Mélenchon absent de la Fête de l'Humanité: "La rupture est consommée" entre la France insoumise et le PC
Le politologue Rémi Lefebvre estime que l'absence de Jean-Luc Mélenchon à la Fête de l'Humanité résulte d'une stratégie de rupture du président de La France insoumise avec le Parti communiste et "les traditionnelles logiques d'appareils".
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En déplacement à La Réunion, Jean-Luc Mélenchon n'ira pas à la Fête de l'Humanité cette année, le samedi 16 et le dimanche17 septembre. Pourtant on ne parle que de lui dans les allées du parc départemental de La Courneuve en Seine-Saint-Denis où se tient cette fête du Parti communiste (PC). Jean-Luc Mélenchon "ne veut plus être enferré dans les traditionnelles logiques d'appareils", a expliqué Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Lille et chercheur au Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales (Ceraps), samedi 16 septembre sur franceinfo.
franceinfo : On a l'impression que Pierre Laurent et le Parti communiste ont du mal à exister face à Jean-Luc Mélenchon, y compris sur leur propre terrain ?
Rémi Lefebvre : C'est un peu cruel et un peu injuste pour le Parti communiste. La Fête de l'Humanité est la vitrine du Parti communiste. C'est une fête politique et finalement le seul cadrage politique et journalistique de cet événement c'est la non-présence de Jean-Luc Mélenchon. Cela traduit bien aujourd'hui la difficulté du PC à exister dans un paysage de gauche complètement transformé depuis la dernière séquence électorale. Dans un système très personnalisé, l'opposition doit être incarnée et le Parti communiste n'a pas eu de candidat à l'élection présidentielle, ce qui est très rare dans son histoire. Du coup, le risque c'est que le Parti communiste, qui a encore un groupe parlementaire aujourd'hui, n'existe plus politiquement. Et comme par ailleurs on a du mal à comprendre son positionnement politique, il a beaucoup de mal à marquer une différence.
Le PC a 16 députés communistes et apparentés, 17 pour La France insoumise. Sur le papier ça fait le même poids, mais dans l'hémicycle, les deux groupes n'ont pas le même écho ?
On l'a vu depuis les élections législatives, on a beaucoup entendu les députés de La France insoumise pendant les débats sur la moralisation de la vie politique et sur les ordonnances. Il y a des nouvelles têtes qui sont apparues, comme Adrien Quatennens par exemple. On ne peut pas en dire autant des députés communistes alors même qu'il y a des personnalités intéressantes et nouvelles comme Elsa Faucillon ou Fabien Roussel mais qui n'ont pas percé médiatiquement. Le leadership à gauche de l'opposition c'est très clairement La France insoumise. Les députés communistes ne sont pas audibles, ne sont pas visibles et n'incarnent pas véritablement l'opposition à gauche.
Dans le combat entre Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon, comment le premier peut-il se démarquer et porter la parole du Parti communiste ?
Jean-Luc Mélenchon a décidé d'adopter la stratégie du populisme de gauche. D'ailleurs, même le terme "gauche", il ne l'utilise plus. Il ne veut plus être enferré dans les traditionnelles logiques d'appareils. Il ne veut plus être englué dans cette affaire. Du coup, il n'a pas de contact avec le Parti socialiste et pas de lien avec le Parti communiste dont il se sent pourtant politiquement plus proche. En face, Pierre Laurent adopte une stratégie plus "old school" [vieille école] pour la gauche : celle de l'union et de la convergence des appareils. Il n'a pas complètement tiré un trait sur le Parti socialiste. Il continue de discuter avec Benoît Hamon. Stratégiquement [entre Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon], la rupture est consommée.
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