"Il ne faut pas que ça dérape !" : comment le RN compte organiser un meeting "calme et pacifique" pour soutenir Marine Le Pen
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Tout en cherchant à mobiliser le plus possible pour protester contre la peine d'inéligibilité avec effet immédiat dont a écopé sa candidate naturelle à la présidentielle, le parti d'extrême droite entend "maîtriser la colère" de ses militants.
Le téléphone de Pierre Meurin est en surchauffe. "Je n'ai jamais reçu autant de messages que cette semaine. Plus que pour mon mariage", s'enthousiasme le député RN du Gard. "J'ai l'impression que la quasi-totalité des militants de mon département sont prêts à contracter un crédit pour prendre un train et soutenir Marine Le Pen à Paris", ose l'élu d'extrême droite, à trois jours du rassemblement organisé à Paris dimanche 6 avril.
Après la condamnation de Marine Le Pen à deux ans de prison ferme et cinq ans d'inéligibilité pour détournement de fonds publics dans l'affaire des assistants parlementaires d'eurodéputés, le RN a choisi de mettre en scène un soutien populaire à l'ancienne candidate à la présidentielle. Il ne s'agit pas d'un "coup de force" mais d'une mobilisation "pour la démocratie", a assuré mercredi le président du Rassemblement national Jordan Bardella, qui fait figure de remplaçant désigné en cas d'empêchement de la favorite des sondages.
"Pensez à faire du covoiturage !"
En attendant le jugement de la cour d'appel prévu en 2026, le parti d'extrême droite espère donc remplir la place Vauban, située juste derrière les Invalides, dans le 7e arrondissement de Paris. Plusieurs prises de parole sont au programme à partir de 15 heures. Louis Aliot, Eric Ciotti, Jordan Bardella et Marine Le Pen doivent notamment monter sur l'estrade. Selon les informations de France Télévisions, les alliés européens du RN ne seront pas présents mais devraient exprimer leur soutien en vidéo. En revanche, Marion Maréchal envisageait fortement de se rendre sur place.
Pétition, présence sur les réseaux sociaux, tractage... Le RN se démultiplie depuis plusieurs jours pour motiver sa base. Sur Facebook, des groupes de soutien appellent à des rassemblements dès samedi devant tous les palais de justice de France. "Nous serons sur tous les marchés pour distribuer nos tracts, ce sera un grand week-end de mobilisation populaire", assure également l'ancien eurodéputé Jean-Lin Lacapelle. Dans l'Indre, "on a 5 000 tracts à distribuer", assurait dans la semaine Mylène Wunsch, référente RN pour la région Centre-Val de Loire.
Depuis l'annonce de ce meeting, c'est le branle-bas de combat dans toutes les fédérations locales. "On a dû faire en quelques jours ce qui prend normalement plus de temps", résume Pierre Meurin. "Rien que pour mon département du Gard, on pensait affréter un mini-bus de 20 places au début. Finalement, il devrait y en avoir trois." A 600 kilomètres de là, Mylène Wunsch et ses équipes sont aussi en ébullition. "On s'est partagé la liste des voyagistes du secteur et on les a appelés pour savoir qui avait des véhicules disponibles", détaille la référente RN.
"Rien que pour l'Indre, le Cher et le Loiret, deux cars et deux mini-bus ont pour le moment été réservés. Il faut maintenant caler les lieux et les horaires de départ."
Mylène Wunsch, référente RN Centre-Val de Loireà franceinfo
Dans les fédérations proches de la capitale, on a passé le mot aux militants dans les boucles Telegram : "Pensez à faire du covoiturage entre vous !", rapporte Tiffanie Rabault, représentante du RN dans le Loiret. En Haute-Loire, le responsable du parti redirige les motivés vers les départements voisins, comme la Loire ou l'Ardèche.
"Il ne faut pas qu'on dépasse les limites"
Un autre message est sans cesse répété : ne pas ternir l'image de cette riposte sur laquelle le RN mise beaucoup. "On a l'ordre de ne pas casser, de ne pas démolir", glisse un militant. "On dit à tout le monde : soyez irréprochables", abonde Mylène Wunsch. "Il ne faut pas que ça dérape, il faut que ça soit calme et pacifique. Il ne faut pas qu'on dépasse les limites ou qu'on apparaisse comme des fous furieux par rapport à notre électorat de conquête", explique un député RN. "Nous sommes des gens courtois et gentils", assure l'eurodéputé Philippe Olivier, conseiller spécial de Marine Le Pen. "On n'a pas du tout la stratégie de l'assaut du Capitole, mais la stratégie 'Martin Luther King'. On va faire les choses de manière très organisée."
"Il y a une très grosse colère, mais notre rôle de responsables politiques, c'est de maîtriser ces colères."
Philippe Olivier, eurodéputé RNà franceinfo
"Les gens l'ont tellement mal pris qu'on ne doit pas être en décalage, poursuit un élu RN. Le pays en a ras-le-bol, donc on accompagne l'indignation. Si les gens voient qu'on est combatif, ça permet de les canaliser." Pour éviter les débordements, le service d'ordre du parti sera largement mobilisé. "Il y aura une soixantaine d'agents, glisse un très proche de Marine Le Pen. Un filtrage sera mis en place aux entrées du site, en accord avec la préfecture de police de Paris." Les forces de l'ordre quadrilleront par ailleurs ce quartier abritant Matignon et de nombreux ministères.
Un rendez-vous monté en quelques heures pour galvaniser les foules autour d'une seule personne : voilà qui rappelle le meeting du Trocadéro le 5 mars 2017, censé sauver François Fillon, alors candidat de la droite à la présidentielle. Patrick Stefanini s'en souvient bien : il était aux manettes de l'organisation. "C'est de la logistique, explique-t-il. Il faut avoir des bons contacts avec la SNCF et les compagnies de bus pour qu'ils emmènent les militants. Nous, au Trocadéro, il avait fallu prévoir pas mal de militants pour bloquer les avenues qui aboutissaient à la place."
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L'opération "Trocadéro" ne changera rien : François Fillon sera mis en examen dix jours plus tard, notamment pour détournement de fonds public. Mais le 5 mars 2017, sur cette esplanade, le candidat a réussi sa démonstration de force, malgré l'arrivée impromptue de la pluie au moment de prendre la parole devant la foule. "Bon, je crois qu'ils sont tranquilles pour ce week-end", note Patrick Stefanini. Météo France prévoit en effet 18°C dimanche à Paris.
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