Droits de douane américains : les mesures visant les Outre-mer sont un "cumul d'incohérences, d'absurdité et d'incompétence", dénonce Manuel Valls

Saint-Pierre-et-Miquelon taxé à 50%, La Réunion à 37%, la Polynésie à 10%: les droits de douane spécifiques à l'outre-mer annoncés mercredi par l'administration Trump ont déclenché un mélange d'incompréhension et de colère dans les territoires concernés, alors que la France hexagonale et l'Union européenne écopent de droits uniformes de 20%.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, sort de l'Elysée, le 26 mars 2025. (EDOUARD MONFRAIS-ALBERTINI / HANS LUCAS / AFP)
Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, sort de l'Elysée, le 26 mars 2025. (EDOUARD MONFRAIS-ALBERTINI / HANS LUCAS / AFP)

La décision de Donald Trump d'imposer aux territoires ultra-marins des droits de douane différents de ceux de la France hexagonale sur les produits importés aux Etats-Unis témoigne d'un "cumul d'incohérences, d'absurdité et d'incompétence", a réagi jeudi 3 avril le ministre des Outre-mer. "La baisse des droits de douane est un héritage de la paix. Cette décision rappelle les erreurs des États-Unis dans les années 20 et 30", a commenté Manuel Valls.

Les nouvelles surtaxes douanières américaines soumettent la plupart des départements et territoires ultramarins français à des niveaux de taxation individuels, bien différents des 20% qui vont s'appliquer à la France hexagonale et à l'Union Européenne.

Outre la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et Mayotte, qui verront leurs produits imposés à hauteur de 10%, la Réunion, qui bénéficie pourtant du même statut légal, verra ses produits taxés à hauteur de 37%.  Le gouvernement américain prévoit aussi d'imposer des droits de douane de 50% sur les produits importés depuis l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, mais de 10% sur ceux arrivant de la Polynésie française, deux territoires qui ne font pas partie de l'Union européenne aux yeux des douanes.

La stupeur des élus ultramarins

"C’est assez curieux, car quand on compare des territoires comme La Réunion qui fait partie de l’Union européenne qui sont taxés à 37 % et la Chine à 34 %, on a du mal à comprendre", a réagi pour sa la présidente de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, Micheline Jacques, citée par la 1ère. A nos confrères, elle a ajouté craindre que "les perspectives d'ouverture vers les États-Unis risquent d'être refroidies".

"Donald Trump et son administration ont dû utiliser une base de données qui remonte à la prohibition, où il y avait beaucoup de flux," a lâché à La 1ère le député de Saint-Pierre-et-Miquelon, Stéphane Lenormand. "Pour le reste, ça traduit l’incompétence de l’administration américaine de manière générale."

Sur le papier, les départements et régions (DROM), comme La Réunion, font partie intégrante du territoire douanier de l'UE. A ce titre, ils devraient être soumis à la même taxation que la métropole, tandis que les collectivités d'Outre-mar (COM) disposent quant à elles de plus de souplesse tarifaire. Or,  Washington a visiblement choisi d'ignorer ces subtilités juridiques, a expliqué à l'AFP Ivan Odonnat, directeur général de l'Iedom-Ieom, la banque centrale des territoires ultramarins français. "Les Américains ont une vision du monde qui est la leur", a-t-il glissé. "Pour eux, les territoires français d'Outre-mer sont surtout d'Outre-mer et à peine français".

Une vision que l'ancien ministre des Outre-mer et sénateur de la Guadeloupe Victorin Lurel juge "étonnante". "C'est quelque part une contestation de la présence française dans ces territoires", a-t-il estimé, cité par l'AFP. 

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