La France à 14 régions : "L'accusation de découpage politique relève du faux procès"
Pour Patrick Le Lidec, spécialiste de la décentralisation, la nouvelle carte des régions dévoilée lundi n'est pas une manœuvre électorale, même s'il pointe "deux anomalies".
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Quatorze grandes régions métropolitaines au lieu de 22 : comment l'Elysée a-t-il redessiné la France ? Dans la soirée du lundi 2 juin, la présidence de la République a dévoilé une carte des superrégions dans le cadre de la réforme territoriale de François Hollande. Ce nouveau découpage sera soumis au débat parlementaire : "Il peut y avoir des évolutions", a promis mardi Manuel Valls.
Si des élus et des présidents de région se sont réjouis de ce nouveau découpage, de nombreuses voix ont fait part de leur mécontement. Pour Dominique Bussereau, président UMP du conseil général de la Charente-Maritime, "on assiste à une magouille politique". "François Hollande a visiblement préféré ménager ses amis socialistes plutôt que d'engager une vraie réforme territoriale", déplore François Sauvadet, vice-président de l'UDI et président du conseil général de Côte-d'Or. Quant au député Europe Ecologie-Les Verts François de Rugy, il juge le redécoupage "incohérent, illisible et injustifiable".
François Hollande a-t-il procédé à un découpage politique ? Ces 14 grandes régions ont-elles pour objectif de protéger les socialistes et la gauche lors des futures élections ? Peu crédible, pour Patrick Le Lidec, chargé de recherche au CNRS, professeur à Sciences Po Paris et spécialiste de la décentralisation et de la réforme des collectivités territoriales en France.
Francetv info : la carte des 14 superrégions traduit-elle un découpage du territoire à des fins électorales ?
Patrick Le Lidec : On peut déceler deux anomalies. Il existe une région de très petite taille : le Nord-Pas-de-Calais, qui est effectivement un fief historique du Parti socialiste. La région a été préservée apparemment contre une logique de constitution de grandes régions.
La deuxième anomalie va dans le sens opposé. Il s'agit de la constitution d'une grande région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon qui a deux capitales régionales potentielles, Toulouse et Montpellier. Midi-Pyrénées est traditionnellement à gauche alors que Languedoc-Roussillon est plus indéterminé.
Globalement, l'accusation de découpage politique relève du faux procès. La thèse d'un découpage politique ne me semble pas crédible. Si l'objectif était de se tailler des fiefs électoraux, à l'évidence, le gouvernement n'aurait pas choisi de fusionner des régions. Il aurait au contraire procédé à un dépeçage des régions en prenant individuellement les départements pour faire un nouvel assemblage. Cela lui aurait été nettement plus favorable pour constituer des entités homogènes politiquement.
En fusionnant des régions sans les découper, la règle adoptée par le gouvernement lui lie les mains et, d'une certaine manière, lui interdit de faire du découpage électoral à son profit. Des régions sont constituées par fusion de deux ou trois, ce qui crée des ensembles dont l'orientation politique est très largement indéterminée.
Comment expliquer ces accusations ?
C'est inévitable. N'importe quel découpage possède une dimension arbitraire et vous serez toujours suspecté de manipulation. Mais cette carte a une logique qui consiste à s'affranchir des trop petites régions qui avaient deux ou trois départements parce que ce n'est pas une taille critique suffisante [la taille nécessaire à la survie ou au développement de l'entité], à deux exceptions près, le Nord-Pas-de-Calais et Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon.
Au delà de la taille critique minimum, l'autre critère principal qui semble avoir été suivi est l'aire de rayonnement des métropoles. Ces ensembles semblent cohérents.
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