Chute du gouvernement Bayrou : "Un certain nombre de députés ont le trouillomètre à zéro à l'idée d'être renvoyés aux urnes", assure Antoine Oberdorff, journaliste politique à "L'Opinion"
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Quel Premier ministre succédera à François Bayrou, peut-on aller vers une nouvelle dissolution, quelle position pour le Parti socialiste ? Antoine Oberdorff, journaliste politique à "L'Opinion", revient sur le départ de François Bayrou et ses conséquences, dans "La Matinale" mardi 9 septembre.
Après le départ de François Bayrou, acté lundi par le vote de confiance amplement défavorable à son gouvernement, Emmanuel Macron a annoncé qu'il nommerait un Premier ministre "dans les tout prochains jours". À quoi doit-on s'attendre ? Pour en parler, franceinfo reçoit dans "La Matinale" du mardi 9 septembre Antoine Oberdorff, journaliste politique à L'Opinion, interrogé sur la séquence politique qui s'ouvre par Jean-Baptiste Marteau.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Jean-Baptiste Marteau : Emmanuel Macron a donc dit, dans un communiqué hier soir, qu'il allait nommer un Premier ministre dans les "tout prochains jours". En langage macroniste, ça signifie quoi ? C'est combien de temps ?
Ça signifie que les promesses n'engagent que ceux qui les croient. Et qu'en l'occurrence, le président de la République a bien en ligne de mire, par contre, le fait qu'il doit s'envoler pour New York et l'Assemblée générale des Nations unies les 22 et 23 septembre, où il doit prononcer un discours important. Ça laisse un peu de marge, mais on sait qu'une nomination, il y a des tirs de barrage, des noms qui sont éventés et sont aussitôt grillés, carbonisés. Il suffit de voir, on avait l'impression que le dispositif de Sébastien Lecornu était presque fini. Le ministre des Armées, ça fait tellement longtemps qu'il se prépare. Et là, ce matin, on se réveille, on prend contact avec nos sources, et on a le sentiment qu'on n'en est pas encore tout à fait là. En réalité, c'est toujours le même manège. Avoir un président de la République, encore une fois, qui se projette sur la scène internationale, en n'ayant personne à Matignon, c'est un signal désastreux pour ses homologues internationaux.
"Il faut que l'honneur socialiste soit sauf"
On en vient aux hypothèses. Il y a d'abord Olivier Faure, ce matin sur France Inter, qui dit qu'il est temps de cohabiter. J'ouvre L'Opinion ce matin et Antoine, là, vous écrivez : "Olivier Faure ou le chaos, les socialistes jouent les enchères". Mais vous précisez tout de suite que l'opération Faure à Matignon, c'est terminé. Maintenant, il faut se repositionner, arrêter de faire les forceurs, c'est ce que vous a dit un parlementaire PS. Donc c'est fini, Olivier Faure ?
Il faut bien comprendre pourquoi ce forcing que va exercer jusqu'à la dernière minute Olivier Faure pour faire vivre le scénario d'une possible cohabitation avec la gauche, pourquoi ceci est utile aux socialistes ? Parce que, dans l'hypothèse où ils auraient à retourner négocier une non-censure, de nouveau être dans une position de neutralité par rapport à un disciple d'Emmanuel Macron, qui aurait été nommé à Matignon, qu'il s'agisse de Sébastien Lecornu ou d'un autre, eh bien, il faut que l'honneur socialiste soit sauf. Et pour que l'honneur des socialistes soit sauf, il faut qu'ils repartent avec un totem, un fétiche, du grain à moudre, quelque chose. Et ça, qu'est-ce que c'est ? Je vous le donne en mille : la taxation des plus hauts patrimoines. Donc c'est la raison pour laquelle ils font monter les enchères. Ils veulent bien faire comprendre à l'exécutif et à l'ex-majorité présidentielle que cette fois-ci, leur non-censure, elle va se payer très cher.
Les socialistes ne peuvent pas faire un gouvernement avec seulement les écolos ou les communistes. Ça ne suffit pas de toute façon.
Attention à cette arithmétique-là, néanmoins. Parce que la base parlementaire dont disposent les socialistes peut sembler extrêmement faible : 66 députés socialistes. Vous me direz, Michel Barnier n'avait que 49 députés LR lorsqu'il a été nommé. Là, nous sommes dans une situation où il va falloir compter, et ce n'est pas très glorieux, j'en suis navré, sur le fait qu'un certain nombre de députés ont le trouillomètre à zéro à l'idée d'être renvoyés aux urnes dans des législatives anticipées en cas de dissolution. Tout sauf une dissolution. Donc, malheureusement, et encore une fois ça renvoie une image pas très noble de la politique, il va falloir compter sur la coalition du refus de la dissolution ou de la présidentielle anticipée. C'est-à-dire des gens qui ont un intérêt objectif à la stabilité quand bien même ils ne sont d'accord, mais alors en rien. Ni sur le partage de l'effort, ni sur la justice fiscale, en rien.
"L'obsession d'Emmanuel Macron, c'est de ne pas détricoter son bilan"
Donc on en revient une nouvelle fois à l'hypothèse principale, celle d'un proche du chef de l'État, d'un macroniste, qui soit venu de la droite ou du centre.
Ce qui en soi nous fait courir un immense risque, parce qu'effectivement, on ne connaît pas l'identité du futur Premier ministre, en revanche, on sait quelle est l'obsession qu'il y a dans la tête du chef de l'État : ne pas détricoter son bilan. Pour citer Le Guépard, "il faut que tout change pour que rien ne change". Avec Emmanuel Macron, c'est toujours comme ça, jouer dans sa zone de confort, surtout ne pas amputer son bilan pour préserver ce que dans la Macronie on appelle sa "legacy". Sauf que pour le moment, elle n'est pas très glorieuse. En réalité, si Emmanuel Macron nomme un de ses proches, et qu'il est tellement dans le dernier carré de ses fidèles qu'en réalité, il est grillé, carbonisé, qu'il ne parvient pas à faire passer ce budget pour l'année 2026, on va être acculés dans nos délais d'exécution budgétaire à la fin de l'année, et après, on bascule dans un autre registre, celui de la loi spéciale. La loi spéciale, si vous voulez, pour résorber nos déficits...
C'est-à-dire prolonger le budget actuel encore jusqu'au mois de mars, comme l'année dernière ?
Absolument, on en sait pertinemment, je ne vais pas être trop technique sur ce point-là, mais que si on laisse courir les déficits avec une loi spéciale, le rythme d'accroissement naturel, des dépenses publiques fait que nous n'arriverons pas à résorber nos déficits.
Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
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