Goulard, Bayrou, de Sarnez : comment expliquer la démission de tous les ministres MoDem ?
En quittant le gouvernement, François Bayrou et Marielle de Sarnez ont emboîté le pas à Sylvie Goulard. Franceinfo explique pourquoi les ministres MoDem ont tous quitté l'équipe exécutive.
/2021/12/14/61b8b99230986_kocila-makdeche.png)
/2017/06/21/phpojhANz_1.jpg)
Le MoDem quitte le gouvernement. A quelques heures de l'annonce du remaniement, mercredi 21 juin, François Bayrou et Marielle de Sarnez ont démissionné du gouvernement, emboîtant ainsi le pas à Sylvie Goulard, la ministre des Armées, qui avait annoncé son départ la veille.
>> Démissions, annonce du gouvernement... Suivez l'actualité politique en direct
Qu'est-ce qui a poussé les trois centristes à abandonner leurs postes de ministre, pourtant obtenus après de longues tractations ? Franceinfo donne des explications.
L'affaire des assistants du MoDem
Depuis plusieurs semaines, les trois ministres étaient dans l'œil du cyclone, fragilisés par les révélations à répétition sur ce que l'on appelle l'affaire des "assistants parlementaires du MoDem". Une dizaine de salariés du siège du parti étaient, en même temps, collaborateurs de députés européens MoDem sur la période allant de 2009 à 2012. Plusieurs témoignages, recueillis par franceinfo, mettent en doute la réalité de ce second emploi.
Le parquet de Paris a ouvert, vendredi 9 juin, une enquête préliminaire des chefs d'abus de confiance et de recel de ce délit visant le MoDem. Dans cette affaire, la justice cherche à "déterminer si des irrégularités ont été commises et si elles sont susceptibles de recevoir une qualification pénale". François Bayrou n'est pas directement cité dans ce dossier, mais il est président du MoDem depuis la création du parti en 2007. La justice enquête, par ailleurs, sur l'emploi d'Isabelle Sicart, sa fidèle cheffe de cabinet. De leur côté Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard –qui étaient eurodéputées durant cette période– sont personnellement mises en cause.
Cette dernière a démissionné de son poste de ministre des Armées, mardi. "Dans l’hypothèse où l’enquête préliminaire visant le MoDem conduirait à vérifier les conditions d’emploi de mes assistants au Parlement européen, je souhaite être en mesure de démontrer librement ma bonne foi", a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Dès lors, les places de François Bayrou et de Marielle de Sarnez au gouvernement devenaient difficilement tenables. Avec leur départ, le gouvernement se débarrasse d'un caillou dans sa chaussure. D'autant plus que l'un des premiers chantiers engagés par l'exécutif est une loi sur la moralisation de la vie publique. Qui devait être justement être portée par le garde des Sceaux, François Bayrou.
LREM n'a plus besoin du MoDem pour gouverner
Avec ses 308 députés, La République en marche dispose désormais de la majorité absolue à l'Assemblée nationale. En comparaison, les 42 députés du groupe MoDem ne pèsent plus grand-chose. Pour faire voter les lois, le mouvement d'Emmanuel Macron n'a donc plus à s'embarrasser à composer avec le parti centriste créé par François Bayrou, comme c'était le cas avant les élections législatives.
Pour prendre la tête du groupe LREM, Richard Ferrand (lui aussi visé par une enquête) a quitté son poste de ministre de la Cohésion des territoires. Marielle de Sarnez devrait, quant à elle, diriger les 42 députés du groupe MoDem au Palais-Bourbon. L'exécutif va donc devoir attribuer quatre postes de ministre, dont deux portefeuilles régaliens. On est loin du simple remaniement "technique" annoncé après le scrutin.
L'impossible mariage entre Bayrou et Macron
Depuis qu'il a apporté son soutien à Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, François Bayrou a causé pas mal de tort au nouveau président. Le chef de l'Etat s'ôte une épine dans le pied en débarquant le patron du MoDem
En mai, François Bayrou avait haussé une première fois le ton, estimant qu'il n'avait pas obtenu assez d'investitures pour les candidats de son parti dans la répartition des circonscriptions avec LREM. Une trahison selon lui, alors que François Bayrou a apporté un soutien déterminant à Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle. "Quand je lui ai apporté mon soutien, il était à 18% [dans les sondages]. Nous l'avons fait élire", lâche-t-il, furieux, à L'Obs. A l'époque, la tension était telle que François Bayrou et Richard Ferrand –fidèle des fidèles dans l'entourage d'Emmanuel Macron– ont failli en venir aux mains, raconte le JDD.
En entrant à l'Elysée, Emmanuel Macron avait annoncé qu'il voulait cadrer la communication de l'exécutif pour éviter les "couacs". Ce n'était pas chose facile avec François Bayrou dans son équipe. Exemple mercredi 7 juin, lorsque le garde des Sceaux a appelé un journaliste de Radio France pour se plaindre des méthodes utilisées dans l'enquête qui était menée sur le MoDem.
François Bayrou est alors directement recadré par Edouard Philippe. "Quand on est ministre, on ne peut plus réagir comme quand on est un simple citoyen", prévient le Premier ministre. Mais Bayrou persiste et signe : "Chaque fois qu'il y aura quelque chose à dire, je le dirai", répond-il à Edouard Philippe, par médias interposés.
D'après des proches d'Emmanuel Macron, cités par le JDD, la situation devenait intenable. "C'est un problème. Et un jour, le président trouvera une solution au problème. Ça ne peut pas durer", expliquait un membre de La République en marche. Un autre confiait : "On savait que ça allait se terminer comme ça. Bayrou pense toujours que c'est lui qui devrait être à la place de Macron."
À regarder
-
Gaza : comment désarmer le Hamas ?
-
Menace sur les réseaux : 100 000 euros pour t*er un juge
-
Cédric Jubillar : 30 ans requis contre l'accusé
-
Impôts, retraites, que prévoit le budget 2026 ?
-
Rihanna, reine des streams sans rien faire
-
Que changera la suspension de la réforme des retraites si elle est votée ?
-
Salaire : êtes-vous prêts à jouer la transparence ?
-
Ici, des collégiens dorment à la rue
-
Nouvelle éruption d'un volcan dans l'est de l'Indonésie
-
Cœur artificiel : l'angoisse des greffés Carmat
-
Pourquoi le vote du budget peut te concerner
-
Le nouveau ministre du Travail rouvre les débats sur les retraites
-
Laurent Nuñez, nouveau ministère de l'Intérieur, se confie sur les attentats de 2015
-
Adèle Exarchopoulos : "Quand le monde se résigne à banaliser la violence... Ce qui reste, c'est le collectif"
-
Un mois après sa mort, le message de Charlie Kirk résonne encore
-
Le rappeur SCH déclare sa flamme à Marcel Pagnol dans un film d'animation consacré au célèbre cinéaste
-
Plan de paix pour Gaza : quatre nouveaux corps d'otages ont été remis à Israël
-
SFR bientôt racheté par ses concurrents ?
-
Musée Chirac : braqué puis cambriolé en 48 heures
-
Otages israéliens : révélations sur leur détention
-
Réforme des retraites : suspendue pour 3,5 millions de Français
-
Gouvernement de Sébastien Lecornu : censure ou pas censure ?
-
Coup d'envoi de la vaccination contre la grippe
-
Skai Isyourgod, le phénomène du rap chinois
-
Délit de fuite : la vie brisée de Marion
-
Disparition des coraux : une menace pour l'humanité
-
Bac de maths en 1ère, une bonne nouvelle ?
-
Une minute de silence en hommage à ces profs tués
-
IA : des paysages touristiques trop beaux pour être vrais ?
-
Sébastien Lecornu annonce la suspension de la réforme des retraites jusqu'à l'élection présidentielle
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter