Isabelle de Gaulmyn, journaliste à La Croix, sur le bilan d'un pape théologien
Pour cette ancienne correspondante du quotidien à Rome, Benoît XVI est un pape qui laissera sa marque spirituelle dans l’Eglise catholique. «Pédagogue de la foi», il s’est intéressé davantage aux enjeux théologiques que son prédécesseur, Jean Paul II, plus tourné vers les affaires diplomatiques.
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Sa démission reflète bien qui il est. C’est celle d’un homme humble, qui n’entend pas se définir comme un surhomme. De ce point de vue, il est très différent de Jean Paul II.
D’une manière générale, je pense qu’il laissera une image spirituelle interne à l’Eglise. Il a écrit de nombreux textes sur la foi. Pour lui, il s’agit de revenir à l’essentiel, c'est-à-dire au Christ. Il n’entend pas se situer dans une démarche politique.
Alors, c’est vrai, il était beaucoup moins tourné que Jean Paul II vers les enjeux diplomatiques du monde, il s’est intéressé davantage aux enjeux théologiques. Par exemple, en 2012, il a célébré les 50 ans de Vatican II. Ensuite, il a souhaité poser la question : «Qu’est-ce que c’est la foi ?», en organisant sur 2012-2013 une Année de la foi. Il s’est ainsi efforcé de mettre en pratique la parole du Christ à Pierre : «Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous». Pour moi, c’est un pédagogue de la foi.
Benoît XVI était-il adapté à son temps ?
Il était peut-être un peu désuet en ce qui concerne la liturgie. Mais il a pris acte de la sécularisation qui touche l’Europe, il a compris que les chrétiens n’en étaient plus le squelette. Il entendait dire aux Européens : «Vous êtes minoritaires. Mais vous devez vous situer dans une minorité créative au sein de la société, en agissant de manière positive, en œuvrant pour la charité».
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Ce pape s’est montré adapté à notre époque dans la mesure où il a voulu revenir à une identité assez forte du catholicisme. Pas une identité muselée, mais une qui soit prête au dialogue. Par ailleurs, il s’est montré confiant face à l’avenir même si ses discours reflètent parfois un certain pessimisme, par exemple quand il parle de l’apostasie (abandon de la foi et de la vie chrétiennes, NDLR).
Vis-à-vis d’autres religions, on lui a parfois reproché sa maladresse. Par exemple, vis-à-vis de l’islam, avec son discours de Ratisbonne. En fait, ce n’était pas un discours politique, mais une parole de théologien. Benoît XVI n’aura pas été un diplomate cherchant la conciliation, il s’est montré moins politique que Jean Paul II. C’est un théologien avec une ligne très claire. Ce qui a, parfois, donné l’impression qu’il était un peu décalé par rapport à la société. D’où, aussi, l’image de quelqu’un d’un peu sec.
Le fait que les cardinaux l’aient élu pape n’a-t-il pas été une erreur de casting ?
Absolument pas ! Il faut voir que les cardinaux ont eu très peur à la mort de Jean Paul II, qui avait une très forte personnalité et qui a laissé une Eglise très fragile. Pour eux, le seul pouvant alors tenir le choc, c’était Joseph Ratzinger. Les autres étaient trop âgés.
Pour moi, c’était quelqu’un d’adapté à sa fonction. Son prédécesseur était trop présent. Lui a peut-être été trop théologien, et il avait des difficultés à communiquer. Mais c’est quelqu’un doué d’une profondeur spirituelle, un homme de l’écrit, qui a dû gérer l’Eglise au quotidien. Il faut dépasser l’image d’un personnage suranné, un peu sévère. Il a écrit des homélies intéressantes. Il laisse une ligne, à savoir : comment être catholique aujourd’hui.
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