: Reportage "Demander un effort aux Français, c'est un peu culotté" : sur un marché du Morbihan, des électeurs interpellent leur député MoDem

J-7 avant la rentrée politique des députés à l’Assemblée nationale. Avec un vote de confiance demandé par François Bayrou sur la base de l’article 49-1, qui pourrait faire basculer l’avenir politique du pays et provoquer une potentielle nouvelle dissolution de l’Assemblée. Dans le même temps, les phrases polémiques du Premier ministre sur les boomers ou encore les privilèges des politiques font réagir, pas facile, donc, pour les députés de son bord politique, d’aller au contact de leurs électeurs et de les convaincre.

Le week-end dernier, l'ancien navigateur Jimmy Pahun a parcouru le marché de Port-Louis, près de Lorient. Chemise blanche sur le dos et panier de courses sous le bras, le député MoDem du Morbihan s'avance vers les commerçants du marché de Port-Louis qu'il fréquente depuis 30 ans. 

L'actualité politique arrive toutefois rapidement sur la table avec la question du budget. "Aujourd'hui, on s'attaque à une classe moyenne qui gagne 2 000 euros nets par mois. C'est galère pour vivre, lâche Anastasia, qui travaille dans la rénovation. Et demander un effort aux Français, je trouve que c'est quand même un peu culotté. Ce que je voudrais c'est que, eux, fassent des efforts, ils ont des super salaires. Là, on n'est pas du tout à 2 000 euros net."

"Je ne sais pas ce que va faire notre député MoDem la semaine prochaine, mais, personnellement je serais députée aujourd'hui, je ne voterais pas la confiance."

Anastasia, qui travaille dans la rénovation

à franceinfo

"Lui, il sait très bien ce qu'il fera, le député MoDem, sourit Jimmy Pahun en parlant de lui. Il votera pour la confiance et il votera surtout pour que ce pays se rabiboche. Et je n'ai pas le sentiment d'avoir une vie de nabab. J'ai souvent mes enfants à la maison, je dois racheter ma maison après un divorce. C'est vrai qu'il y a un vrai problème de pouvoir d'achat."

François Bayrou a-t-il bien fait de solliciter ce vote de confiance ? "Ce n'était pas le moment, affirme Maribel, une militante. On n'est pas dans une situation florissante, que ce soit sur le plan national ou international. On a la guerre aux portes de l'Europe, une instabilité économique et sociale. Ça ne me paraissait pas être le bon moment." "Il n'y a jamais de bon moment, rétorque Jimmy Pahun. Moi, je reparle encore du courage du Premier ministre. C'est une question sur la prise de conscience de la dette qu'il y a dans le pays."

"On est tous sur le même navire", martèle le député

"Je crois que les députés sont confrontés aujourd'hui à une forme d'impuissance, déplore Roger, qui tient une épicerie fine dans la Grande Rue de Port-Louis. On veut globalement tous plus d'infirmières, plus d'enseignants, plus de culture. Les finances sont ce qu'elles sont et du coup, les marges de manœuvre sont très réduites. C'est ainsi."

Le député du MoDem souhaite "qu'on essaie de se dire qu'on est tous sur le même navire et qu'on arrive à trouver le plus petit dénominateur commun qui nous fasse aller au moins jusqu'aux prochaines élections présidentielles. Je ne souhaite pas qu'il y ait des élections législatives parce qu'elles nous ramèneraient encore un peu plus le Rassemblement national, redoute Jimmy Pahun. On a des affaires de justice qui sont en cours, il faut laisser le temps à la justice de faire son travail. Il y aura des élections en 2027, les Français décideront en 2027." L'élu du Morbihan refuse à ce stade de nous dire s'il se représentera en cas de dissolution.