"Là, la détention provisoire, ça les émeut" : à l'Assemblée nationale, les députés divisés sur l'incarcération de Nicolas Sarkozy

L'incarcération de Nicolas Sarkozy, mardi 21 octobre, n'a pas laissé l'Assemblée nationale indifférente. Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, un ancien président se retrouve derrière les barreaux. L'événement n'est pas banal et chaque parti y va de son commentaire, à commencer par Les Républicains, le parti fondé par l'ancien chef d'État.

La députée LR Marie-Christine Dalloz se dit sous le choc après avoir vu les images de l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la prison de la Santé. "Moi, je soutiens Nicolas Sarkozy aujourd'hui, assène-t-elle, et je pense à sa famille, à tous ses proches qui doivent être très affectés."

La droite et l'extrême droite s'émeuvent

Au-delà de l'émotion, elle met en cause l'enquête judiciaire contre l'ancien président. Elle compte même proposer une commission d'enquête parlementaire, précisément sur le coût de la procédure qui a conduit à sa condamnation pour association de malfaiteurs. Son collègue Corentin Le Fur, également député républicain, soutient d'ailleurs que Nicolas Sarkozy est innocent, malgré un jugement détaillé.

"La qualification des faits est très surprenante."

Corentin Le Fur, député LR

à franceinfo

"Ce seraient ses collaborateurs qui seraient éventuellement incriminés. Rien ne dit qu'il y serait associé, et c'est même certain que non. Et surtout, même si la justice est indépendante, et c'est très bien comme ça, ce que je ne comprends pas, c'est cette exécution immédiate", détaille Corentin Le Fur. Les magistrats ont toutefois justifié cette incarcération au regard de la gravité des faits reprochés à Nicolas Sarkozy.

Mais l'ancien président peut aussi compter sur le soutien du Rassemblement national et de son député Sébastien Chenu. "Je lui dis bon courage, avance-t-il tout d'abord. Je trouve que ce n'est pas une très belle image de la France, que ce que les juges infligent à un ancien président." Pour le député d'extrême droite, "cette exécution provisoire" est "tout à fait déplacée en la matière".

Le RN connaît lui aussi quelques problèmes avec la justice. Marine Le Pen, la cheffe de file des députés du parti, est, comme Nicolas Sarkozy, sous le coup d'une exécution provisoire : une peine d'inéligibilité prononcée dans l'affaire des eurodéputés.

La gauche condamne

À gauche, les députés pointent, eux, une indignation à géométrie variable. C'est ce que dénonce Ugo Bernalicis, le député La France insoumise, spécialiste des prisons : "Quand c'est l'un des leurs, tout de suite, la prison, ça les intéresse. Là, la détention provisoire, ça les émeut. Le fait qu'on fasse appel et qu'on soit quand même incarcéré, c'est un problème."

"Peut-être qu'il faut utiliser cette séquence pour faire un peu d'éducation populaire sur ce qu'est la prison aujourd'hui en France, en 2025."

Ugo Bernalicis, député La France insoumise

à franceinfo

"Si Monsieur Sarkozy pouvait faire la lumière là-dessus, ce serait merveilleux", ajoute le député du Nord. Ugo Bernalicis rappelle que la prison de la Santé accueille près de deux fois plus de détenus que sa capacité initiale.

Du côté du groupe écologiste, la députée Léa Balage El Mariky regrette que Gérald Darmanin, le garde des Sceaux, veuille rendre visite à son ancien mentor en prison. "Nous avons atteint un niveau de fragilité de nos institutions, de rupture dans le pacte social et civique qui nous lie, qui est extrêmement inquiétant", estime-t-elle. Car d'après la députée, le ministre de la Justice remet ainsi en cause la séparation des pouvoirs.