Reportage "Si je peux permettre d'accélérer les choses, je le ferai" : pour son premier déplacement officiel, la ministre déléguée à la Ville Juliette Méadel a choisi Clichy-sous-Bois

Juliette Méadel, ancienne porte-parole du PS et déléguée à la Ville du nouveau gouvernement Bayrou, a effectué vendredi son premier déplacement officiel à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.

Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Juliette Méadel en déplacement à Clichy-sous-Bois, décembre 2024. (VICTORIA KOUSSA / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Juliette Méadel en déplacement à Clichy-sous-Bois, décembre 2024. (VICTORIA KOUSSA / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Les déplacements des membres de la nouvelle équipe de François Bayrou se multiplient, en cette semaine de Noël, avant même le premier Conseil des ministres qui se tiendra la semaine prochaine. Juliette Méadel, déléguée à la Ville et ancienne porte-parole du PS, est l'une des seules personnalités de gauche à avoir intégré le gouvernement. Elle a justement choisi une ville de gauche, Clichy-sous-Bois, pour sa première visite sur le terrain.

Des murs tagués, des halls délabrés, des ordures, des poussettes et des caisses entassées dans les coins de fenêtre. "Tu as vu Les Misérables de Ladj Ly ?", demande Olivier Klein à Juliette Méadel. Le maire socialiste était à sa place sous Elisabeth Borne. "Bon bah, ça a été tourné là, dans un décor naturel", poursuit le maire.

"Cette jeunesse ne se sent pas forcément aimée"

Tous les deux arpentent la cité du Chêne-Pointu. La copropriété la plus dégradée de France, symbolique aussi pour avoir été le point de départ des émeutes de 2005 après la mort de Zyed et Bouna : "On y pense tous, évidemment, commente Juliette Méadel. Il va y avoir, l'année prochaine, les 20 ans. Je pense aussi à cette jeunesse qui ne se sent pas forcément aimée, qui se sent rejetée, avec laquelle il faut parler. On parle des transports, je pense tout de suite à avoir accès aux facs. C'est à eux qu'il faut s'adresser pour éviter qu'il y ait, à nouveau, des Zyed et Bouna. Et pour casser cette espèce de défiance et de méfiance."

Il faut, selon elle, plus de médiateurs du social, mais pas que : "Le service public, c'est l'ordre public. C'est la sécurité, l'éducation, la santé. C'est un ensemble." Une façon pour cette femme de gauche de justifier sa présence dans un gouvernement qui penche à droite : "Le fait même qu'on m'ait confié à moi, qui suis de gauche, ce portefeuille de la politique de la Ville, c'est le signe que le Premier ministre veut avancer sur ces sujets-là. Donc si je peux permettre, par mon engagement, d'accélérer les choses, je le ferai. C'est aussi pour ça que je suis là."

"Moi, ça m'a réchauffé le cœur de la voir"

Dans un atelier solidaire à quelques pas, on bricole, on élève des poules... Génim y passe du temps, il est touché par sa venue : "Je ne m'y attendais pas, je vous le dis en toute honnêteté. Moi, ça m'a réchauffé le cœur de la voir parce que je ne pensais pas qu'une ministre, pour un premier déplacement, viendrait s'intéresser à nous. Alors que nous, on se sent mis de côté."

"On a l'impression que le train est parti sans nous."

Génim, habitant de Clichy-sous-Bois

à franceinfo

Mais lui et Jean-Louis, le responsable de l'atelier, restent sur leurs gardes : "Il y en a qui sont venus, il y en a qui nous ont promis de revenir, il y en a d'autres qui ne sont jamais revenus. Ce sont des passages, c'est une vitrine, c'est simplement une sortie pour eux... On attend la suite. En espérant qu'elle puisse accomplir ses fonctions comme elle le veut, comme elle le peut surtout." Ils espèrent aussi un peu de stabilité au gouvernement pour permettre à leur quartier d'avancer.

Un premier déplacement à Clichy-sous-Bois pour Juliette Méadel : reportage de Victoria Koussa

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