Viktor Orban invité, une contre-manifestation organisée... Ce que l'on sait du rassemblement de l'extrême droite européenne autour de Marine Le Pen et Jordan Bardella dans le Loiret

Un "coup de tonnerre électoral". C'est ce que le Rassemblement national (RN) entend saluer, lundi 9 juin, à Mormant-sur-Vernisson (Loiret), un an après être arrivé nettement en tête aux élections européennes. La liste menée par Jordan Bardella avait recueilli 31,37% des suffrages, meilleur score, à l'époque, de l'histoire du parti d'extrême droite lors d'un premier tour. Pour cette "fête de la victoire", comme l'ont baptisée ses organisateurs, cette petite commune de 130 habitants reçoit un événement rassemblant quelque 5 000 invités et plusieurs personnalités nationalistes du continent européen.

Viktor Orban et Matteo Salvini parmi les invités

Le banquet champêtre est marqué par la présence du Premier ministre hongrois, Viktor Orban. Le dirigeant populiste, qui a radicalisé son discours, poussé par la victoire de Donald Trump, doit s'exprimer à la tribune. Le vice-président du Conseil des ministres italien, Matteo Salvini, est également attendu, comme le leader du parti espagnol Vox, Santiago Abascal. Le chef du parti néerlandais PVV, Geert Wilders, grand gagnant des dernières législatives aux Pays-Bas, est aussi annoncé au micro.

Ces dirigeants entendent convaincre de leur poids au Parlement européen, où ils sont réunis sous la bannière Patriotes pour l'Europe, avec 85 eurodéputés (sur 720 sièges). Dans cet hémicycle, ils sont pourtant concurrencés par deux autres groupes d'extrême droite, notamment les Conservateurs, parmi lesquels siègent les élus de Fratelli d'Italia, le parti post-fasciste de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni. Mais au sein même des Patriotes pour l'Europe, des divergences existent. De précédents rassemblements, comme en février à Madrid, avaient mis au jour l'hétérogénéité idéologique de ce groupe, Marine Le Pen apparaissant par exemple à contre-courant du trumpisme de ses partenaires ou de leurs sorties ultraconservatrices. "On peut avoir des divergences, on n'est pas obligés d'être tous alignés sur les mêmes points de vue", a argué sur franceinfo Philippe Ballard, porte-parole du RN.

Un lieu choisi pour son fort vote RN et sa proximité avec Paris

Le choix de Mormant-sur-Vernisson n'est pas le fruit du hasard. Le groupe "cherchait un lieu pas trop loin de Paris pour un événement champêtre. J'ai fait le tour des contacts pour trouver un site", a expliqué à franceinfo le député RN Thomas Ménagé. Ce dernier avait facilement obtenu sa réélection dans la 4e circonscription du Loiret. Lors du second tour des législatives anticipées, il avait obtenu son meilleur score (89,86%) dans cette commune. Sans compter que l'ancien maire, Christian Charpentier, exprime une affinité avec les organisateurs. "Ce n'est pas tombé sur Mormant comme dans un jeu de fléchettes, bien sûr", a simplement commenté Vincent Desrumaux, l'actuel maire de la ville.

Quelque 5 000 personnes sont attendues sur place pour cet événement qui se veut "festif". En effet, outre les discours, il est prévu des stands de nourriture avec des spécialités européennes et locales, des buvettes, mais aussi des animations musicales. 

Un duo Le Pen-Bardella scruté de près

Après de récentes tensions, la cheffe de file des députés RN et le président du parti vont-ils réussir à afficher leur unité ? Habituellement, lors de chaque grand événement, ils s'efforcent de montrer que leur relation est apaisée, avec une répartition claire des rôles : pour elle, l'Elysée en ligne de mire, pour lui, Matignon, en cas de victoire de la candidate RN en 2027. Mais l'éventuelle inéligibilité de Marine Le Pen, qui a fait appel de sa condamnation dans l'affaire des assistants parlementaires européens, a changé la donne, renforçant l'hypothèse d'un recours à Jordan Bardella pour porter la candidature du RN à la prochaine présidentielle. D'autant qu'il peut compter sur sa popularité et les bonnes ventes de son premier livre.

Un contre-rassemblement de la gauche à Montargis

Face à l'événement organisé par le RN, une contre-manifestation est prévue à Montargis, à seulement une dizaine de kilomètres. Sont attendus les élus socialistes Chloé Ridel et Philippe Brun, le sénateur communiste Ian Brossat ou encore les insoumis Manon Aubry et Louis Boyard. Il s'agit d'un "rassemblement unitaire antifasciste", selon Manon Aubry, qui dénonce sur le réseau X la réunion du "pire de l'Europe : raciste, sexiste et homophobe".

Du côté des syndicats, Sophie Binet et Marylise Léon, respectivement dirigeantes de la CGT et de la CFDT, sont présentes. "Il n'y a pas pire ennemi pour les travailleurs et les travailleuses que l'extrême droite", a déclaré Sophie Binet en défilant à Montargis, selon le quotidien régional La République du Centre. "En France, on le voit bien, à chaque fois qu'il faut se positionner pour défendre les droits des travailleurs et des travailleuses, l'extrême droite est aux abonnés absents, elle n'a jamais voté pour l'augmentation des salaires ou l'augmentation du smic."