Reportage Fusillade à Washington : "C'est un horrible chaos", confient des membres de la communauté juive américaine

Au lendemain du meurtre de deux employés de l'ambassade d'Israël à Washington, l'émotion est forte dans la communauté juive américaine. Certains trouvent refuge au musée Breman de l'héritage juif, à Atlanta.

Article rédigé par Claude Guibal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les immeubles d'Atlanta, dans l'Etat de Georgie, le 22 octobre 2024. (YASUYOSHI CHIBA / AFP)
Les immeubles d'Atlanta, dans l'Etat de Georgie, le 22 octobre 2024. (YASUYOSHI CHIBA / AFP)

Après le meurtre de deux employés de l'ambassade d'Israël devant un musée juif de Washington, mercredi 21 mai, la communauté juive américaine est sous le choc. L'émotion est forte au William Breman Jewish Heritage Museum, à Atlanta, en Géorgie, un lieu symbolique qui refuse que la peur barricade les Américains entre eux. De passage, Alison a hésité à visiter le musée : "C’est une cible idéale après ce qui s’est passé à Washington, mais pour moi, venir ici aujourd'hui, c’est une prise de position, pour dire qu’il faut qu’on se soutienne, et qu’on n’ait pas peur."

Son mari n’en revient pas : "C’est dur de vivre ça, sachant que ça s’est déjà produit il y a des années. On vit dans un monde qui revient en arrière, en termes de temps, et de valeur éthique. C’est un horrible chaos." Le couple est venu à Atlanta pour un mariage dans une synagogue qu'il ne connaît pas. "Ce n’est pas que j’ai peur, mais j’ai conscience qu’il faut être plus prudent", souligne Alison. Leurs enfants sont restés chez eux dans le New Hampshire. "Ils se sont un peu éloignés de la foi parce que, en fait, ce n’est pas facile d'être juif", explique Alison.

"Important de garder nos portes ouvertes"

Le rabbin Jo Price dirige ici un centre de recherche sur l’holocauste. Il se réjouit que des visiteurs soient venus aussi nombreux, jeudi 22 mai. "Il est plus important que jamais de garder nos portes ouvertes", affirme le religieux. Nous restons vigilants, mais le terrorisme vise à semer la terreur au sein de la communauté juive et plus largement de tous."

"Je n’ai pas peur pour ma vie. C'est précisément pour cette raison que je suis venu ici aujourd'hui, pour montrer que je n'ai pas peur."

Jo Price, rabbin à Atlanta

à franceinfo

Leslie Gordon, la directrice exécutive du musée Breman, est d'accord avec Jo Price, mais l’extrême polarisation de la situation l’inquiète, la tension dans les universités autour de la guerre à Gaza, les mesures prises en retour... "Les problèmes soulevés par ce qui se passe sur les campus sont très dangereux pour nous, parce que nous nous considérons comme un peuple, explique Leslie Gordon. Nous ne ressentons pas les choses de la même façon tout le temps. Nous partageons beaucoup de choses, mais nous ne sommes pas tous pareils."

"Dans un musée comme celui-ci, où on essaie de créer un lieu sûr, propice au dialogue c'est très triste de sentir qu'il y a des personnes au sein de ma propre communauté à qui je ne suis pas sûre de savoir ce que je dois dire, mais aussi plus largement des gens que j’aimerais voir venir ici sans savoir quoi leur dire", ajoute la directrice exécutive du musée Breman. Dans la salle d’exposition des musées, entourés de portraits de survivants de la Shoah, son désarroi résonne.

Le reportage de Claude Guibal au musée Breman de l'héritage juif, à Atlanta

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