On vous raconte la polémique autour du meurtre d'Iryna Zarutska, réfugiée ukrainienne poignardée à mort dans un tramway aux États-Unis

C'est une histoire qui prend de l'ampleur aux États-Unis. Une réfugiée ukrainienne a été poignardée à mort le 22 août dernier dans un tramway de la ville de Charlotte (Caroline du Nord), dans l'est du pays. Sur des images de vidéosurveillance, multidiffusées sur les réseaus sociaux et notamment X, on peut apercevoir le suspect s'asseoir derrière Iryna Zarutska, 23 ans, avant de lui asséner plusieurs coups de couteau à la gorge quelques minutes plus tard, sans raison particulière.

La jeune femme avait vécu dans un abri anti-bombes en Ukraine, rapporte l'agence AP, avant de fuir le pays en 2022, après l'invasion russe, avec sa mère et ses frère et sœur. Elle était diplômée du Synergy College de Kiev en art et restauration.

La jeune femme travaillait dans une pizzeria et rêvait de devenir assistante vétérinaire, selon ses proches. Le soir du drame, celle qui était "venue pour trouver la paix et la sécurité" aux États-Unis, est montée à bord d’un train, casque sur les oreilles, absorbée par son téléphone. Selon son avis de décès publié par sa famille, la jeune femme au "sourire radieux" "laisse un profond vide, mais son esprit restera à jamais présent dans le cœur de ceux qui l’aimaient".

Un suspect atteint de schizophrénie

Le suspect, Decarlos Brown, est un Afro-Américain de 34 ans, déjà condamné à de multiples reprises, notamment à cinq ans de prison pour vol à main armée. Il était sorti de prison en 2020 après avoir purgé sa peine. Il est aussi atteint de schizophrénie.

Lors de son interrogatoire, révélé par la presse américaine, le suspect a affirmé aux policiers qu’il croyait que des "substances artificielles" se trouvaient dans son corps et "contrôlaient ses mouvements, ses déplacements et ses paroles".

Inculpé pour meurtre au premier degré et pour avoir commis un acte ayant entraîné la mort dans un réseau de transport en commun, l'homme encourt la réclusion criminelle à perpétuité, voire la peine de mort, même si elle n'a pas été appliquée depuis 2006 en Caroline du Nord.

Accusations de laxisme sur fond de racisme

Ce qui a provoqué un tollé, c'est d'abord le fait que les images de vidéosurveillance montrant le meurtre n'aient pas été tout de suite diffusées. La régie des transports publics de Charlotte n'a publié les images que le vendredi 5 septembre. La maire démocrate de la ville, Vi Lyles, a demandé aux médias de ne pas relayer la vidéo, "par respect pour la famille d'Iryna" et en disant ne pas vouloir "diaboliser ceux qui ont des difficultés avec leur santé mentale".

Mais la séquence est vite devenue virale sur les réseaux sociaux le week-end jusqu'à devenir un sujet de discussion majeur de la part de plusieurs personnalités républicaines ou conservatrices, comme Elon Musk.

"Iryna Zarutska était une jeune femme vivant le rêve américain - son meurtre atroce est le résultat direct de politiques laxistes face à la criminalité qui ont échoué faisant passer les criminels avant les gens innocents", a ainsi déclaré Pam Bondi, la ministre de la Justice, dans un communiqué. "Nous requerrons la peine maximale pour ce crime impardonnable et il ne reverra plus jamais la lumière du jour en homme libre", a-t-elle promis, sur X, cette fois.

D'autres, à droite, reprochent aux médias progressistes d'avoir volontairement eludé le meurtre d'Iryna Zarutska parce que la victime est blanche et l'auteur présumé noir. "Si une personne blanche lambda s'approchait tout simplement et poignardait une gentille et honnête personne noire, ce serait une histoire absolument énorme à l'échelle nationale, utilisée pour imposer des changements politiques radicaux à l'ensemble du pays", a notamment commenté le très populaire podcasteur conservateur Charlie Kirk, qui a été tué par balle en pleine réunion publique sur le campus d'une université dans l'Utah, mercredi 10 septembre.

Donald Trump réclame la peine de mort

Donald Trump et d'autres figures de son mouvement Maga ont profité de cette affaire pour fustiger les politiques de lutte contre la criminalité dans les villes gérées par les démocrates, comme Charlotte. 

"L'animal qui a si violemment tué la belle jeune fille originaire d'Ukraine, venue en Amérique en cherchant la paix et la sécurité, devrait obtenir un procès rapide (il n'y a aucun doute !), et se voir décerner la peine de mort"

Donald Trump

sur Truth Social

Le drame relance le débat autour de la sécurité dans les grandes agglomérations américaines, au moment où le président américain prône l'envoi de la Garde nationale dans des villes qu'il juge "dangereuses". Des données relayées par Associated Press montrent cela dit que les crimes violents sont en baisse ces dernières années dans les villes démocrates visées par Donald Trump, et notamment Charlotte, ainsi qu'à l'échelle du pays.