Aucun écrit retrouvé, autopsie attendue, classe politique sous le choc... Ce que l'on sait de la mort du député Olivier Marleix
L'ancien président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale a été retrouvé inanimé lundi dans sa maison d'Anet, en Eure-et-Loir. Une enquête pour déterminer les causes de la mort a été ouverte, la piste du suicide étant pour l'heure privilégiée.
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La voix tremblante, Naïma Moutchou, vice-présidente Horizons de l'Assemblée nationale, a pris la parole au perchoir. "Une terrible nouvelle qui concerne l'un de nos collèges vient de nous parvenir", a-t-elle annoncé, avant de suspendre la séance. Quelques instants plus tard, cette proche d'Edouard Philippe a confirmé la mort d'Olivier Marleix, député Les Républicains d'Eure-et-Loir depuis 2012, et fait observer une minute de silence aux parlementaires.
L'ancien président du groupe LR, âgé de 54 ans, s'est suicidé, lundi 7 juillet, dans sa maison d'Anet, ville dont il a été maire, provoquant une onde de choc dans l'ensemble de la classe politique. Un hommage doit lui être rendu mardi à 15 heures à l'Assemblée nationale. Franceinfo revient sur les circonstances de sa mort, mais aussi sur le parcours politique de cet homme estimé, y compris par ses adversaires politiques.
La piste du suicide privilégiée par le parquet
C'est à 14h50 lundi que les gendarmes ont pénétré dans la propriété d'Olivier Marleix à Anet. "Ils avaient été alertés par l’assistante parlementaire du député et par madame la maire d’Anet, toutes les deux inquiètes de l’absence de ce dernier à des rendez-vous prévus le matin en Eure-et-Loir et de son absence ensuite à l’Assemblée nationale", détaille le procureur de Chartres, Frédéric Chevallier, dans un communiqué.
"Olivier Marleix ne s'est pas présenté à la permanence de la mairie d'Anet, je l'ai appelé plusieurs fois, mais je pensais qu'il faisait autre chose ou qu'il avait oublié", confirme Aliette Le Bihan, la maire de la commune, auprès de L'Echo républicain. Elle l'avait encore croisé samedi pour divers événements. "Il était comme d'habitude, tel que je le connaissais, sans problème", dit-elle.
Olivier Marleix avait aussi fait parvenir samedi par mail une nouvelle version de son livre à Thierry Billard, éditeur chez Robert Laffont. Intitulé Dissolution française, cet ouvrage, à la fois "essai et témoignage", devait retracer "ses combats" mais "aussi ce qu'il se passait à l'Assemblée" depuis 2022, raconte Thierry Billard à franceinfo. Sa publication était prévue en novembre. Dimanche, Olivier Marleix faisait encore le bilan de sa semaine dans sa circonscription dans un message sur Facebook.
Mais lundi, les gendarmes ont donc découvert le corps d'Olivier Marleix, "inanimé, pendu par une corde attachée à une poutre, dans une chambre à l'étage de la maison d'habitation", selon le communiqué du parquet. Une enquête pour déterminer les causes de la mort a immédiatement été ouverte. Pour l'heure, la piste du suicide est privilégiée, en attendant une autopsie du corps, qui doit être pratiquée mercredi matin. Un téléphone et des ordinateurs du député ont été saisis et "aucun écrit n'a été retrouvé pouvant intéresser l'enquête", a également précisé le procureur.
Ancien président du groupe LR et fervent défenseur des dossiers industriels
Olivier Marleix, père de deux filles, était le fils de l'ancien secrétaire d'Etat et baron politique du Cantal Alain Marleix. Soutien d'Edouard Balladur face à Jacques Chirac en 1995 et militant convaincu, cet homme de grande stature, fossette au menton et le front dégarni, décrit comme plutôt discret et élégant, a été élu pour la première fois maire en 2008. Il est ensuite devenu député d'Eure-et-Loir en 2012, loin de la circonscription de son père. Ces dernières années, il avait notamment présidé le groupe Les Républicains à l'Assemblée (de 2022 à 2024).
Souverainiste assumé, Olivier Marleix avait notamment fustigé la vente controversée en 2014 de la branche énergie d'Alstom à l'américain General Electric, alors qu'Emmanuel Macron était alors ministre de l'Economie. Après avoir présidé une commission d'enquête sur ce rachat, le député avait saisi la justice en 2019, s'interrogeant sur le rôle joué à l'époque par l'actuel chef de l'Etat. Une opposition frontale dont Olivier Marleix était persuadé d'avoir fait les frais. "J'étais pressenti pour le ministère de la Justice [dans le gouvernement Barnier]. Mon nom a été rayé de la liste par le président", avait-il confié à franceinfo le 4 juin.
En 2022, après la déroute électorale de Valérie Pécresse à la présidentielle (avec moins de 5% des voix), il avait été propulsé à la tête d'un groupe réduit à une soixantaine de députés. Sa tâche n'a pas été aisée : le groupe LR s'est souvent montré divisé, tout particulièrement lors de la réforme des retraites en 2023, où près d'un tiers de ses députés ont désobéi aux consignes de la direction du parti dirigé alors par Eric Ciotti et voté la censure du gouvernement d'Elisabeth Borne. "Il a eu à gérer un groupe très difficile, et fait parfois face à l'ingratitude des siens", souligne un député LR auprès de franceinfo, ajoutant : "On ne lui a peut-être pas assez reconnu son travail".
Lors des dernières élections législatives de juillet 2024, Olivier Marleix avait bénéficié du retrait de la candidate PS, Nadia Faveris, au second tour, ce qui lui avait permis de l'emporter face au candidat RN avec 57,25% des suffrages. Il avait toutefois dû céder son poste de président du groupe LR à Laurent Wauquiez
L'hommage unanime de la classe politique
Proche de l'ex-Premier ministre Michel Barnier, le député avait soutenu récemment la candidature de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains face à Laurent Wauquiez. "Nous n'oublierons pas l'homme de conviction, défenseur inlassable de l'intérêt général dont la vision tirait vers le haut le débat public", a réagi le député de Haute-Loire à l'annonce de sa mort. L'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy a lui rendu hommage à celui qui fut son conseiller technique à l'Elysée, "un collaborateur précieux, un soutien fidèle dont l'engagement ne m'a jamais fait défaut".
Emmanuel Macron, qui a souvent été la cible des attaques virulentes d'Olivier Marleix, a pour sa part évoqué un "homme politique d'expérience" qui "défendait ses idées avec conviction" dans un message sur le réseau social X.
La disparition d’Olivier Marleix plonge notre Parlement en deuil.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 7, 2025
Homme politique d’expérience, il défendait ses idées avec conviction. Je respectais aussi nos différends puisqu’ils se plaçaient à la lumière de notre amour du pays.
J’adresse mes condoléances…
"Il y a toujours des failles et nous devons tous, à chaque instant, discerner les fragilités pour être là, pour tendre la main si on peut", a de son côté assuré mardi François Bayrou lors d'un déplacement à Chartres, dans le département d'Olivier Marleix, évoquant "un homme qui était très engagé, très compétent, très vaillant dans la défense des convictions qui étaient les siennes".
Parmi ses adversaires politiques aussi, beaucoup ont salué la mémoire de cette figure de l'Assemblée. A l'image de l'ancien président socialiste François Hollande qui a fait valoir que la "fidélité pour son parti ne le détournait pas du respect qu'il affichait avec élégance pour les idées qui n'étaient pas les siennes". "Il fut un élu de terrain, rigoureux, engagé au service de ses idées", a également réagi Marine Le Pen, présidente du groupe RN, tandis que Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, a rendu hommage à "un adversaire politique toujours respectueux, une voix singulière, attachée à défendre la souveraineté industrielle de la France". Le patron de Renaissance, Gabriel Attal, a quant à lui décrit "un homme de passion et de conviction, défendant avec sincérité ses idéaux".
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