On vous explique pourquoi les vacances de Jean-Michel Blanquer à Ibiza à la veille de la rentrée scolaire passent mal
Le ministre de l'Education nationale était déjà critiqué pour sa gestion de l'épidémie à l'école et sa communication autour du protocole sanitaire. Après les révélations de Mediapart, une partie de l'opposition réclame sa démission.
Des vacances qui ne passent pas. Alors que le variant Omicron faisait exploser le nombre de contaminations en France et menaçait la rentrée scolaire de janvier, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education, nationale était en vacances en Espagne, à Ibiza, selon les informations de Mediapart, confirmées à franceinfo. "Il se trouve que le lieu que j'ai choisi, j'aurais dû en choisir sans doute un autre. La symbolique, je la regrette", a reconnu le ministre lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, mardi 18 janvier.
Voici ce que l'on sait de ces révélations qui viennent s'ajouter aux critiques concernant la gestion de la crise sanitaire à l'école et surviennent à l'avant-veille d'une nouvelle journée de grève à l'Education nationale.
Un séjour au soleil dans un contexte tendu
Fin décembre 2021, en pleine cinquième vague de Covid-19, le nombre de contaminations au coronavirus se comptaient en centaines de milliers par jour en France. De quoi mettre à mal le système éducatif, touché de plein fouet par des milliers de fermetures de classes avant les congés de fin d'année. La rentrée scolaire s'annonçait difficile et le protocole sanitaire de la rentrée du 3 janvier 2022 était donc attendu avec impatience par les enseignants et les parents d'élèves.
Dans cette période agitée, Jean-Michel Blanquer était en vacances à Ibiza, en Espagne, a appris franceinfo auprès du ministère de l'Education nationale, lundi 17 janvier, confirmant une information de Mediapart. Le ministre s'est rendu aux Baléares du 28 décembre au 2 janvier, soit à la veille de la rentrée scolaire. "Ce n'est pas parce qu'il n'était pas là qu'il n'était pas au travail, qu'il n'était pas connecté et loin de ce qu'il se passait", défend le cabinet du ministre à franceinfo.
"Depuis deux ans, je travaille sept jours sur sept, pour la gestion scolaire de la crise sanitaire, a tweeté Jean-Michel Blanquer mardi, postant la vidéo de sa réponse aux députés. (...) J'ai pris cinq jours de congé. En lien chaque jour avec mon ministère au service de l'école."
Depuis 2 ans, je travaille 7 jours sur 7 pour la gestion scolaire de la crise sanitaire.
— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) January 18, 2022
Grâce au travail de tous, notamment des professeurs, la France a été le pays de l’école ouverte.
J’ai pris 5 jours de congé. En lien chaque jour avec mon ministère au service de l’école: pic.twitter.com/PErsKZWZpR
Le protocole révélé dans une interview
Dans ce contexte tendu, le nouveau protocole sanitaire à l'Education nationale a finalement été dévoilé dans Le Parisien, dimanche 2 janvier, à 16h21, à la veille de la rentrée scolaire, sous la forme d'une interview de Jean-Michel Blanquer accessible uniquement aux abonnés du quotidien francilien. L'entretien avait été réalisé "par téléphone" la veille, samedi 1er janvier, selon Pierre Chausse, directeur délégué des rédactions du journal.
"Les journalistes en charge de cette interview ignoraient qu'il était à Ibiza à ce moment-là. Il n'y avait donc aucune volonté de cacher une information que nous n'avions simplement pas", a-t-il précisé sur Twitter, après des critiques sur l'utilisation de l'image d'illustration de l'article montrant le ministre de l'Education nationale dans son bureau, à Paris.
L’entretien avec JM Blanquer a été réalisé le samedi 1er janvier à distance, par téléphone. Les journalistes en charge de cette interview ignoraient qu’il était à Ibiza à ce moment-là. Il n’y avait donc aucune volonté de cacher une information que nous n’avions simplement pas !
— Pierre Chausse (@MonsieurPierre) January 18, 2022
Les nouvelles consignes ont également été diffusées sur le site de l'Education nationale et leurs réseaux sociaux dimanche 2 janvier aux alentours de 18 heures. Une communication tardive "pour être au plus près de la réalité sanitaire", avait justifié Jean-Michel Blanquer le lendemain sur LCI.
Les syndicats et l'opposition fulminent
La publication tardive et dans la presse du protocole sanitaire de la rentrée de janvier avait déjà provoqué la colère de nombreux syndicats enseignants et de responsables politiques de l'opposition. Deux semaines après, les révélations selon lesquelles Jean-Michel Blanquer était en vacances à Ibiza à ce moment là ont relancé la polémique de plus belle.
"Le symbole est terrible", s'est indignée Sophie Vénétitay, la secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, sur franceinfo. "Bien évidemment, tout le monde a le droit de prendre des vacances mais là, on était la veille d'une rentrée très particulière." "Cette révélation alimente la fracture et le sentiment de mépris que peuvent avoir beaucoup de personnels dans l'Education nationale", poursuit-elle.
"Il y a vraiment un décalage entre ce que représente Ibiza et ce que vivaient les collègues au quotidien en cette veille de rentrée. (...) Ça va forcément creuser encore plus le fossé qui existait déjà entre le ministre et ses personnels."
Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSUà franceinfo
Les responsables politiques de l'opposition se sont également indignés après ces révélations. "Il a droit aux vacances, il a le droit de bosser aussi pour faire en sorte que cette rentrée ne soit pas la pagaille absolue", a fustigé le candidat écologiste à l'élection présidentielle, Yannick Jadot, invité mardi des "4 Vérités" sur France 2. Même son de cloche du côté des socialistes. "C'est le sentiment du retour du 'bling bling' à un moment où on demande à tout le monde de se serrer la ceinture", a réagi le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur franceinfo. Plusieurs députés de La France insoumise ont appelé Jean-Michel Blanquer à la démission.
Le gouvernement défend le ministre...
Face à la polémique sur ces vacances à Ibiza, le gouvernement a fait bloc derrière son ministre de l'Education nationale. "Il faut être facilement rapatriable à Paris, joignable en permanence, je n'ai pas de raison de penser que ce n'était pas le cas", a affirmé Gabriel Attal sur CNews. Le porte-parole du gouvernement a fait valoir que le protocole sanitaire avait été présenté tardivement pour prendre en compte les recommandations du Haut-Conseil de la santé publique, lesquelles ont été rendues le 31 décembre dans l'après-midi.
"Le ministre de l'Education nationale est extrêmement mobilisé et engagé depuis quatre ans et demi. (...) C'est une polémique de pré-campagne présidentielle", a balayé de son côté Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, sur franceinfo. "Je ne crois pas qu'il doive s'excuser", a ajouté le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, également sur franceinfo.
... mais des voix le critiquent en coulisses
Malgré la défense publique de ses collègues du gouvernement, certains conseillers de l'exécutif ont critiqué le choix du ministre de l'Education nationale. Selon Le Monde, un conseiller affirme que Matignon, tout comme une partie de l'entourage de Jean-Michel Blanquer, avait déconseillé au ministre de partir à Ibiza dans ce contexte d'explosion de la vague Omicron. "En termes d'image, Ibiza, c'est cata", estime un dirigeant de la majorité.
Cette nouvelle polémique vient donc s'ajouter aux critiques à peine voilées d'Emmanuel Macron, quelques jours plus tôt, sur la publication tardive du protocole sanitaire. "Il faut plus d'anticipation et plus de temps aux rectorats pour communiquer avec les écoles", avait reconnu le chef de l'Etat, mardi 4 janvier, dans un entretien au Parisien.
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