"Beaucoup de dirigeants" font valoir la force alors que les gens attendent "davantage d'humanité", déplore l'ex-Première ministre néo-zélandaise

Invitée de France Inter, Jacinda Ardern dit s'être reposée d'abord sur son "intuition" quand elle était au pouvoir.

Article rédigé par franceinfo
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L'ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern, le 19 juin 2026 sur France Inter. (FRANCEINTER / RADIO FRANCE)
L'ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern, le 19 juin 2026 sur France Inter. (FRANCEINTER / RADIO FRANCE)

"Beaucoup de dirigeants se présentent comme des hommes forts alors qu'il y a beaucoup d'attentes pour avoir davantage d'humanité", estime jeudi 19 juin sur France Inter l'ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern. Celle qui est devenue à 37 ans, la plus jeune cheffe de gouvernement au monde et qui a surpris en démissionnant cinq ans plus tard, "épuisée", a publié mercredi son livre Un autre art du pouvoir, aux éditions Flammarion.

À la tête du pays entre 2017 et 2023, la Première ministre de Nouvelle-Zélande avait marqué les esprits en venant avec son bébé à la tribune des Nations Unies ou encore en se présentant voilée après les attentats de Christchurch. Jacinda Ardern affirme qu'il n'y avait pas de volonté de communication politique derrière ces images, mais du "pragmatisme" et de l'humanité.

"Être humaine d'abord et dirigeante ensuite"

"En général, on a tendance à penser qu'avec les politiciens, tout a été décidé, tout est basé sur les sondages, alors que très souvent, dans les situations de crise, on dirige avec son intuition", indique-t-elle. "Mon intuition dans ce moment atroce [les attentats], c'était qu'il fallait être humaine d'abord et dirigeante ensuite. Je ne pense pas que ce soit quelque chose de nouveau mais aujourd'hui, nous avons beaucoup de dirigeants qui se présentent comme des hommes forts alors qu'il y a beaucoup d'attentes pour avoir davantage d'humanité."

En cela, elle est à l'opposé des discours et prises de décisions violentes de dirigeants comme le président argentin Javier Milei ou le président américain Donald Trump. "Tous opèrent dans un milieu où les gens souffrent énormément d'insécurité financière, de l'incertitude liée à l'environnement, des pandémies qui perturbent énormément les sociétés et des conséquences économiques de ces pandémies, expose Jacinda Ardern. Beaucoup préfèrent choisir la peur et la culpabilité comme armes. C'est un des outils les plus anciens de la politique, mais je crois que ces armes-là ne proposent pas les solutions dont les gens ont besoin aujourd'hui."

"La politique empathique n'est pas une faiblesse. Ce n'est pas une façon de ne pas prendre de décisions. C'est au contraire une façon d'être lucide sur son rôle au service de l'État, au service des besoins de sa communauté."

Jacinda Ardern, ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande

à France Inter

Jacinda Ardern regrette alors que l'on mette "souvent le projecteur sur ceux qui font les gros titres, qui arrivent à attiser la haine et la colère. C'est comme ça qu'on obtient une couverture médiatique mais en même temps, c'est exactement ce qui repousse les gens. On voit que les gens s'éloignent de la politique, sont de plus en plus frustrés", analyse-t-elle.

Elle dénonce aussi le rôle des réseaux sociaux et des algorithmes qui mettent en avant ces discours et la désinformation, à laquelle elle a été confrontée durant le Covid. "Il faudrait traiter les plateformes de réseaux sociaux comme des éditeurs et on devrait avoir des normes sur les exigences qu'ils doivent avoir", avance-t-elle.

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