David Lisnard, nouveau président de l’AMF, déplore qu’il n’y ait "aucune volonté de décentralisation" dans la politique d’Emmanuel Macron
Le maire de Cannes, élu à la tête de l'Association des maires de France le 17 novembre, plaide pour une "réforme de l’appareil d’Etat".
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"Une des causes de l’échec de ce quinquennat est l’incapacité à créer de la liberté locale", a estimé David Lisnard, nouveau président LR de l’Association des maires de France (AMF) le 17 novembre et invité dimanche 21 novembre sur franceinfo. Le maire de Cannes succède à François Baroin. David Lisnard estime qu'"il n’y a aucune volonté de décentralisation" au sein du gouvernement actuel.
franceinfo : Vous avez assez largement battu votre rival, Philippe Laurent, pourtant "Macron compatible". C’est un vote de défiance ?
David Lisnard : J’espère déjà que c’est un vote d’adhésion pour le projet que je présentais, et ma liste pluraliste, dans la tradition de l’AMF. Beaucoup de maires qui nous accompagnent sont non-encartés, car l’immense majorité des maires de France n’a pas de parti politique. Parmi ceux qui ont un engagement politique, comme c’est mon cas, on va du parti communiste jusqu’à LR. Depuis 1907, c’est ce qui fait la force de l’AMF. C’est une association de maire pour faire valoir une approche des libertés locales, de la subsidiarité, et la recherche de la performance publique. C’est ce qui nous motive. Cette approche-là a suscité l’adhésion, avec plus de 63 %. Et puis les manœuvres qui se sont avérées téléguidées par l’Elysée ou des mouvances proches de l’exécutif, contrarient un certain nombre de maires qui veulent que l’AMF reste une association libre.
Dans quel état d’esprit avez-vous accueilli Emmanuel Macron pour clôturer votre Congrès ? Vous avez dénoncé devant lui un manque de dialogue et de confiance.
Je l’ai accueilli comme on l’a toujours fait à l’AMF avec les chefs de l’Etat. Cela a été très compliqué au début de son mandat, et ça l’est toujours. La nationalisation de la taxe d’habitation a dévitalisé un peu plus les communes et le lien civique entre la responsabilité face à l’impôt et l’action publique. Depuis, les choses se sont apaisées. Certaines dispositions législatives sont parfois intéressantes, mais il n’y a aucune volonté de décentralisation. Une des causes de l’échec de ce quinquennat est l’incapacité à créer la liberté locale.
Vous dénoncez en particulier une bureaucratie écrasante. Pensez-vous être un jour entendu par l’Etat sur ce point-là ?
Il faudra bien qu’on soit entendu, puisque cela pénalise les entreprises, les mairies. Ce n’est pas une fatalité : il faut de l’administration et de la procédure, cela fait partie d’une civilisation. On estime en France que 33% des agents publics font uniquement des tâches administratives et non tournées vers le public. La moyenne européenne est de 23,5%, et de 25% pour l’Allemagne, qui est un pays très administré. Ces huit points d’écart entre l’Allemagne et la France représentent 450 000 agents, qu’on pourrait remettre sur le terrain et retrouver une proximité. On pourrait faire des économies de fonctionnement, défendre les contribuables qui en ont bien besoin en France, et mieux payer les fonctionnaires.
L’immense majorité des textes de loi sous la Ve République viennent du gouvernement. Lorsque ces textes concernent l’organisation des pouvoirs publics, et a fortiori les mairies, il suffirait que nous puissions travailler dessus en amont, et éviter d’avoir les parcours technocratiques qu’on a depuis des années, conformistes et hors-sol. On doit aussi appuyer l’action du Conseil national d’évaluation des normes qui fait des propositions mais n’est pas entendu. L’enjeu est de pouvoir retrouver de la simplicité et de l’efficacité dans l’organisation, afin de préserver les usagers, de retrouver du service de proximité et de redonner du sens aux missions des agents publics et fonctionnaires. C’est une réforme dont personne ne parle mais qui est essentielle : la réforme de l’appareil d’Etat, le renouveau de la décentralisation et le retour du principe de subsidiarité.
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