Interview d'Emmanuel Macron sur TF1 : "Ce sera compliqué de donner une image proche des gens"
En accordant une interview traditionnelle depuis l'Elysée dimanche soir, le chef d'Etat aura du mal à se détacher de son étiquette de président des riches déconnecté des citoyens, estime l'historien Pierre-Emmanuel Guigo.
Pour la première fois, Emmanuel Macron donnera une interview d'une heure à trois journalistes depuis son bureau de l'Elysée, dimanche 15 octobre (20 heures), sur TF1. Une communication traditionnelle qui positionne le président de la République dans la sacralité plutôt que dans la proximité avec les citoyens, analyse Pierre-Emmanuel Guigo, maître de conférences en histoire à l'Université Paris-Est Créteil, invité de franceinfo dimanche.
franceinfo : Emmanuel Macron voulait révolutionner l'ancien monde mais se plie finalement à l'exercice habituel de l'interview télé à une heure de grande écoute...
Pierre-Emmanuel Guigo : Tout à fait, il ne prend pas énormément de risques. C'est la principale chaîne, à la principale heure de grande écoute et il s'adresse très largement à la population. Toutes les catégories sociales sont représentées. Et tout cela dans un format traditionnel, face à trois journalistes, comme l'ont fait tous ses prédécesseurs.
Emmanuel Macron voulait raréfier sa parole. Est-ce que c'est tenable aujourd'hui ?
C'est assez amusant, car au départ, il a fait une campagne présidentielle dans un style rocardien : il voulait refuser la démagogie, il voulait être proche des gens et très moderne dans le style. Une fois devenu président, il a voulu faire dans le mitterrandisme, avec une parole très rare et une très forte sacralité redonnée à la fonction. Et puis, ces derniers temps, par des propos un petit peu décalés, on a cru retrouver Nicolas Sarkozy, qui tançait la population. Donc finalement, ils sont obsédés par leurs prédécesseurs.
Est-ce qu'il vaut mieux paraître distant ou proche des Français, selon vous ?
Il faut être un peu des deux. La fonction présidentielle est perpétuellement dans un jeu de balancier, entre de la sacralité - arriver à incarner quelque chose - et en même temps arriver à donner de la proximité. De plus en plus, la sacralité a baissé. On l'a vu avec Nicolas Sarkozy et clairement avec François Hollande. Macron a voulu redonner de la sacralité à sa fonction, mais elle en a perdu de fait.
Emmanuel Macron a-t-il assez parlé aux Français ?
Il a voulu faire du Mitterrand, mais le problème est qu'aujourd'hui, on est dans une société de l'immédiateté. Si on ne parle pas, alors on laisse la parole aux opposants. Cela a beaucoup servi à La France insoumise durant l'été. On a pris les seules paroles qui étaient les siennes et c'était souvent des dérapages.
C'est important pour lui de corriger le tir après des propos maladroits et son étiquette de président des riches ?
Oui, complètement. Cette étiquette avait déjà été collée à Nicolas Sarkozy. Mais c'est complexe de le faire dans ces interviews qui le positionnent dans la sacralité. Ce sera dans les ors de l'Élysée. Avec des journalistes qui viendront à lui. Il sera compliqué de donner une image proche des gens et sympathique par ce format.
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