Manifestations en Turquie : "On ne supporte plus la politique de notre gouvernement"
Des milliers de Turcs se mobilisent depuis quatre jours pour dénoncer l'action du gouvernement, incarnée par le Premier ministre conservateur.
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Cela fait quatre jours qu'ils manifestent, à grands renforts de casseroles. Des milliers de Turcs sont de nouveau descendus dans la rue dans la nuit de dimanche 2 à lundi 3 juin, à Istanbul et dans plusieurs villes de Turquie, dont la capitale Ankara.
D'une protestation contre le projet d'urbanisation du parc Gezi, à l'origine du mouvement à Istanbul, la contestation s'est finalement muée en dénonciation du pouvoir en place. C'est ce qu'expliquent, lundi, de nombreux Turcs interrogés dans les médias.
"C'est devenu une guerre"
"Le combat pour ce parc est symbolique. Ce sont les arbres qui cachaient la forêt du ras-le-bol", explique Sinan Logie, un professeur d’architecture belgo-turc à Libération. "C'est devenu un mouvement contre le gouvernement qui s'immisce de plus en plus dans notre vie privée", explique pour sa part Hamdi à l'AFP.
"Chacun a une bonne raison d’être ici, nous n'avons pas tous les mêmes mais nous avons une chose en commun : nous ne pouvons plus supporter la politique de notre gouvernement", détaillent deux professeurs cités par Rue89. "Nous sommes là parce ce que nous en avons assez des villes transformées avec des grands projets immobiliers décidés par les politiques sans consulter le peuple." Interrogé par le site, Denis, un étudiant de 18 ans, se montre plus direct : "C'était une action pour l'environnement, c'est devenu une guerre. Erdogan est trop conservateur."
"Erdogan, démission"
Le nom est lâché : le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, cristallise toutes les critiques. Les banderoles proclamant "Tayyip démission" ont d'ailleurs recouvert les barricades de la place Taksim, à Istanbul. Doruk, monteur de 31 ans, explique à Rue89 ne plus en pouvoir "de ce gouvernement. Ils ont interdit la vente d'alcool après 22 heures il n'y a pas longtemps, ils passent des lois de plus en plus conservatrices. Jusqu'à maintenant, on ne disait rien. Aujourd'hui, on veut montrer aux politiques qu'ils ne peuvent pas tout faire".
"L'AKP [le parti au pouvoir] revient sur l'avortement, la consommation d'alcool, nous sommes l'un des pays au monde où il y a le plus de journalistes en prison", déplore encore Sinan Logie. Pour beaucoup, comme ce père de famille cité dans Le Monde, Erdogan "veut s'en prendre à notre mode de vie. Il ne tolère pas les gens qui aiment l'art, qui vivent à l'occidentale. Il détruit les immeubles historiques, les cinémas et les théâtres pour les remplacer par d'horribles centres commerciaux construits par ses amis."
"Je prie, je fais le ramadan, mais je suis une femme moderne, insiste Yusemin, professeure d’anglais dans Libération. Je ne veux pas me couvrir la tête, je veux lire ce que je veux, boire ce que je veux… Erdogan veut nous imposer des lois religieuses mais nous n'en voulons pas."
"Nous resterons jusqu'au bout"
D'aucuns ont surtout été surpris par le fort écho que la contestation a eu sur la population turque. Dans Libération, Sinan Logie explique : "On pensait que les jeunes ici étaient à la masse, ne pensant qu'à leurs Starbucks, aller au mall et poster des photos de ce qu’ils mangent sur Instagram, mais en fait ils sont éduqués, mobilisés. On vit des moments de solidarité incroyable ici et j'espère que le mouvement va continuer."
A en croire les autres témoignages recueillis ça et là, ce souhait est partagé par de nombreux manifestants. "Nous resterons jusqu'au bout. Jusqu'à ce qu'il démissionne", assure ainsi un ouvrier au Monde.
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