A la Fête de la rose, Montebourg passe à l'attaque et les frondeurs applaudissent
Le ministre de l'Economie s'est fait la voix d'une politique "alternative". Et tant pis pour la solidarité gouvernementale. Reportage.
"Ici, à Frangy, on fait péter les bouchons!" En plus de s'attaquer à la "cuvée du redressement", Arnaud Montebourg a fait sauter les tabous, dimanche 24 août, lors de la traditionnelle Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire). Le ministre de l'Economie et du redressement productif a déclaré avoir proposé une "inflexion majeure de la politique économique" à François Hollande, deux jours après avoir appelé à un changement de cap politique dans une interview avec le Monde.
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La position d'Arnaud Montebourg, qui avait promis la semaine dernière qu'il "passerait à l'attaque" ce dimanche, pourrait toutefois lui coûter cher. Les critiques ont en effet fusé dimanche soir dans l'entourage de Manuel Valls, après l'appel du ministre de l'Economie à se tourner vers une politique "alternative". Un proche du chef du gouvernement a estimé auprès de l'AFP qu'une "ligne jaune avait été franchie" par ArnaudMontebourg, précisant que "le Premier ministre [était] décidé à agir".
"Arnaud Montebourg est utile de l'intérieur"
Le problème? Le ministre de l'Economie a ajouté à la pression pesant sur le couple exécutif, au plus bas dans les sondages, en multipliant les critiques contre la politique d'austérité du gouvernement durant son discours à la Fête de la Rose."La promesse [de remettre l'économie en mouvement] n'a pas été tenue, l'honnêteté oblige à le reconnaître, a déclaré Arnaud Montebourg devant un parterre de plus de 1200 personnes. Je le dis tous les jours au Premier ministre, au président, au gouvernement: il faut tirer immédiatement les conclusions de cet appel mondial à changer de politique."
Une déclaration saluée par son homologue du ministère de l'Education, Benoît Hamon, invité d'honneur de cette édition de la Fête de la Rose. Il a lui aussi appelé à un retour à une politique favorisant le pouvoir d’achat des ménages français, à qui les deux hommes veulent redistribuer un tiers des 50 milliards d'économies prévues.
Le rapprochement entre le ministre de l'Economie et les députés frondeurs, dont un petit groupe était présent à la Fête de la Rose, pourrait bien marquer une fracture au sein non seulement de la majorité, mais aussi du gouvernement. "On parle souvent de la doctrine Chevènement, 'un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne' : maintenant, il y a la jurisprudence Montebourg, estime Patrice Prat, député du Gard et frondeur. Quand on veut servir son pays, on ne déserte pas, on argumente. Arnaud Montebourg est utile de l'intérieur". Mais pour combien de temps encore?
Pas de désaveu de la politique gouvernementale
"Cette Fête de la Rose n'est pas une réunion anti Valls-Hollande, a tempéré Thomas Thevenoud, porte-parole des députés socialistes, lui aussi venu déguster le poulet de Bresse sous les chapiteaux de la place de la mairie. Benoît Hamon et Arnaud Montebourg appuient sur ce qui leur semble important, ils ne critiquent pas la politique du gouvernement. Ils ne vont pas démissionner, ni se faire virer." .
Pas si sûr, même si les deux ministres se sont eux aussi défendus d'être en opposition avec le reste du gouvernement, à de multiples reprises. "Je suis ministre de l'Economie, je ne suis pas frondeur", a martelé Arnaud Montebourg, assaillis de journalistes, à son arrivée dans son fief électoral. Même son de cloche du côté de Benoît Hamon, qui a affirmé sur la scène de Frangy-en-Bresse qu'il n'y avait "pas de désaveu" de la politique gouvernementale. Arnaud Montebourg, jovial, a même promis dimanche d'envoyer "une bonne bouteille de la cuvée du redressement" au président de la République. Nul doute que François Hollande a reçu le message. Mais gare à la gueule de bois.
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