"Il n'y a pas de stratégie dans ce parti" : au RN, le flou persiste sur l'éventuel remplacement de Marine Le Pen par Jordan Bardella

Marine Le Pen a évoqué l'idée d’un passage de relais à Jordan Bardella en septembre 2026, si sa peine était confirmée en appel avant la présidentielle. Une déclaration qui jette un trouble chez ses plus proches soutiens.

Article rédigé par Pierrick Bonno
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella (à gauche) et la présidente du groupe RN à l'Assemblée Marine Le Pen, à l'hôtel Matignon à Paris, le 16 décembre 2024. Phot d'illustration. (LOU BENOIST / AFP)
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella (à gauche) et la présidente du groupe RN à l'Assemblée Marine Le Pen, à l'hôtel Matignon à Paris, le 16 décembre 2024. Phot d'illustration. (LOU BENOIST / AFP)

Les vacances parlementaires, en cours depuis une semaine, sont plutôt bienvenues pour le Rassemblement national, quelques semaines après la condamnation de Marine Le Pen à une peine d'inéligibilité de cinq ans. Ce repos qui va peut-être permettre aux députés d'extrême droite d'accorder leurs violons, car il y a un certain flottement ces derniers jours au RN au sujet de la succession de Marine Le Pen pour la présidentielle.

Pour ne pas dire un trouble, chez certains députés du RN qu'on appelle "marinistes", c'est-à-dire ceux qui soutiennent bec et ongles leur cheffe de file, ceux aussi à qui le parti a demandé de faire le dos rond après la condamnation de Marine Le Pen en répétant sur tous les plateaux qu'il n'y avait pas de plan B, que la candidature de Marine Le Pen en 2027 n'était en aucun cas remise en question. 

Jusqu'à ce qu'ils apprennent dans la presse, lundi 14 avril, que la triple candidate à la présidentielle a prévu de passer le relais à Jordan Bardella en septembre 2026, si sa condamnation était confirmée en appel. Ce serait "irresponsable" de traîner plus longtemps, a-t-elle confié à nos confrères du journal Le Figaro. 

"Un mauvais signal" envoyé

Réaction sans détour d'un de ses lieutenants : "C'est une connerie d'en parler maintenant... Si on en parle, ça veut dire qu'on peut se passer de Marine Le Pen et ça envoie un mauvais signal." Ce changement de stratégie a-t-il été évoqué lors d'une réunion interne ? Un cadre du RN constate, cinglant qu'"il n'y a pas de réunion stratégique dans ce parti. Ni même de stratégie, d'ailleurs".

Il n'y a pas vraiment de stratégie non plus visiblement sur la question de la censure. Il y a ceux qui poussent pour appuyer sur le bouton dès que possible, à l'image du député Jean-Philippe Tanguy qui répète que les sujets s'accumulent ces dernières semaines. Et puis il y a les autres comme ce parlementaire élu dans le sud de la France qui n'y croit pas du tout : "Pas tout de suite. Franchement je ne 'le sens pas', la censure. Peut-être à l'automne, au moment du vote du budget mais avant, je ne vois pas."

Au milieu de ces voix dissonantes, Marine Le Pen reste floue sur ces intentions. Tout juste répète-t-elle que le travail parlementaire et donc sa décision de faire tomber le gouvernement ne seront jamais liés à son destin judiciaire. Mais compte-t-elle faire tomber bientôt le gouvernement ? L'un des stratèges du parti résume ainsi le fonctionnement de sa patronne : "Marine dit toujours que la politique c'est l'art du moment. Elle n'est pas du genre à anticiper. Donc comme d'habitude, on se décidera au dernier moment."

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