Lecornu renommé Premier ministre : "l'objectif était uniquement de réimposer ce qu'on appelle le socle commun" indique Cyrielle Chatelain

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Article rédigé par franceinfo - Brigitte Boucher - Edité par 6Médias
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Alors que Sébastien Lecornu a été reconduit au poste de Premier ministre, Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste et social a été interrogé sur la réunion qui s'est tenue vendredi 10 octobre dans "La Matinale" du samedi 11 octobre.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Brigitte Boucher : Vous êtes présidente du groupe écologiste et social à l'Assemblée nationale. Vous étiez à la réunion hier à l'Élysée à 14h30. Réunion qui s'est étendue, qui a duré plus de deux heures. Est-ce qu'à l'issue de cette réunion, vous vous attendiez à ce que Sébastien Lecornu soit renommé ?

Cyrielle Chatelain : Oui. On a assisté quand même à un président de la République sûr de son bon droit, finalement obtus dans sa vision des choses. Et nous avions bien vu que l'objectif de la réunion était uniquement de réimposer ce qu'on appelle le socle commun, c'est-à-dire l'alliance des macronistes et des LR comme le socle du futur gouvernement. 

Pourquoi ça a pris autant de temps alors ? Pourquoi a-t-il fallu attendre 22 heures pour que Sébastien Lecornu soit renommé ? 

Je pense que vous l'avez vu, ce socle commun que le président cherche à tout prix à imposer, il n'existe pas. Il implose de tous les côtés. C'est Bruno Retailleau qui quitte le gouvernement par tweet, c'est Édouard Philippe qui ne sait plus si, finalement, son parti rentrera ou non au gouvernement. C'est donc extrêmement instable, ce socle. 

Vous le prenez comme une provocation ou comment analysez-vous le retour de Sébastien Lecornu ? 

Je pense que c'est pire qu'une provocation. Parce qu'une provocation, c'est le côté de Macron, venez me chercher. Mais là, c'est vraiment un côté de négation totale des votes. C'est-à-dire que non seulement il y a eu un vote lors des législatives où sa politique a été rejetée. Depuis, par trois fois, aucun gouvernement sur ce fameux socle commun n'a tenu. Et là, finalement, il dit un peu... Enfin, comme il l'avait dit, finalement, il dit un peu aux Français, "je vous emmerde, je fais ce que je veux".   

Jusqu'ici, ils justifiaient cela en disant que le socle commun c'est 210 députés, alors que la gauche a moins de députés et donc c'est le groupe, on pourrait dire, le plus nombreux. Aujourd'hui, vous trouvez que ça se justifie encore si le socle commun implose ? 

Non, et c'est exactement ce que nous lui avons dit. Nous lui avons dit deux choses. La première, c'est que pour que ça fonctionne, il faut une séparation et un équilibre dans les pouvoirs législatifs et exécutifs, ce qui n'est absolument pas garanti en nommant un très proche par deux fois. Le président de la République nomme finalement son bras droit à Matignon. Déjà, cette séparation et cet équilibre des pouvoirs ne fonctionnent pas. Le président de la République continue à concentrer tous les pouvoirs. Et la deuxième chose, c'est que nous lui avons dit, nous avons 191 députés de gauche et écologistes et il est indispensable, à un moment, que le vote soit entendu et que la gauche puisse démontrer sa capacité à gouverner, à faire tenir un gouvernement et à passer des textes en discussion à l'Assemblée nationale.

Sauf que 191 députés, on est là encore très très loin d'une majorité, des 289 députés. Qu'est-ce qui justifie que ce soit plus un premier ministre de gauche qu'un premier ministre macroniste ? 

Trois échecs. Trois échecs depuis un an. Mais je pense que cette chance de République repose dans les équilibres. Aujourd'hui, on a une force politique minoritaire dans le pays qui a la présidence de la République, Matignon, et la présidence de l'Assemblée nationale. En fait, ils ont tout. Ce n'est pas possible. Il faut un partage des pouvoirs. C'est indispensable. 

Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

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