L'unité syndicale affichée tout au long du conflit sur les retraites témoigne des évolutions dans les grandes centrales
Depuis la première journée d'action unitaire du 27 mai, qui avait mobilisé entre 395.000 et un million de personnes, le front syndical tient bon.Près de six mois plus tard, les leaders des deux grandes organisations ont même annoncé d'une seule voix sur France 2, que le mouvement aller continuer.
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Depuis la première journée d'action unitaire du 27 mai, qui avait mobilisé entre 395.000 et un million de personnes, le front syndical tient bon.
Près de six mois plus tard, les leaders des deux grandes organisations ont même annoncé d'une seule voix sur France 2, que le mouvement aller continuer.
"C'est pas fini". "Je persiste, le mouvement n'est pas fini. Il continuera, il prendra d'autres formes, les sujets soulevés par ce mouvement ne sont pas clos, quels que soient les épisodes des prochains jours", a assuré le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault.
Même son de cloche pour le numéro un de la CFDT : "le débat parlementaire va se terminer, on sera dans une autre optique c'est évident", a prévenu François Chérèque.
Le syndicalisme apparaît fort parce que rassemblé dans l'action
Si l'unité a fonctionné à plein depuis le printemps et que les centrales se montrent déterminées à poursuivre la bataille, quel est le bilan ? Qu'ont obtenu réellement les syndicats ?
La réponse est à nuancer. Sur le plan de l'image, les organisations sortent, si ce n'est renforcées, tout au moins confortées dans leur statut d'interlocuteurs incontournables du gouvernement. Ils ont rempli leur rôle de "partenaires" tout en gérant leurs troupes de manière responsable et raisonnable.
Sur le plan des résultats en revanche, le bilan est plus maigre selon Guy Groux : "Certes, les syndicats se sont battus jusqu'au bout mais l'opinion et les salariés leur demandent d'être plus influents" relève le chercheur du CEVIPOF. "Avoir mené un conflit aussi long et sortir sans rien...".
Autrement dit, pas sûr que la "victoire de l'opinion" selon l'expression de François Chérèque, comme la popularité et le succès des journées d'action se traduisent par une recrudescence d'adhérents dans les prochains mois.
Que révèle cette nouvelle donne syndicale ?
Défiler côte-à-côte contre le projet de réforme, les inégalités ou la crise ne constitue pas pour autant une plate-forme commune de propositions.
L'avenir n'est certes pas écrit mais plusieurs obstacles se profilent à l'horizon pour l'alliance CGT/CFDT. A commencer par la suite des discussions sur les retraites, un dossier que le gouvernement entend remettre au coeur des discussions dès 2013. Car si François Chérèque est ouvertement partisan d'un système par points, Bernard Thibault, lui, n'y est pas favorable. "On reste hostile à la retraite par points, qui renvoie au parcours personnel de chaque individu. La Suède, qui a adopté ce système, a connu une baisse de 8% sur deux ans au niveau des pensions...", explique-t-il dans le journal Libération du 27 octobre. "Il faut un système solidaire entre générations et entre professions. Et il faut le financer...". ajoute-t-il.
Il y a par ailleurs un autre paramètre. Plus profond. Hier il y avait d'un côté un front réformiste autour de la CFDT, la CFTC et la CGC et en face un front protestataire composé de la CGT, la FSU, SUD et en partie FO explique Guy Groux.
Or la réforme de la représentativité est passée par là. Désormais, seuls les syndicats totalisant 10% des voix dans les entreprises et 8% dans les branches sont représentatifs et vont pouvoir, à ce titre, participer aux négociations et à la production d'accords collectifs.
En clair, on s'achemine vers un probable affaiblissement des plus petits syndicats comme la CFTC ou la CGC "et donc à l"affaiblissement, à divers niveaux, du front réformiste constitué autour de la CFDT" affirme le chercheur.
La mutation de la CGT
Depuis plusieurs années, la CGT a entrepris sa mue sous la houlette de Bernard Thibault qui croit à l'obtention des résultats par l'opposition comme toujours mais aussi, et c'est plus nouveau, par la négociation.
Elle est d'ailleurs totalement partie prenante des grandes organisations internationales réformistes comme la Confédération européenne des syndicats et la Confédération syndicale internationale.
La CGT aurait en outre d'autant plus intérêt à négocier "qu'elle est très présente sur le terrain, reste puissante sur le plan de la mobilisation collective et peut maîtriser les actions de base" explique Guy Groux, ce qui en fait un partenaire de choix des pouvoirs publics et notamment du chef de l'Etat.
En donnant à la CGT une place centrale au sein du dialogue avec les syndicats, Nicolas Sarkozy vise à rendre moins conflictuelle la mise en œuvre des réformes à venir, quitte à faire des concessions aux attentes cégétistes explique M. Groux.
En résumé, la CGT est aujourd'hui à un carrefour entre d'un côté le réformisme et de l'autre "un syndicalisme de lutte".
Et du choix qui sera fait par la centrale cégétiste dépendra en partie la teneur et le tempo des prochaines réformes engagées par le pouvoir et du climat social qui les accompagnera.
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