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Obsèques d'Yvan Colonna : "La mort d'Yvan Colonna dans ces circonstances a ranimé la vigueur de ce courant" nationaliste, selon un historien

"Le fait d'être assassiné au sein de sa prison, au cœur de l'appareil d'Etat, cela fait naître une émotion", estime sur franceinfo l'historien Antoine Franzini.

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Radio France

Publié le 25/03/2022 23:33

Temps de lecture : 2min

Des porteurs tiennent le cercueil d'Yvan Colonna avant sa cérémonie funéraire à Cargèse (Corse), le 25 mars 2022. (JULIEN DE ROSA / AFP)

"La mort d'Yvan Colonna dans ces circonstances a ranimé la vigueur de ce courant" nationaliste, a expliqué sur franceinfo Antoine Franzini, historien spécialiste de la Corse, chercheur associé à l'université Gustave Eiffel. Les obsèques d'Yvan Colonna, décédé le 21 mars après une violente agression d'un codétenu, ont eu lieu vendredi 25 mars à Cargèse, son village familial.

franceinfo : Est-ce que la tristesse des habitants de Cargèse illustre ce que ressentent la majorité des Corses ?

Antoine Franzini : On imagine assez bien que s'il était mort de sa belle mort en prison, les réactions auraient été très différentes. De fait, le fait d'être assassiné au sein de sa prison, au cœur de l'appareil d'Etat, alors qu'il était proche d'avoir purgé la peine pour le crime pour lequel il était condamné, cela fait naître une émotion.

Est-ce que les conditions de sa mort font de lui un symbole ?

Oui certainement parce que les personnes qui participent à cette émotion appartiennent à une histoire qui a maintenant un siècle. Dès 1920, des intellectuels sont passés de la simple revendication pour une aide matérielle pour une île pauvre à l'affirmation de l'existence d'une nation corse avec sa langue, sa culture, son histoire. Tout ce courant d'idées vit depuis un siècle avec des hauts et des bas et la mort d'Yvan Colonna dans ces circonstances a ranimé la vigueur de ce courant. La décision de mettre les drapeaux en berne est politique dans un contexte politique tendu. Il faut distinguer cela de l'émotion.

Yvan Colonna est-il vu comme un héros ?

Ce qui s'est passé aujourd'hui est distinct de l'assassinat du préfet Erignac. Beaucoup de gens pensent qu'il est innocent, mais il a été condamné. Il faut distinguer cet état-là de celui d'être victime d'un assassinat au milieu d'une prison d'Etat. Il y a quelque chose qui a créé une émotion particulière mais qui ne touchera pas l'ensemble de la société. Une partie de la société corse se sent concernée.