Rencontre Macron-Poutine : le président russe "a besoin de prendre l’ascendant dès la première rencontre"
Vladimir Poutine s’est déplacé à Versailles, lundi, pour y rencontrer le président français. Spécialiste de la Russie, Julien Nocetti décrypte pour franceinfo la façon dont le président russe aborde ces rendez-vous diplomatiques.
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Après Donald Trump et Angela Merkel la semaine dernière, Emmanuel Macron a rencontré, lundi 29 mai, Vladimir Poutine. Un moment important pour le chef d'Etat russe et son homolgue français, alors que les relations entre les deux pays se sont considérablement refroidies ces dernières années.
Un rendez-vous qui rappelle surtout que les entretiens avec Vladimir Poutine sont souvent sensibles, comme ce fut le cas pour Nicolas Sarkozy, lors de son premier face-à-face avec le président russe. Chercheur au centre russe de l’Institut français des relations internationales, Julien Nocetti décrypte pour franceinfo la façon dont le maître du Kremlin jauge et tente de contrôler son interlocuteur lors des premiers rendez-vous diplomatiques.
Franceinfo : Comment Vladimir Poutine se comporte-t-il lors d’un premier entretien face à un homologue étranger ?
Julien Nocetti : D’abord, lorsqu’on évoque le caractère de Vladimir Poutine, il faut toujours avoir à l’esprit son parcours. Son expérience au sein des services secrets soviétiques influence sa lecture de l’actualité et sa perception des personnes qu’il côtoie. Vladimir Poutine aime la stabilité et se nourrit de la prévisibilité. Se confronter à de nouveaux dirigeants occidentaux est significatif pour la Russie et son président doit réussir cette entrée en matière.
Lors des premiers rendez-vous, il préfère rester dans une forme de retenue. Il ne surjoue aucune amitié et reste prudent face à quelqu’un qu’il ne connaît pas. Mais attention, son homologue ne doit pas franchir les lignes rouges. Il peut mettre la pression si son interlocuteur s'immisce dans les affaires intérieures de la Russie ou critique sa politique extérieure, à l’instar de Nicolas Sarkozy en 2007.
Ne cherche-t-il pas quand même à instaurer une épreuve de force ?
Si, bien sûr. Vladimir Poutine a besoin de prendre l’ascendant dès la première rencontre. Il cherche à trouver des failles ou des faiblesses qui lui permettront de disposer de leviers d’action efficaces. Il teste, il jauge et évalue la personnalité pour ajuster les décisions qu’il prendra par la suite. Il s’attache beaucoup aux apparences. Il respecte les chefs d’Etats plus âgés que lui ou qui exercent dans la durée. Il acceptait, ainsi, les conseils de vieux sages tels que Jacques Chirac ou Angela Merkel. Au pouvoir depuis 2005, la chancelière allemande reste aujourd’hui la dirigeante qu’il admire le plus en Europe.
Il n’accorde aucune considération personnelle à ses relations, mais on se souvient qu’en 2007, il avait profité de la phobie des chiens d’Angela Merkel pour lui présenter son labrador à Sotchi. La chef du gouvernement allemand s'était figé et n’avait pas esquissé un geste.
Quelle posture son interlocuteur doit-il adopter pour se faire respecter ?
Vladimir Poutine a tendance à calquer sa gestuelle et son regard sur ceux de son interlocuteur. Son homologue devient une sorte de miroir. Il faut paraître le plus neutre possible et dépassionner la rencontre, en évitant de polariser les grands dossiers internationaux.
La "bonne" attitude passe aussi par la considération que les dirigeants étrangers lui témoignent. Vladimir Poutine est sensible aux marques d’attention. Il joue beaucoup sur la symbolique. La décision d’Emmanuel Macron de l'inviter à inaugurer une exposition consacrée à Pierre Legrand, Tsar du XVIIIe siècle ouvert sur l’Europe, offre une opportunité formidable à Vladimir Poutine de renouer le dialogue avec Paris dans un contexte où la Russie est isolée sur la scène internationale.
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