"C'est vraiment Dallas" : on vous raconte la bataille entre Michel Barnier et Rachida Dati pour la législative partielle à Paris
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En envisageant de devenir député de la 2e circonscription de la capitale, dans le fief de la ministre de la Culture, qui rêve de devenir maire de Paris, l'ancien Premier ministre a semé la zizanie au sein de l'alliance au pouvoir.
C'est un rôle dans lequel on n'attendait pas forcément Michel Barnier : celui qui dynamite l'alliance entre la Macronie et Les Républicains dont il fut pourtant un des pères fondateurs en entrant à Matignon. En annonçant sa candidature à une législative partielle dans la très chic 2e circonscription de Paris, fief de Rachida Dati, l'ancien Premier ministre menace des équilibres fragiles au sein du bloc central au pouvoir. On vous résume tout de ce vaudeville politique en quatre actes.
1 Michel Barnier veut devenir député
L'annonce a surpris tout le monde mardi 15 juillet. Au moment même où François Bayrou présente ses pistes budgétaires, une autre information agite les rédactions : Michel Barnier est candidat à une législative partielle à Paris. La 2e circonscription est à pourvoir depuis que le Conseil constitutionnel a invalidé, le 11 juillet, l'élection de Jean Laussucq, élu en 2024 sous les couleurs du parti Renaissance, en raison de comptes de campagne irréguliers. Une nouvelle élection doit se tenir d'ici la mi-octobre. Ce sera donc avec Michel Barnier qui justifie sur le réseau social X cette candidature "par le moment grave que traverse le pays".
"La politique, c'est une manière de s'adapter aux situations. Il y a une opportunité, il s'en saisit", commente un de ses soutiens. Après avoir été censuré en décembre, Michel Barnier n'a pas vraiment abandonné la scène politique ou médiatique. "Depuis qu'il a été Premier ministre, il a envie de continuer à être utile", poursuit ce proche. Il a par exemple publié un livre pour raconter son expérience à Matignon et vient d'être nommé président du Conseil national des Républicains après l'élection de Bruno Retailleau à la tête du parti. Il donne aussi régulièrement des interviews et porte à chaque fois le même message : la victoire à la présidentielle de 2027 n'est possible qu'à condition d'une alliance entre la droite et le centre. Un attelage dont il se verrait bien le représentant, même s'il ne formalise pas officiellement une candidature à l'Elysée. Redevenir député le remettrait au centre du jeu politique et au cœur des manœuvres en vue de 2027. Bruno Retailleau, le patron des Républicains, lui a apporté son soutien dans la foulée :
"Avoir la voix et la stature de Michel Barnier à l'Assemblée nationale, ça compte pour le groupe LR. Ça donne du poids", abonde un soutien.
2 Rachida Dati souhaite aussi être candidate
Tout le monde pensait que l'investiture de Michel Barnier était une pure formalité. C'était sans compter sur Rachida Dati. La maire du 7e arrondissement, justement situé dans la 2e circonscription de Paris, a ainsi laissé planer l'idée qu'elle pourrait être candidate. "Oui, Rachida a très envie d'être candidate, elle s'organise pour", a déclaré un élu sous le sceau de l'anonymat dans Le Parisien. "Je vous confirme la détermination de Rachida Dati à être candidate", confirme un de ses proches au Conseil de Paris auprès de franceinfo.
Qu'est-ce qui peut pousser la ministre de la Culture à se porter candidate ? La raison est à chercher du côté de son histoire politique. Ce n'est pas la première fois que Rachida Dati voit un poids lourd de son parti débarquer dans son fief. François Fillon en 2012 et Nathalie Kosciuscko-Morizet en 2017 ont été les candidats de l'UMP puis de LR dans cette circonscription. A chaque fois, ils avaient été parachutés. Ce territoire, qui comprend aussi le 6e arrondissement et une partie du 5e, est en effet tout acquis à la droite. A chaque fois, Rachida Dati avait tenté de s'opposer à leur venue de façon véhémente mais avait dû s'incliner.
Michel Barnier a prévenu Rachida Dati de ses ambitions en l'assurant que la mairie de Paris ne l'intéressait pas. C'est en effet l'objectif politique de la ministre de la Culture : reprendre la capitale à la gauche en étant la candidate de la droite et du centre. Mais elle est également sous la menace d'un procès pour corruption et trafic d'influence passif. Pas de quoi, à ce stade, l'empêcher de concourir à l'élection municipale, mais l'ancien Premier ministre pourrait être un plan B éventuel.
"Rachida Dati a réagi parce que dès l'annonce de la candidature de Michel Barnier, des communiqués de soutien sont partis d'adversaires politiques. Elle a le sentiment que sa candidature est une candidature anti-Dati."
Une élue parisienneà franceinfo
"Elle veut être seule et unique à Paris. Elle ne veut pas qu'une tête dépasse. C'est cela la vérité", témoigne une conseillère LR de Paris. "Il y a de l'irrationalité chez Rachida Dati. C'est impossible, on ne peut pas être candidat à tout. A la mairie, à l'Assemblée, tout en restant ministre. C'est complètement illisible, ça n'existe pas", poursuit-elle.
"Comme d'habitude, Rachida Dati se victimise."
Une conseillère LR de Parisà franceinfo
En face, les soutiens de Rachida Dati mènent la riposte. "Sincèrement, on ne comprend pas l'intérêt de Michel Barnier de se mettre dans cette galère. S'il veut absolument se remettre en selle à l'Assemblée nationale, la 5e circonscription des Français de l'étranger est disponible", ironise l'un d'entre eux. "Elle couvre l'Espagne, le Portugal, Andorre et Monaco, elle correspond comme un gant au profil d'ancien commissaire européen de Michel Barnier", poursuit-il.
3 Gabriel Attal veut un candidat macroniste
Cet éventuel duel est regardé avec inquiétude du côté de Renaissance. Car cette circonscription est détenue depuis 2017 par un représentant du parti macroniste, désormais dirigé par l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, également président du groupe Ensemble pour la République (EPR), auquel le député invalidé, Jean Laussucq, appartenait. D'après les informations du Parisien, l'ex-chef du gouvernement pousserait pour une candidature issue de ses rangs, en la personne de Clara Chappaz, la secrétaire d'Etat au Numérique. Contacté par franceinfo, l'entourage de Gabriel Attal ne confirme pas officiellement cette investiture. "J'avoue que je ne sais plus trop ce qu'il en est, c'est vraiment Dallas", confie un responsable de Renaissance.
Il faut dire aussi que Gabriel Attal n'a pas digéré d'avoir été remplacé par Michel Barnier à Matignon après la dissolution. "Ce qui est certain, c'est que la candidature de Barnier était très maladroite. Il a passé son temps comme Premier ministre à critiquer les élus parisiens, à critiquer Renaissance et maintenant il voudrait leur soutien ? Ça ne passera pas", juge une source interne au parti à franceinfo.
"Tout le monde a bien compris que Michel Barnier était en fait candidat à la présidentielle, pas aux législatives. Donc à mon avis Renaissance mettra évidemment quelqu'un dans cette circonscription."
Une source interne au parti Renaissanceà franceinfo
4 Laurent Wauquiez s'invite dans les débats
Le parti Les Républicains devrait décider qui sera candidat dans la 2e circonscription de Paris le 28 juillet lors d'une commission d'investiture, qui promet d'être animée avant les vacances. Elle devra trancher entre Rachida Dati et Michel Barnier si les deux ont toujours l'intention de se présenter. Ce pourrait être l'occasion d'un nouveau duel en Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez. Ce dernier avait reçu le soutien de Rachida Dati pendant la campagne pour la présidence des Républicains.
Selon Le Figaro, le député de Haute-Loire a jugé que ce n'était "pas des manières" d'imposer Michel Barnier dans le fief de Rachida Dati. "Laurent Wauquiez ne va pas laisser Michel Barnier, celui qui ne l'a pas intégré au gouvernement, celui qui n'a pas renoncé à 2027, celui que soutient son ex-adversaire à la présidence LR, arriver au Parlement", a affirmé un responsable LR au quotidien.
"Tout va baisser d'un cran. Tout le monde va se parler. Rachida Dati a montré les muscles, maintenant elle peut discuter. Elle voulait juste faire monter les enchères afin d'obtenir un soutien ferme et définitif du parti pour les municipales à Paris", espère au contraire une conseillère LR de Paris. La droite va-t-elle vivre un nouvel épisode d'une guerre fratricide ? "C'est Rachida Dati, avec elle tout est possible", estime une autre élue parisienne, prenant soin de préciser que ce propos est affectueux.
Dernier rebondissement de cette élection partielle très disputée ; Thierry Mariani, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, désormais au Rassemblement national, a annoncé jeudi soir être lui aussi candidat.
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