Témoignage Fin des avantages à vie des anciens ministres : "Une excellente nouvelle" qui va "dégager" des hommes pour "d'autres missions", selon l'ancien chef du service de la protection

Frédéric Auréal, ancien responsable du service de la protection (SDLP) se félicite de la décision de Sébastien Lecornu de mettre un terme aux avantages et protections accordés aux anciens ministres.

Article rédigé par franceinfo
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Frédéric Auréal, ancien responsable du service de la protection (SDLC), était l'invité de franceinfo le 16 septembre 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Frédéric Auréal, ancien responsable du service de la protection (SDLC), était l'invité de franceinfo le 16 septembre 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Une "décision courageuse prise par le Premier ministre", salue Frédéric Auréal, l'ancien chef du service de la protection (SDLP), service de la police nationale, sur franceinfo, mardi 16 septembre. Sébastien Lecornu a annoncé, lundi, la suppression des "avantages à vie" des anciens membres du gouvernement dès le 1er janvier 2026. Sur les 29 anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, 27 sont toujours protégés. Voiture avec chauffeur, secrétariat particulier ou encore protection policière, ces avantages coûtent 4,5 millions d'euros par an.

"Je suis très heureux de la décision prise par le Premier ministre", salue Frédéric Auréal, à la tête du SDLP de 2012 à 2020. D’abord "pour la moralité publique", car "on ne peut pas demander aux Français de faire des efforts et laisser perdurer un système qui date d'un autre temps", explique l'ancien policier. De plus, il souligne aussi que, face à "la menace constante terroriste, il faut préserver le potentiel opérationnel" et ne pas "éparpiller" des hommes "dans des missions qui n'ont pas de sens".

Il prend l'exemple de l'attentat de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 : "On a été amené quasiment en temps réel à prendre une vingtaine de protections pour des personnes extrêmement menacées. Cela veut dire avec des dispositifs impliquant des moyens humains et des moyens matériels conséquents, tels que des voitures blindées."

Frédéric Auréal s'interroge : "Pourrions-nous le faire aujourd'hui avec cette accumulation de missions ?" Une accumulation qu'il juge "surprenante" pour un certain nombre d'entre elles. Il met en avant la nécessité, lors d'un attentat, "de pouvoir rapidement mettre en place" cette protection. Et pour lui, "ce n'est plus possible, on ne peut pas."

Des protections indues ?

Frédéric Auréal rappelle que le service de la protection dont il avait la charge "est constitué de fonctionnaires de très, très haut niveau". Or, certains agents ont fait part de leur "mécontentement" car ils ne comprennent pas toujours quelles sont leurs missions, certaines étant qualifiées de "missions taxi". Concernant certains ministres âgés qui sont protégés, cela se résume parfois à les emmener chez le médecin pour des consultations. La décision de Sébastien Lecornu "va permettre de dégager du potentiel humain pour d'autres missions", se félicite l'ancien policier.

Une personnalité sous protection policière, lorsqu'elle est en déplacement, occasionne des frais, tels que la voiture, les repas ou les chambres d'hôtel, qui ont augmenté ces dernières années avec l'inflation. Le SDLP, qui doit être en mesure, en temps réel, de donner des effectifs, s'est "retrouvé parfois dans des impossibilités de pouvoir le faire, et c'était dû à ce type de mission", rappelle son ancien chef.

La masse salariale des agents du SDLP représente également une part importante des coûts. Les vacations horaires peuvent être assez élevées, comprendre des heures de nuit, et cela engendre des centaines de milliers d'heures supplémentaires. "C'est un effet boule de neige, plus ça va et plus ce potentiel humain diminue et plus on recrute, regrette Frédéric Auréal. Ce n'est pas comme ça qu'on peut gérer un service. Et surtout au moment où on est en train de regarder les effectifs de la fonction publique pour y trouver de la marge pour économiser."

Il est pourtant "extrêmement" difficile de retirer une protection policière, souligne Frédéric Auréal qui a été amené à le faire, "parce que l'essayer, c'est l'adopter, effectivement ce sont des moments qui peuvent être compliqués".


Regardez l'interview de Frédéric Auréal en intégralité :

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