"Oups, j'ai dérapé !" : cinq façons de s'excuser (ou pas) en politique
Manuel Valls "regrette" ses propos sur "le retour du terrorisme" imputé à la droite, mais refuse de "s'excuser". Mais pourquoi est-il si compliqué de faire son mea culpa en politique ?
POLITIQUE – Il "regrette". Après avoir imputé à la droite "le retour du terrorisme" en France, mardi 13 novembre, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a reconnu s'être emporté, mercredi sur BFMTV. Mais a néanmoins refusé de "s'excuser". Francetv info en profite pour revenir sur les cinq façons de faire (ou pas) son mea culpa en politique.
1"Je me suis emporté, mais ça fait partie du jeu…"
En la matière, la stratégie de défense adoptée par Manuel Valls est sans doute la plus courante. Certes, le ministre de l'Intérieur "regrette" ses propos. Mais à écouter son mea culpa, on doit surtout comprendre qu'il n'y a pas de quoi en faire tout un plat. "Bien sûr, la droite n'est pas responsable du terrorisme", explique Valls, mais "dans le chaudron de l'Assemblée nationale, on peut être emporté par le verbe". Les dérapages, ça fait partie du jeu politique, non ?
Une stratégie déjà adoptée par François Baroin en novembre 2011, par exemple. En pleine séance de questions au gouvernement, celui qui est alors ministre du Budget accuse la gauche d'avoir pris le pouvoir en 1997 "par effraction". La gauche crie au scandale. A un journaliste qui lui demande s'il est prêt à s'excuser, Baroin répond : "Vous plaisantez ?". Et là encore, renvoie la faute sur le jeu politique : "Il y a des joutes politiques, il y en a eu d'autres par le passé, il y en aura d'autres."
2"Moi, j'ai dérapé ? Mais pas du tout !"
D'autres assument encore moins. C'est par exemple le cas d'Henri Emmanuelli. Le 7 juin 2011, alors que François Fillon intervient à l'Assemblée nationale, le député socialiste des Landes lui adresse un doigt d'honneur. L'image est très brève, mais filmée par les caméras de l'Assemblée, elle tourne en boucle sur Internet. Pourtant, Emmanuelli nie tout geste déplacé : "Si ça a pu choquer, j'en suis désolé. (...) Mais je n'ai pas fait de doigt d'honneur au Premier ministre." La semaine suivante, il écopera d'un simple rappel à l'ordre du bureau de l'Assemblée.
3 "M'excuser ? Sûrement pas. Moi, j'assume."
A l'inverse d'Henri Emmanuelli, Noël Mamère, lui, reconnaît qu'il a bien adressé un bras d'honneur en direction des députés du Nouveau Centre et de l'UMP, le 2 décembre 2009. Le député écologiste assume même pleinement. Et ne lui demandez pas de s'excuser.
Même la sanction financière que le bureau de l'Assemblée prend à son encontre – une retenue d'un quart de son indemnité parlementaire mensuelle – ne lui fait ni chaud ni froid : "S'il faut refaire un bras d’honneur, je le referai volontiers et je paierai. S'il faut payer pour garder sa liberté d'expression et faire son travail de député, je suis prêt à recommencer."
4"Si l'autre s'excuse, alors je m'excuserai."
Pas d'excuses non plus de la part de Serge Letchimy. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais ce député de Martinique (apparenté socialiste) est celui qui détient, dans le classement de francetv info, la palme du plus gros incident de séance à l'Assemblée nationale. Le 7 février 2012, c'est lui qui avait déclenché une quasi émeute dans l'hémicycle, en accusant le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, de "porter une idéologie qui a donné naissance aux camps de concentration".
L'UMP et le Premier ministre d'alors, François Fillon, demandent des excuses publiques, et certains vont même jusqu'à lui demander de démissionner. Il n'en sera rien. Et Letchimy rejettera même la faute sur Claude Guéant : "Si Monsieur Guéant s'excuse vis-à-vis des blessures infligées aux peuples opprimés, aux peuples qui sont en difficulté, aux peuples qui sont actuellement en pleine émancipation, en plein développement, si Monsieur Guéant s'excuse, à ce moment-là on parlera d'excuses."
5 "Je retire, je regrette, je m'excuse..."
Pour retrouver les plus plates excuses possibles, il faut en fait remonter au 21 juin 2006. Elles émanent de celui qui est alors Premier ministre : Dominique de Villepin. La veille, il a pris à partie le patron des députés PS, François Hollande. Dans une tirade mémorable, le verbe haut et le ton martial, il a en particulier dénoncé sa "facilité" et sa "lâcheté", provoquant l'ire de tous les députés socialistes.
Le lendemain, toujours à l'Assemblée nationale, Villepin fait son mea culpa en public. "Permettez-moi au début de cette séance de me tourner vers vous Monsieur Hollande : j'ai dénoncé hier une attitude, en aucun cas je n'ai voulu me livrer à des attaques personnelles, que je condamne. Si certains mots vous ont personnellement blessé, je le regrette et je les retire."
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