Fusillade dans une école primaire au Texas : les États-Unis sont "un pays incapable de se réformer" sur la question des ventes d'armes
Le professeur de géopolitique Soufian Alsabbagh, auteur de plusieurs ouvrages sur les États-Unis, pointe du doigt "le système cartographique électoral [qui] favorise les républicains".
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"Sur le sujet des armes, depuis une vingtaine d'années" les États-Unis sont "un pays qui est incapable de se réformer, incapable de faire passer des lois pour protéger" ses enfants, a analysé mardi 24 mai sur franceinfo Soufian Alsabbagh, spécialiste de politique intérieure aux États-Unis, alors qu'une fusillade a fait au moins 21 morts dans 19 enfants, dans une école primaire du Texas. Le suspect, un jeune homme âgé de 18 ans, a été tué. Soufian Alsabbagh explique que le président américain "a très peu de pouvoirs" et ne peut "changer les choses que s'il a une majorité très solide au Congrès". Et selon lui, "le système cartographique électoral favorise les républicains".
franceinfo : Comment analysez-vous ce qui s'est passé au Texas mardi soir ?
Soufian Alsabbagh : Il n'y a rien de moins étonnant que ce qui s'est passé au Texas. Quand vous êtes malade et que vous ne vous soignez pas, les symptômes, au mieux, restent les mêmes ou, dans le cas des États-Unis, deviennent pires. Et très clairement sur le sujet des armes, c'est ce qu'on voit de manière graduelle, incontestable, depuis une vingtaine d'années : un pays qui est incapable de se réformer, incapable de faire passer des lois pour protéger jusqu'à ces bambins les plus jeunes. On l'a vu il y a dix ans dans le Connecticut, et aujourd'hui dans le Texas. Donc c'est tout à fait consternant. Mais au fond, profondément rationnel et logique.
Est-ce que le lobby des armes est trop puissant ?
Cela fait partie du problème. Mais c'est intéressant de comparer avec la France. On sort d'une élection présidentielle et d'un cycle électoral en France, où l'on se plaint beaucoup que le président est très puissant. Le président a la majorité à l'Assemblée nationale de manière quasiment automatique. Et c'est vrai que sur le plan de la politique intérieure, en France, le président est très puissant. Aux États-Unis, il faut bien comprendre, vu de Paris, que c'est absolument différent. Et en politique intérieure, le président des États-Unis a très peu de pouvoirs. Il ne peut changer les choses que s'il a une majorité très solide au Congrès. Très solide pourquoi ? Parce non seulement il faut 51% des représentants à la Chambre, mais il faut 60% des sénateurs pour faire passer la majorité des textes de loi qui, par exemple dans le cas des armes, permettraient de faire passer une réforme significative. Et ça, aujourd'hui, pour Joe Biden, c'est tout simplement impossible à obtenir de la façon dont les républicains ont structuré le paysage politique et structuré les règles électorales américaines.
"En étant une minorité de façon consistante depuis plus de vingt ans, les républicains contrôlent le pays de façon incontestable depuis au moins un quart de siècle."
Soufian Alsabbagh, spécialiste de politique intérieure aux États-Unisà franceinfo
Pourquoi les consciences ne s'éveillent pas aux États-Unis ?
Le problème n'est pas les consciences. Absolument pas. Il y a 90% des Américains qui sont absolument en faveur d'un certain nombre de contrôles sur la vente d'armes et la régulation des armes. Le problème est à 100% un problème politique. C'est à dire qu'il y a des règles électorales, un système cartographique électoral, de la manière dont il marche en ce moment aux États-Unis, qui favorise les républicains. Vous avez aujourd'hui 50 sénateurs républicains et 50 sénateurs démocrates. Pourtant, les 50 sénateurs démocrates représentent 40 millions d'Américains de plus que les sénateurs républicains. Comment c'est explicable aujourd'hui aux États-Unis, en 2022 ? Ce genre d'exemple vous donne la clé du système électoral aux États-Unis et pourquoi les démocrates, qui sont une force pour le changement, ne peuvent absolument rien changer. Et si rien ne change, les lois demeurent inexistantes et c'est les Républicains qui gagnent.
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