Reportage Pape Léon XIV : mariage des prêtres, place des femmes dans l'Eglise, "arrêter d'être trop laxiste"... De Paris à Marseille, des catholiques confient leurs attentes

L'élection du nouveau souverain pontife suscite de nombreux espoirs chez les fidèles en France, mais révèle également une certaine fracture au sein de la communauté.

Article rédigé par franceinfo
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Le pape Léon XIV, de dos, après sa première prise de parole à la loggia du Vatican, le 8 mai 2025. (ALESSIA GIULIANI / CPP / HANS LUCAS)
Le pape Léon XIV, de dos, après sa première prise de parole à la loggia du Vatican, le 8 mai 2025. (ALESSIA GIULIANI / CPP / HANS LUCAS)

"Un pape de chez nous !", répète Flavia, au pied du Sacré-Coeur, à Paris. Cette touriste américaine vient d'allumer un cierge pour Léon XIV, tout juste élu lors du conclave, jeudi 8 mai : "J'espère qu'il ne veut pas juste la paix, mais moins de division et plus d'inclusion pour le monde", souligne-t-elle, faisant référence aux premiers mots de Robert Francis Prevost, devenu à 69 ans, le premier pape américain de l'Histoire sous le nom de Léon XIV.

De passage à Montmartre, Flavia, elle, l'assure : elle est venue exprès prier avec Jim, son mari. "Je pense que le monde a besoin de paix. Nous sommes à une époque où les esprits sont chauds, où les choses se détériorent. Un pape fédérateur, c'est donc la meilleure chose pour apporter la paix au monde."

Au même moment, Stéphane Esclef, le recteur de la basilique, sort tout sourire : "Quand j'ai appris qu'il y avait la fumée blanche, je suis intervenu au micro. C'était un tonnerre d'applaudissements, pendant que toutes les cloches de la basilique résonnaient ! Et notamment la plus grosse cloche de France, la Savoyarde. Un pape Léon XIV vaut bien une cloche de 19 tonnes", sourit-il. Sur une mosaïque, dans la basilique, est représenté Léon XIII, pape de la fin du XIXe au pontificat parmi les plus longs. Un touriste chuchote que c'est un signe encourageant pour Léon XIV. 

"Il est arrivé là pour barrer les idées de Trump"

"Moi, j'avais parié que c'était un Américain qui allait être élu, je neme suis pas trompé !", fanfaronne de son côté Laurent, l'un des co-gérant d'un restaurant italien, situé à deux pas du Vieux-Port, à Marseille. Il a suivi les résultats du conclave les yeux rivés sur la télévision : "L'élection du pape, c'est magnifique !", se justifie-t-il. 

Pour lui, l'élection d'un pape américain n'a rien du hasard : "Je pense qu'il est arrivé là peut-être pour aussi essayer de barrer les idées de Donald Trump. Ça peut être un contrepoids. Il pourra peut-être le mettre dans le bon chemin et d'essayer de régler les choses pacifiquement", espère-t-il. 

Un pape qui rassemble, c'est aussi ce que souhaitent Diane et Claire, deux sœurs croisées devant l'église Saint-Féréol du Vieux-Port. "On a beaucoup aimé l'entendre. L'unité dans la diversité, c'était très beau", glissent-elles. Parmi les chantiers prioritaires de Léon XIV, elles souhaitent "évidemment un changement quant à l'ordination des femmes. Une fonction qui soit autre que le service, à la fois pour les femmes et pour les jeunes filles dans l'Eglise." Sandrine, venue de Mâcon en touriste dans la cité phocéenne, lance le débat : "Je ne comprends pas pourquoi les prêtres ne peuvent pas se marier et avoir une famille..."

"Un des rôles du pape, c'est de tenir l'unité de l'Eglise"

Des discours d'ouverture pas forcément partagés par tous les fidèles marseillais que nous avons rencontrés, comme Jean-François. "Il faut surtout qu'il soit très ferme, comme arrêter avec les mariages homosexuels, arrêter d'être trop laxiste comme l'était le pape François. Il faut qu'à un moment donné, ça se durcisse", tranche-t-il.

La bénédiction des couples de même sexe, héritage du pontificat du pape François, ne passent pas chez certains. "Évidemment, il y a de tout dans l'église, tempère Didier Roca, curé de la paroisse Notre-Dame de la Major. Ce qui est un des rôles du pape, c'est de tenir l'unité de l'Eglise en gardant comme gouvernail et comme balise l'Evangile. C'est cet amour inconditionnel des plus petits. Mais bon, on a confiance, on vit ça dans l'espérance".

Et Didier Roca de confier sa satisfaction que Jean-Marc Aveline, artisan de la venue de François à Marseille en 2023, cité parmi les favoris du conclave, reste son archevêque dans une ville où il y a, selon lui, "beaucoup de dossiers sur la table".

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