Mort de Jacques Delors : ce rendez-vous manqué de l'élection présidentielle de 1995
Après plusieurs mois de suspense, et alors qu'il est en tête des sondages à gauche, cette figure de la construction européenne avait surpris les Français en direct à la télévision.
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La disparition d'un "inépuisable artisan de notre Europe" : Emmanuel Macron, comme de nombreux responsables politiques français et européens, salue la mémoire de Jacques Delors, architecte de la construction européenne et père de l'euro. L'ancien président de la Commission européenne est mort, dans sa 99e année, "ce matin (mercredi) à son domicile parisien dans son sommeil", a annoncé à l'AFP sa fille Martine Aubry, maire socialiste de Lille.
Si, jusqu'au bout, il a défendu l'unité de l'Europe, appelant en mars 2020 les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE à plus de solidarité au moment où ces derniers s'écharpaient sur la réponse commune à apporter à la pandémie de Covid-19, en France, il avait stupéfié les électeurs de gauche, un soir de décembre 1994.
"Un mode de vie plus équilibré entre la réflexion et l'action"
Ce dimanche 11 décembre 1994, après six mois de suspens, c'est sur le plateau de "7 sur 7" d'Anne Sinclair que Jacques Delors met fin au suspens en direct à la télévision devant 13 millions de téléspectateurs : "J'ai décidé de ne pas être candidat à la présidence de la République", lâche-t-il, en lisant des notes, chose rare pour lui, glissant que "c'est trop important".
"Je vais atteindre 70 ans, je travaille sans relâche depuis 50 ans et il est plus raisonnable, dans ces conditions, d'envisager un mode de vie plus équilibré entre la réflexion et l'action", avait-il déclaré, ses yeux bleus tombants face à la caméra. Il est pourtant en tête des sondages, les espoirs de la gauche sont aussitôt douchés.
"Il fait sortir tout le monde, les dirigeants de TF1 y compris. Et il me dit : 'Je n'y vais pas', se souvient Anne Sinclair sur franceinfo. À ce moment-là, j'accuse le coup comme citoyenne parce que je souhaitais sa candidature."
28 ans après, Olivier Faure, l'actuel premier secrétaire du Parti socialiste, n'a pas envie de refaire l'histoire, comme il le glisse à franceinfo : "Il voulait d'abord porter ses convictions avant d'être un homme de pouvoir. Ça l'a fait aussi renoncer à ce qu'il pensait être une épreuve inutile parce qu'il craignait de ne pas avoir de majorité. Il ne voulait pas être un président fantoche."
"Je ne dis pas que j'ai eu raison"
Emmanuel Macron, aujourd'hui au pouvoir sans majorité absolue, salue "son engagement", son idéal et sa droiture". Pour François Hollande, Jacques Delors était la référence de la social-démocratie à la française. Malgré son renoncement, il a, selon lui, réussi à remettre la gauche en mouvement dans un moment où elle était très en difficulté. "Le fait qu'il soit haut dans les sondages, le fait même qu'il puisse être regardé comme pouvant battre le favori, Édouard Balladur à l'époque... Tout cela a fait que la gauche a repris confiance, même s'il a renoncé. Ça a été pour la gauche un coup de semonce et l'a obligée à se mettre en bon ordre. Finalement, c'est Lionel Jospin qui a ramassé le témoin, qui a pu porter cet espoir et qui a permis de faire un score très honorable à l'élection présidentielle de 1995, puis ensuite cette victoire aux élections législatives de 1997. Tout cela est dû, indirectement, à ce qu'a fait Jacques Delors", analysait l'ancien chef de l'Etat, mercredi 28 décembre sur franceinfo.
"Ce jour-là, j'ai renoncé à la politique", dira plus tard Jacques Delors. "Je n'ai pas de regrets, mais je ne dis pas que j'ai eu raison, confiait-il dans Le Point en 2021. J'avais un souci d'indépendance trop grand, et je me sentais différent de ceux qui m'entouraient. Ma façon de faire de la politique n'était pas la même." Sa carrière politique avait ensuite marqué le pas et c'est presque en simple militant que Jacques Delors avait poursuivi ses combats à partir du milieu des années 90.
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