Le clash entre Valls et Taubira, un classique de la vie politique
/2021/12/14/61b8b987f2e73_bastien-hugues.png)
/2013/08/13/sipa_00643353_000010_1.jpg)
Un ministre de l'Intérieur qui s'oppose publiquement à sa collègue de la Justice : le couac entre Valls et Taubira a comme un air de déjà vu.
C'est un grand classique. En plein milieu de l'été, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a envoyé une lettre à François Hollande pour torpiller la réforme pénale de la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Cerise sur le gâteau, la missive s'est retrouvée dans les colonnes du Monde, mardi 13 août, avec la réponse cinglante de Christiane Taubira en bonus.
Un équilibre impossible entre forts caractères
Un tel couac n'est guère surprenant. En nommant Manuel Valls à l'Intérieur et Christiane Taubira à la Justice, François Hollande et Jean-Marc Ayrault pensaient tenir là un bon équilibre politique. L'ailier droit et l'électron libre. La fermeté et l'humanisme. Deux visages placés l'un à côté de l'autre au Conseil des ministres, tous les mercredis. Un symbole.
Jusqu'à présent, le duo semblait fonctionner. Auprès des sympathisants de gauche, Manuel Valls et Christiane Taubira sont les deux ministres les plus populaires, avec près de 60% d'opinions positives dans le dernier baromètre CSA-Les Echos (PDF). Mais voilà, les deux intéressés ont du tempérament, et, accessoirement, beaucoup d'ambition. Difficile, dès lors, de ne rien laisser paraître, lorsque Manuel Valls et Christiane Taubira ne sont pas sur la même ligne.
Ce désaccord sur la réforme pénale vient d'ailleurs s'ajouter à une longue liste de divergences entre les places Beauvau et Vendôme depuis l'élection de François Hollande : démantèlement des camps de Roms, lutte contre les contrôles au faciès, projet de loi antiterroriste…
L'Intérieur et la Justice, "le yin et yang"
Le divorce leur était de toute façon promis dès le premier jour de leur union. Car en plus de leurs approches très différentes de la sécurité et de la justice, Manuel Valls et Christiane Taubira occupent deux maroquins aux relations historiquement tendues. Le ministres de l'Intérieur et de la Justice "sont le yin et le yang", illustre l'historien Jean Garrigues dans Libération : "D'un côté l'ordre et la fermeté, de l'autre la justice et la liberté."
Ainsi, dans les années 70, Valéry Giscard d'Estaing avait dû arbitrer les conflits entre le droitier Michel Poniatowski (Intérieur) et le centriste Jean Lecanuet (Justice). Au printemps 1982, le socialiste Robert Badinter (Justice) avait accusé son camarade Gaston Defferre (Intérieur) de "donner à un gouvernement de gauche une image sécuritaire que même Alain Peyrefitte n'aurait pas réussi à donner". Au début des années 90, la cohabitation entre Charles Pasqua (Intérieur) et le centriste Pierre Méhaignerie (Justice) était elle aussi très délicate. A la fin des années 90, Jean-Pierre Chevènement (Intérieur) et Elisabeth Guigou (Justice) s'étaient vigoureusement écharpés sur la délinquance des mineurs. Plus récemment, Brice Hortefeux (Intérieur) avait lui aussi piétiné les plates-bandes de Michèle Alliot-Marie (Justice), s'attirant les foudres de cette dernière sur l'application des peines, la création des jurés populaires ou la rétention de sûreté.
Ceux qui croyaient – ou espéraient – que Manuel Valls et Christiane Taubira allaient réussir à ne pas tomber dans cet écueil se sont trompés. Mais surtout, avec cette virulente opposition publique sur la réforme pénale, ce qui constituait jusqu'à présent l'un des points d'équilibre du gouvernement et de la majorité s'est un peu plus fragilisé.
À regarder
-
"Je ne l'ai pas tuée" : Cédric Jubillar réaffirme son innocence
-
Oeufs, à consommer sans modération ?
-
Ours : ils attaquent même dans les villes
-
Ce radar surveille le ciel français
-
On a enfin réussi à observer un électron !
-
"Manifestation des diplômés chômeurs, un concept marocain !"
-
Crise politique : "La dernière solution, c'est la démission du président de la République"
-
Le loup fait taire la Fête de la science
-
Les tentatives de suic*de en hausse chez les adolescentes
-
Défi chips : alerte dans un collège
-
Quand tu récupères ton tel à la fin des cours
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
Teddy Riner s'engage pour sensibiliser sur la santé mentale
-
Suspension de la réforme des retraites : les gagnants et les perdants
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
L'espoir renaît à Gaza après l'accord de cessez-le-feu
-
Une école pour se soigner et réussir
-
Taux immobiliers : est-ce le moment d'acheter ?
-
La panthéonisation de Robert Badinter
-
Cancer : des patientes de plus en plus jeunes
-
"Le Bétharram breton" : 3 établissements catholiques dénoncés par d'anciens élèves
-
Cessez-le-feu à Gaza : un premier pas vers la paix
-
Quand t'as cours au milieu des arbres
-
Il gravit la tour Eiffel en VTT et en 12 min
-
Pourquoi on parle de Robert Badinter aujourd'hui ?
-
Robert Badinter : une vie de combats
-
La tombe de Robert Badinter profanée à Bagneux
-
Accord Hamas-Israël, la joie et l’espoir
-
"Qu’on rende universelle l'abolition de la peine de mort !"
-
Guerre à Gaza : Donald Trump annonce qu'Israël et le Hamas ont accepté la première phase de son plan
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter