Affaire Fillon, échange libre et bras de chemise... Des étudiants de l'EM Lyon racontent le cours "incroyable" de Laurent Wauquiez
Choqués par la diffusion d'une partie de l'intervention du patron des Républicains dans leur école, des étudiants, contactés par franceinfo, veulent défendre le cours auquel ils ont assisté.
/2023/06/06/647efdcbc766b_images.jpg)
/2018/02/19/phprdvfjR_1.jpg)
Ils disent se sentir "trahis", "en colère", "déçus", voire même éprouver "un sentiment de honte". Certains étudiants de l'EM Lyon n'ont pas de mots assez durs pour qualifier la diffusion dans l'émission "Quotidien", sur TMC, des propos de Laurent Wauquiez tenus dans le cadre d'un cours jeudi 15 et vendredi 16 février.
Au début de son intervention, Laurent Wauquiez avait pourtant prévenu : "Si j'ai la moindre interface qui sort par le moindre élève, là pour le coup, ça se passera très mal." Mais voilà, dès vendredi soir, l'émission animée par Yann Barthès compile sur près de trois minutes ses punchlines contre Emmanuel Macron, Angela Merkel, Gérald Darmanin ou encore Nicolas Sarkozy.
Des propos qui mettent dans l'embarras le parti Les Républicains, mais également la prestigieuse école lyonnaise. Sans pour autant tous prendre le parti de Laurent Wauquiez, les étudiants contactés par franceinfo défendent la liberté de ton de ce cours.
[ Document #Quotidien]@PaulLarrouturou s'est procuré un enregistrement du cours de Laurent Wauquiez à l'EM Lyon.
— Quotidien (@Qofficiel) 16 février 2018
Il démolit Darmanin, balance sur Sarkozy et accuse Macron d'avoir monté une "cellule de démolition" contre le candidat Fillon. pic.twitter.com/7rJW2prAI7
Une lettre de motivation pour assister au cours
Jean, Paul et Anatole l'assurent : ils ne sont encartés dans aucun parti mais sont passionnés de politique et ont donc sauté sur l'occasion. "Des amis qui avaient eu le cours mi-décembre me l'avaient conseillé en me disant qu'il était incroyable", raconte Jean, 22 ans, en dernière année à l'EM Lyon. Laurent*, qui a assisté à ce premier séminaire, se souvient "d'un échange extrêmement libre" et "d'une ambiance très apaisée".
Pour y assister, les élèves de l'EM Lyon ont d'abord dû prouver leur motivation. "Il a fallu faire une petite lettre pour expliquer en quoi ce cours nous intéressait car il y avait beaucoup de demandes", explique Paul, 23 ans, lui aussi en dernière année. Trente-cinq étudiants sont finalement sélectionnés.
La thématique de ce cours est pour le moins vaste : il s'agit d'évoquer les grands enjeux contemporains. "L'essentiel du cours, 10 heures sur 12, il [Laurent Wauquiez] a fait des explications philosophiques, littéraires et artistiques des grands schémas de pensée qui structurent la France", assure Jean.
On a eu quelqu'un qui se livrait, qui parlait sur le ton de la confession et qui ne faisait pas de com'.
Jean, étudiant à l'EM Lyonà franceinfo
Un cas pratique inspiré par l'affaire Fillon
Laurent Wauquiez organise également des cas pratiques sur lesquels les étudiants planchent.
Mon groupe travaillait sur le sujet de la politique migratoire. On devait en dix minutes chercher des infos sur internet et montrer que l'on maîtrisait le sujet.
Paul, étudiant à l'EM Lyonà franceinfo
"On a fait un parallèle entre les promesses de Macron candidat et son programme sur la politique migratoire qu'il a présenté pendant ses vœux pour montrer qu'il y avait une différence", poursuit Paul. En retour, le patron des Républicains délivre des conseils sur la forme. "Il voulait nous former à prendre la parole en public. Il m'a dit que j'avais de bonnes idées mais que je devais plus m'affirmer", se souvient Paul.
Laurent Wauquiez nous a dit : 'vous êtes dans l'équipe Fillon et vous venez d'apprendre qu'il est mis en examen, vous faites quoi ?
Anatole, étudiant à l'EM Lyonà franceinfo
L'affaire Fillon offre un autre cas pratique. "On a dû écrire un communiqué de presse et il nous a dit : 'attention, il ne faut pas dire ce genre de mot sinon les journalistes vont vous reprendre'", explique Anatole, 24 ans. Quel était le mot à bannir ? L'étudiant assure ne pas s'en souvenir. Le cas de l'ancien candidat à l'Elysée avait déjà été étudié mi-décembre.
Sur l'affaire Fillon, il a concédé un certain nombre d'erreurs mais sans en dire plus.
Laurent*, étudiant à l'EM Lyonà franceinfo
Une séance de questions-réponses musclée
Tous l'assurent : les quelques minutes diffusées par "Quotidien" ne reflètent pas l'intégralité du cours. Les étudiants affirment avoir poussé Laurent Wauquiez dans ses retranchements. "On posait énormément de questions, on l'interrompait au milieu de ses phrases, (...) on utilisait des mots plus virulents que les siens", assure Jean qui veut "rétablir la vérité" sans "défendre Monsieur Wauquiez". "On sait qu'il va essayer de nous vendre son point de vue mais nous on entre dans le jeu et on le challenge", rebondit Anatole. D'ailleurs, dès le début du cours, le chef de file des Républicains a prévenu :
En arrivant, il nous a dit qu'il avait des convictions et qu'il n'allait pas les ranger au placard.
Paul, étudiant à l'EM Lyonà franceinfo
Les questions sur l'actualité fusent. "Gérald Darmanin va-t-il tenir ?" "N'êtes-vous pas jaloux de M. Macron ?" "Cette question, c'est moi qui lui ai posé", indique Paul. Réponse de l'intéressé, reprise par "Quotidien" : "Le président actuel, Macron, lui pour faire cool, il fait comme moi ! Il se met en chemise. Bras de chemise. Jamais un président de la République ne s'était mis en bras de chemise."
"Ça va nous priver d'un cours passionnant"
Quand ces propos fuitent, Anatole dit avoir d'abord "ressenti de la colère puis un sentiment de honte d'avoir rompu ce pacte de confiance entre lui et nous". Dans l'esprit de plusieurs étudiants germe l'idée d'une tribune. Elle est finalement diffusée samedi, sans aucune signature nominative. "On voulait que ce soit anonyme car on est tous de sensibilités politiques différentes mais on l'a tous signé", assure Jean. Impossible à vérifier.
Tribune étudiante suite au cours donné par @laurentwauquiez #Wauquiez #Quotidien pic.twitter.com/s4Zqt1cxWh
— Coco l'Asticot (@colcak) February 17, 2018
Les participants au séminaire n'attendent maintenant qu'une chose : savoir si la deuxième partie du cours, prévue les 16 et 17 mars, aura bien lieu. Cela semble pour le moment mal parti. Et Paul est déçu d'avance : "C'est égoïste d'avoir enregistré un prof à son insu car ça va possiblement nous priver d'un cours qui est passionnant."
* Le prénom a été modifié à la demande de l'intéressé.
À regarder
-
B. Netanyahou : sa déclaration choc à l'ONU
-
Guerre Israël-Hamas : "Ces deux peuples ne pourront plus jamais vivre ensemble !"
-
Pourquoi on doit garder du cash chez soi ?
-
Ingérences russes en Moldavie
-
À 12 ans, il porte plainte contre Roblox
-
Survol de drones : l'inquiétude grandit au Danemark
-
Gaza : la route de l'exode
-
Pourquoi ce bébé girafe est une bonne nouvelle
-
Marie-Céline Bernard, pionnière du rugby féminin en France
-
Une centaine d'agriculteurs manifestent devant le château de Versailles
-
"Faites des parents" : une campagne pour le don de gamètes
-
Cette alerte a sauvé une ado
-
Un Polonais devient le premier alpiniste à descendre l'Everest à ski sans oxygène
-
L'Oktoberfest à Munich comme si vous y étiez
-
Condamnation de Nicolas Sarkozy : "C'est le pays tout entier qui va être éclaboussé !"
-
Opérations ratées : un ophtalmo visé par plusieurs plaintes
-
Ingérence russe : les élections moldaves sous surveillance
-
Pourquoi faut-il avoir de l'argent liquide chez soi ?
-
Etat palestinien : Benyamin Nétanyahou prépare sa riposte à l'ONU
-
Nicolas Sarkozy : comment va-t-il purger sa peine ?
-
Décès au KFC : un corps découvert aux toilettes au bout de 30h
-
N. Sarkozy condamné : l'ancien président ira en prison
-
Braquage impressionnant dans une bijouterie en Californie
-
L’ancien président Nicolas Sarkozy ira en prison
-
Malfaçons : 38 degrés toute l'année chez eux
-
Cookies, gaufres : le succès des fast-foods sucrés
-
Y'a des pesticides dans les nuages
-
Marylise Léon réagit à la colère des patrons
-
Une nouvelle photo officielle pour Joe Biden à la Maison Blanche ?
-
Carla Bruni arrache la bonnette du micro de Mediapart
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.