: Vidéo Une femme à Matignon en France ? "Le pays est prêt mais la classe politique non", regrette Edith Cresson, la seule à avoir occupé ce poste il y a 30 ans
Première femme à avoir été nommée au poste de Premier ministre en France par François Mitterrand, il y a 30 ans, Edith Cresson revient samedi sur franceinfo sur la difficulté qu'a la classe politique française à accepter des femmes au sommet de l'État.
"Le pays est certainement prêt mais la classe politique non", a regretté samedi 15 mai sur franceinfo, Edith Cresson, interrogée sur la possibilité qu'il y ait à nouveau une femme à Matignon de nos jours en France. Edith Cresson, est la première femme à avoir été nommée au poste de Premier ministre en France par François Mitterrand, il y a 30 ans.
franceinfo : Vous avez été la première femme nommée Première ministre en France. Vous-vous souvenez des mots de François Mitterrand quand il vous a annoncé la nouvelle ?
Edith Cresson : À cette époque j'avais quitté le gouvernement, j'étais ministre des Affaires européennes, après avoir été ministre successivement de l'Agriculture, du Commerce extérieur, de l'Industrie. Je ne songeais pas du tout à revenir au gouvernement lorsque François Mitterrand m'appelle. Il m'a dit : "J'ai pensé à vous pour succéder à Michel Rocard." Il avait bien réussi, le problème de la Nouvelle Calédonie, il l'a réglé, il est très populaire, je ne vois pas alors pourquoi il faut le remplacer. Et il me répond : "Je souhaite qu'une femme ait été Premier ministre avant la fin de mon mandat." Je lui réponds : "Ils vont être furieux." J'avais refusé mais il a tellement insisté que j'ai fini par accepter. Et cela a été un déluge d'agressions de la part de la presse. J'ai essayé de faire un travail utile, mais presque tout ce que j'ai essayé de faire d'utile j'ai réussi à le faire en contournant le système, parce que dès que je faisais quelque chose j'étais attaquée.
Et pourtant, vous aviez une légitimité, car vous aviez été plusieurs fois ministre ?
Dans mon esprit le suffrage universel devait conférer une légitimité. J'avais été élue maire, députée, conseillère générale et plusieurs fois ministre. En 1983, après l'élection de François Mitterrand en 1981, la seule mairie que le PS ait pris, c'est Châtellerault, c'est moi qui l'ai prise. J'avais une légitimité. Si je n'avais pas été élu qu'est-ce qu'on aurait entendu. Pompidou n'était pas un élu. J'avais une légitimité qui n'était pas reconnue. À tel point que Monsieur [François] D'Aubert qui a été ministre de la Recherche a dit "Voilà la Pompadour' [favorite du roi Louis XV]". Au bout d'un moment, cela a dépassé ce qu'il croyait et François Mitterrand, m'a dit "Ils ne vous lâcheront jamais", et c'est ce qui a fait que je suis partie au bout de dix mois.
C'est un problème français ?
Oui, typiquement et presque uniquement français. Les insultes qu'on entend quand une femme prend la parole à l'Assemblée nationale. On n'entend jamais ça dans les Parlements britannique, italien, espagnol. Cela n'existe qu'en France. À tel point que le président de l'Assemblée nationale a pris la décision de retirer la moitié de leur rémunération du mois prochain aux députés qui insulteraient une femme. C'est une très bonne décision. C'est la seule chose qui les fait réfléchir.
Est-ce que les choses ont changé en France. Est-ce que notre pays est prêt à avoir à nouveau une femme Première ministre ou une femme présidente ?
Le pays est certainement prêt mais la classe politique non. Les insultes continuent, on l'a vu à la télévision avec plusieurs femmes qui se sont fait insulter. Ces dix mois au pouvoir, ça reste gravé et ce serait le cas pour n'importe qui aurait été Premier ministre. J'ai pu faire quand même des choses, par exemple, les délocalisations d'administrations en province. J'ai aidé les PME, j'ai fait un plan PME en particulier sur les délais de paiement des PME, c'était un problème terrible pour elle. Ce sont des choses très concrètes.
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