forteresse, encerclée de hautes murailles. Envahie par les soldats venus de Toscane, de Pise, puis par les Génois. Au XIIe siècle, ils usent de la force pour la conquérir. "Ils profitent d'un mariage organisé par les Pisans, précédents propriétaires, pour s'infiltrer. Et quand tout le monde est ivre mort, ils jettent tous les Pisans. L'histoire ne le dit pas si c'est par la falaise ou par la porte, mais ils débarrassent la ville de quiconque y habitait auparavant. Ils vont apporter 1 200 Génois, fermer les portes et nous interdire de nous mélanger avec l'extérieur", poursuit le guide conférencier.

Bonifacio va ensuite rester génoise pendant 600 ans. Un bastion invincible, construit sur le roc. En haut des falaises de calcaire, les touristes sont impressionnés. "Là, vous avez directement le vide sous vous et je suis paralysée au niveau des jambes et jusqu'au bas du ventre. Donc je ne peux pas m'approcher", confie une touriste, avant d'être interrompu par son compagnon. "Tu es paralysée alors ? Parce que moi aussi je suis un peu paralysé", lâche-t-il tout en ployant le genou... pour effectuer sa demande en mariage. Un décor de rêve pour une requête exceptionnelle, qui obtient une réponse heureuse. Un moment inoubliable dans cet endroit hors du commun, comme dans un film.

Une exploration de Bonifacio depuis la mer

D'autres touristes ont choisi une découverte de Bonifacio par la mer, en catamaran. Et d'en bas aussi, la vue est saisissante. "Il n'y a pas de mots pour le décrire parce que c'est vraiment magnifique. Je n'ai jamais vu un site aussi beau, personnellement", livre un visiteur. Le jeune armateur Pierre-Baptiste Chiocca est un enfant de Bonifacio et en connaît chaque falaise. "Nous, on venait, on descendait le petit sentier avant que ça soit fermé par rapport aux éboulements. Et puis on nageait jusque-là et puis on sautait", raconte-t-il.

Nous basculons sur un voyage vers les îles Lavezzi, petit archipel entre Bonifacio et la Sardaigne, l'extrême sud de la Corse. Un endroit sauvage, une réserve naturelle très protégée. "Les rochers, les points de vue sont exceptionnels. C'est très, très beau. Je suis monté là-haut, mais c'est interdit. Donc, n'allez pas là-haut. Déjà, c'est dangereux, vous pourriez vous faire mal. Et surtout, c'est la réserve ornithologique. Les oiseaux nichent et se cachent dans les failles et dans les grottes", explique le capitaine du bateau, Marceau Rodriguez, à ses passagers.

Une immersion totale dans un endroit paradisiaque

Ce coin constitue un véritable paradis pour plonger alors que l'eau est encore à 25 degrés. La vie prend d'autres couleurs pour un groupe d'amis venus de Normandie. "C'est difficile à décrire tellement c'est beau. Moi, je ne loupe pas une miette. Chez nous, on n'est pas habitué à cette eau si claire. On n'a pas les poissons comme ça", confie une membre du groupe.

À midi, c'est l'heure de l'apéro. Pierre-Baptiste, lui, est en cuisine avec une recette de famille, et pas question de se rater. "C'est toujours l'instant qui me stresse le plus. Parce qu'en fait, c'est qu'une question de seconde, des fois. Des fois, je préfère mettre bouillante plutôt que de les faire trop cuire", explique le jeune homme. Sa spécialité, les pâtes alle vongole, servies à l'assiette, et à déguster où l'on veut. Un vrai délice. Une journée en mer paradisiaque pour 150 euros par passager. Loin du monde, au milieu de la Méditerranée, pour un instant de bonheur.