Budget et réformes : "Il faut absolument qu'on arrive à cadrer correctement les débats", affirme Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, était l’invitée des 4 Vérités, mercredi 15 octobre, pour évoquer notamment le rôle retrouvé de l’Assemblée nationale, la répartition des pouvoirs avec le gouvernement et les prochains débats budgétaires.
Les députés de l’Assemblée nationale sont invités à engager de vrais débats sur le budget et les grandes réformes. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, était l’invitée des 4 Vérités mercredi 15 octobre sur France 2. Au micro de Gilles Bornstein, elle a salué la répartition accrue des pouvoirs entre l’exécutif, le Parlement et les citoyens, tout en insistant sur la nécessité de mener des discussions responsables et constructives.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Gilles Bornstein : Le gouvernement propose, on débat, et les députés votent. Hier, avec Sébastien Lecornu, on avait l’impression que vous aviez déjà écrit son texte, cela ressemblait beaucoup à du Yaël Braun-Pivet dans le fond.
Yaël Braun-Pivet : Écoutez, cela me réjouit, car voilà des années que je plaide pour que l’Assemblée nationale retrouve pleinement sa place, que les députés puissent s’exprimer, participer à de vrais débats et voter. Je ne peux donc que me réjouir qu’enfin l’Assemblée nationale redevienne le centre de notre vie démocratique et politique, le cœur du débat.
Gilles Bornstein : Est-il souhaitable que le président de la République accepte de ne plus tout décider ?
Yaël Braun-Pivet : C’est l’ordre des choses. Je plaide depuis longtemps pour moins de verticalité dans le fonctionnement de nos institutions, cette verticalité que je dénonce depuis 2017, mais qui, soyons honnêtes, existe depuis toujours dans l’essence même de la Ve République, avec un pouvoir exécutif très dominant. Aujourd’hui, en 2025, les Français attendent davantage de délibération et d’horizontalité. Ils souhaitent que le pouvoir soit partagé : avec les représentants du peuple que nous sommes à l’Assemblée nationale, avec les collectivités territoriales, et aussi avec les citoyens eux-mêmes. C’est pourquoi je milite depuis des années pour des référendums et des consultations populaires.
Gilles Bornstein : Mais avec tous ces partages, il ne restera plus beaucoup de pouvoir au président de la République ?
Yaël Braun-Pivet : Pas du tout. Il s’agit d’une répartition des pouvoirs, et c’est bien ainsi. Le partage est exactement ce que les Français attendent de nous.
Gilles Bornstein : Vous aviez exprimé votre gêne face à la suspension de la réforme des retraites. Regrettez-vous donc la décision du Premier ministre hier ?
Yaël Braun-Pivet : Je ne regrette pas la décision en elle-même. Ce que je regrette, c’est que nous n’ayons pas réussi à établir un accord global. Mon souhait, que je suppose être aussi celui du Premier ministre, était de garantir la stabilité de notre pays jusqu’à l’élection présidentielle de 2027, notamment pour le budget et les mois à venir. Les Français en ont assez des conflits et des tensions ; ils aspirent à l’apaisement et au calme. J’espérais qu’un accord global nous permette d’assurer cette stabilité. Ce n’est pas le cas, et je le déplore. Cependant, il fallait faire ce geste, car nous avons besoin d’avancer et de garantir le budget. Par ailleurs, il est clair qu’une réforme qui n’est pas correctement délibérée ou votée ne peut pas passer, et nous devons en tirer les leçons pour l’avenir.
Gilles Bornstein : Cela signifie donc que vous approuvez la décision du Premier ministre de ne pas avoir recours au 49.3. Le gouvernement ne sera sans doute pas censuré. L’Assemblée nationale devra maintenant entamer la discussion budgétaire avec de nombreux points de friction entre majorité et opposition. Pensez-vous que l’Assemblée pourra aller au bout de cette discussion ? Et demandez-vous aux députés d’être prudents dans le dépôt d’amendements ?
Yaël Braun-Pivet : La balle est désormais dans le camp de l’Assemblée nationale. Le Premier ministre a indiqué qu’il ne contraindra pas le vote par l’usage du 49.3 ; nous devons donc en tirer les conséquences et être responsables, en assurant un débat correct. Je me suis replongée dans les chiffres : l’année dernière, il y a eu 7 468 amendements, un nombre qui a doublé depuis 2018. Je n’ai pas le sentiment que les débats étaient moins riches en 2017.
Gilles Bornstein : Vous demandez donc au groupe d’être plus modéré dans le dépôt d’amendements ?
Yaël Braun-Pivet : Il ne s’agit pas de restreindre le droit d’amendement, qui reste fondamental pour tout parlementaire. Mais il est crucial de cadrer correctement les débats afin d’aller jusqu’au vote. Il serait assez surprenant que nous ne puissions pas voter à cause de nous-mêmes.
Gilles Bornstein : En d’autres termes, vous demandez au groupe de "faire preuve de prudence" dans le dépôt d’amendements pour que les débats puissent se dérouler efficacement.
Yaël Braun-Pivet : Les amendements peuvent toujours être retirés. La gestion des débats va être essentielle. Nous disposons de près de deux mois et demi pour en débattre. Certains sujets sont fondamentaux et nécessitent du temps, comme les taxes sur le patrimoine ou la fiscalité. Il s’agira de hiérarchiser les discussions : prendre le temps pour les grands sujets et aller plus vite sur les questions accessoires.
Gilles Bornstein : Vous le dites avec d’autres mots, mais le sens reste le même.
Yaël Braun-Pivet : Nous travaillons déjà en lien avec le président de la Commission des Finances et le rapporteur général, qui réunira son bureau aujourd’hui. Mon souhait est que les débats ne s’enlisent pas et que le Parlement se montre responsable, afin que toutes les discussions aient lieu et que nous puissions passer à l’action concrètement à l’Assemblée nationale.
À regarder
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Aéroports régionaux : argent public pour jets privés
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter